C’est venu doucement. Les voitures ont commencé par être équipées de radios. C’était peu après la seconde guerre mondiale. Puis des lecteurs de cassettes, puis de CDs, puis de MP3s. Et comme on avait aussi des MP3s sur nos téléphones mobiles, il est venu l’idée de brancher le smartphone sur la voiture. Dans le même temps, au nom de la sécurité, on a inventé l’e-call. Dans l’union européenne, la législation l’a même imposé. Si la voiture est accidentée, que l’airbag s’est déclenché, une carte SIM présente dans le véhicule appelle automatiquement les secours. Il y a eu aussi la navigation. Il y avait des systèmes embarqués dans les voitures, mais la navigation du smartphone était souvent plus pertinente, car mise à jour plus fréquemment. Et ces 2 industries qui n’avaient à priori rien à voir, construction automobile et fabrication de smartphones, se sont rapprochées l’une de l’autre.
C’est ce que vient de faire Nio. Ce n’est pas un grand constructeur, il vendra moins de 200 000 voitures cette année, mais il vient de présenter un smartphone très haut de gamme. Ecran de 6,81 pouces, 12 GB de mémoire vive, 500 GB pour stocker ses données, batterie de 5200 mAh, cela coûte un peu plus de 800 €, mais ce n’est pas vraiment (dans un premier temps ?) destiné au grand public. C’est plutôt une option pour les clients d’une voiture Nio.
Et le constructeur d’expliquer qu’en fabriquant le smartphone et l’auto, il a pu mettre en place une intégration plus poussée que s’il n’avait fabriqué que la voiture. Parce que Nio ne s’est pas contenté de fabriquer le smartphone, il a aussi écrit son propre système d’exploitation. Pour les smartphones, et dans une autre version pour les voitures (mais les deux sont liés). Dans le détail, le système d’exploitation pour les smartphones est basé sur Android, mais profondément modifié, puisque l’utilisateur ne voit plus les publicités de Google, et que Nio a aussi développé son propre magasin d’application (pour concurrencer Google Play), il y en a déjà plus de 40.
Nio se distingue aussi en ce qu’il fabrique la plupart de ses composants électroniques, il fabrique ainsi le microprocesseur qui sert au lidar, pour faire fonctionner le système de conduite autonome (partielle) des autos. Aucun constructeur européen ne sait faire cela. Nio fabrique aussi ses propres bornes de recharge, DC de 500 kW, et même des stations d’échange de batterie. Nio sait donc faire des choses que les européens ne savent pas faire. Mais il n’est pas établi (encore ,) que cela lui procure un avantage commercial, et on s’interroge sur le devenir des données personnelles.Laurent J. Masson