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Devenir locavore : les bons plans pour privilégier les circuits courts

devenir locavore : les bons plans pour privilégier les circuits courts

Devenir locavore : les bons plans pour privilégier les circuits courts

Avec l’inflation, le prix du Caddie a explosé. Les produits ultratransformés de l’industrie font peur. Raison de plus pour se tourner vers les producteurs près de chez soi, les magasins coopératifs ou les sites qui permettent de se nourrir sainement sans trop se ruiner.

Trop lointaine, déshumanisée, opaque, l’industrie agroalimentaire ne séduit plus vraiment les Français. Selon une étude publiée en janvier 2023 par la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut de recherche et d’innovation (IRI), 51 % d’entre eux aimeraient que les choix de produits locaux soient plus fournis et variés dans les grandes surfaces. “Le local rassure les acheteurs, affirme Xavier Terlet, consultant et spécialiste de l’agroalimentaire. L’alimentation reste avant tout une question de plaisir, mais de plaisir garanti par des produits qui doivent être pratiques, bons pour la santé, éthiques et respectueux de l’environnement.” Depuis une quinzaine d’années, pour cocher toutes ces cases, les consommateurs se tournaient essentiellement vers le bio. “Mais depuis deux ans, avec près de 21 % d’inflation sur les denrées alimentaires, le marché des produits biologiques s’effondre, car ils sont réputés coûter de 70 à 80 % plus cher en moyenne, ajoute Xavier Terlet. Les Français se tournent donc désormais vers les produits estampillés “locaux” ou vendus directement à la ferme, en Amap ou dans des magasins de producteurs.” Voici nos astuces, adresses et bons plans pour consommer mieux, sans trop d’intermédiaires !

Magasins coopératifs : des prix ultranégociés

Acheter local ou en circuit court nécessite souvent de jongler entre les marques et les enseignes, un casse-tête et une perte de temps désormais simplifiés grâce à la multiplication des supermarchés et épiceries coopératifs ou participatifs comme La Louve à Paris, SuperQuinquin à Lille ou Scopeli à Nantes. Il en existe désormais près de 200 dans toute la France : seule contrepartie à fournir pour dégoter des produits frais, locaux et souvent bio à prix raisonnables car négociés en gros, donner une fois par mois un peu de son temps pour mettre les produits en rayon ou tenir la caisse.

Boutiques en ligne : adieu les marges !

Kelbongoo, Greenweez, Bouge ton coq, Pourdebon sont des plateformes de courses en ligne qui proposent toutes des produits bios, parfois locaux, aux origines garanties à des prix plus attractifs et livrés chez vous ou en points relais. Omie et Cie est la première à proposer plus de 250 denrées issues de l’agriculture régénérative (proche de la permaculture) avec des prix bas, jusqu’à 30 % moins élevés que ceux du commerce traditionnel. Benebono vend des paniers de fruits et légumes 100 % français, “moches” ou mal calibrés, à des prix très attractifs.

Snacking, food-trucks : de la qualité sur le pas de sa porte

Difficile de bien manger bio, éthique et solidaire à l’heure de la pause déjeuner ? Des solutions existent ! En se tournant d’abord vers les artisans : boulangers, bouchers, fromagers proposent de plus en plus de solutions de repas à emporter. Les traiteurs et épiceries bios ou locales imaginent des solutions nomades souvent conditionnées en bocaux. Les food-trucks et friteries se lancent aussi sur ce créneau. Des offres fleurissent partout en France, comme le camion bistronomique la Farigoule dans le Vaucluse, les Boc d’Oc en Occitanie, Les Bocaux à papa à Angers, le Snack Fermier en Auvergne… En Vendée, depuis septembre, la gaufre salée végétale Wapeti à base de pois chiches produits dans le département, à garnir comme un sandwich, est vendue en grandes surfaces.

Du poisson frais et abordable en vente directe

Selon votre lieu de vie, vous pouvez vous fournir directement à la criée ou passer par des plateformes d’achats mutualisés ou des AMAP dédiées comme Poiscaille, OhMatelot (Aquitaine), Amap poisson Calipazo (Vendée), Terre de pêche (Bretagne), etc. Pensez à vérifier la provenance des poissons chez le poissonnier (même en grandes surfaces). L’association Pleine Mer a mis en ligne une carte interactive de la pêche française qui recense les ventes directes de poisson frais, avec près de 200 références. www.carte.associationpleinemer.com

Du pain en vente directe

Façonné à base de blé ou d’épeautre cultivés dans un rayon de moins de 100 kilomètres et moulus par des paysans meuniers, pétri à la main, au levain naturel… Le pain “à l’ancienne” fait son grand retour, notamment chez les artisans boulangers bio et les “microboulangeries”. Ainsi, la Bouldam a ouvert à Bihorel, en Seine-Maritime, il y a un an. À Toulouse (Haute-Garonne), depuis 2021, Baptiste Chardin pétrit ses pains à base de blés anciens. Et à Paris, le chef boulanger-pâtissier Matthieu Dalmais (Jolie Miche) défend lui aussi les farines oubliées et produites non loin de son fournil.

Les appellations, un repère utile

Il n’existe aucune norme, aucun label ni cadre légal autour de ce que l’on vend comme “local” ou en “circuit court”. Seules les indications géographiques protégées (IGP) et les appellations d’origine protégée (AOP), sigles officiels, sont reconnues depuis 1992 partout en Europe. En France, 489 produits en bénéficient, comme le comté ou l’agneau pré-salé de la baie de Somme. Des certifications “valorisantes” ont récemment été lancées : “haute valeur environnementale”, “produit de montagne” ou “produit à la ferme”. “Mais cela ne signifie pas grand-chose pour les consommateurs et, à part les IGP et AOP, tous les logos ou étiquettes vantant un article local ne sont que pur marketing, affirme Xavier Terlet. Il ne faut pas être dupe, ce n’est pas parce que c’est dit made in France ou régional que c’est bon, moins cher ou de meilleure qualité !” “Chez nous, il y a un règlement d’usage qui s’applique à nos 2 300 Amap et 3 700 fermes de vente directe : acheter en circuit court, c’est par le biais d’un seul intermédiaire, pas plus, souligne Évelyne Boulongne, administratrice et porte-parole du Miramap (Mouvement interrégional des Amap). Mais c’est aussi la garantie d’acheter des denrées de qualité bio, de verser une juste rémunération aux producteurs sélectionnés dans une même zone de production, etc.” (miramap.org)

Des produits fermiers près de chez soi

Le réseau Bienvenue à la ferme, marque commerciale des chambres d’agriculture, répertorie depuis 1988 plus de 10 000 adresses d’exploitations agricoles qui vendent leur production en direct, mais aussi des magasins de producteurs, des marchés ou des drives fermiers ! www.bienvenue-a-la-ferme.com

Des restaurateurs locavores en plein essor 

On le sait, les chefs étoilés raffolent des spécialités régionales, mais certains vont encore plus loin en allant jusqu’à cueillir eux-mêmes leurs herbes sauvages, entretenir leur potager bio, ou chasser et pêcher leurs grives, bécasses ou dorades et homards… C’est le cas de Nicolas Conraux dans le Finistère, Glenn Viel aux Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône), Christopher Coutanceau à La Rochelle (Charente-Maritime), Éric Guérin en Brière, Alain Passard en Normandie… Mais de plus en plus de petits restaurateurs indépendants s’affichent désormais comme “100 % locavores”. Parmi ceux-là, on peut citer la ferme-cantine bio La Pampa à Bruz, près de Rennes (Ille-et-Vilaine), le restaurant Cambrousse dans le Val-d’Oise ou l’Atelier près de Roanne (Loire). Le principe : tous leurs ingrédients se trouvent à moins de deux jours… de marche ! “Mais attention, si ce “locavorisme” est possible pour les petites structures, dès qu’un chef doit servir des dizaines de clients par jour ou faire tourner des centaines de restaurants dans toute la France, il ne peut pas remplir 100 % de sa carte de produits locaux : l’établissement ou la chaîne manquerait très vite de volumes et de variétés”, observe Bernard Boutboul, fondateur de Gira Conseil, spécialiste de la restauration. Attention aussi aux prix et à la qualité. “Consommer des produits cultivés près de chez soi ou achetés à la ferme ne signifie pas que le goût sera forcément au rendez-vous dans l’assiette, ajoute l’expert. Ni que les prix seront plus avantageux, ce qui serait pourtant souhaitable quand les denrées sont vendues en direct par leur producteur, exigeant moins de transport.”

La cuisine des influenceurs

Vous ne savez pas quoi faire du potimarron au fond de votre frigo, vous avez envie de concocter un bol-santé pour votre petit-déjeuner ? Certains influenceurs – ils ne sont pas tous à Dubaï – consacrent leurs pages Instagram à la cuisine de saison et aux bons produits. Allez faire un tour sur les comptes Agathe Duchesne, Les Recettes de Juliette (cuisine bio et végétarienne), Clemfoodie (recettes de saison) et Julien Duboué (un chef fervent défenseur des produits locaux).

“Quand on ne sait pas d’où ça vient, on n’achète pas !”

Camille Dorioz, responsable des campagnes chez Foodwatch France.

Comment bien acheter localement ?

Puisqu’il n’existe ni label ni règle, mieux vaut bien connaître les producteurs ou les revendeurs chez qui on achète ses produits. Il ne faut jamais hésiter à leur demander comment ils travaillent, s’approvisionnent, font pousser leurs légumes…

À quoi faut-il faire attention ?

Méfiance autour des produits régionaux dits “de Bretagne”, “de Provence” vendus par les grands distributeurs et les industriels. Ils n’ont en effet aucune obligation d’indiquer la provenance exacte de tous les ingrédients sur l’étiquette, sauf pour les fruits et légumes frais, la viande et le poisson.

Que faire en cas de doute ?

Quand on ne sait pas d’où viennent exactement les ingrédients, on n’achète pas ! Depuis deux ans, les produits (notamment industriels) qui affichent le drapeau français ou un symbole régional sur leur packaging doivent donner la provenance de l’ingrédient principal.

Produits locaux : chiffres clés

  • 97 % des français affirment avoir acheté des produits alimentaires locaux dans l’année. (RMT Alimentation locale, 2022).
  • 2 % du chiffre d’affaires des produits de grande consommation de la grande distribution, voilà ce que représentent les marques locales. (Fondation Jean-Jaurès-IRI, 2023).
  • 86 % des consommateurs déclarent faire davantage confiance à un produit local que bio. (Fondation Jean-Jaurès-IRI, 2023)
  • 63 % des français déclarent fréquenter régulièrement ou occasionnellement des circuits courts. (Kantar, 2021).

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