Terminé avec "l'alternative aux modèles allemands", Volvo doit maintenant transformer l'essai.
Sous les perfusions de l’entreprise chinoise Geely depuis 2010, Volvo s’est profondément restructuré et propose aujourd’hui une gamme pratiquement complète. Un pari audacieux, d’autant plus que les ambitions de la marque suédoise étaient claires : rivaliser avec les meilleurs dans l’univers du premium. Mais dans ce segment, chacune des marques (Mercedes, Audi, BMW…) possèdent une identité bien marquée qui fait en général pencher la balance auprès des acheteurs. Chez BMW, on axe plutôt ça sur le plaisir de conduire, tandis que chez Audi, on mise plutôt sur un comportement sérieux et une finition absolument irréprochable. Pour ce faire, Volvo se doit aussi de posséder une identité bien ancrée. Comme une évidence, Volvo n’allait sûrement pas renier ses origines et notamment sa réputation en matière de sécurité. C’est donc sur cet axe que la firme scandinave surfe, notamment grâce à une promesse ambitieuse : Zéro mort à bord de ses voitures dès 2020.
À côté de ça, il faut bien évidemment suivre la tendance délicatement orchestrée par les gouvernements européens. Dans l’immédiat, la chasse aux grammes de CO2 passe bien évidemment par l’hybridation. Peut-être au moins jusqu’au mois de septembre prochain où la nouvelle norme WLTP (censée tester les rejets de CO2 et les consommations sous un cycle d’homologation qui reflète davantage la réalité) nous révèlera que ces modèles hybrides ne sont peut-être pas tout à fait aussi efficients qu’annoncé. Quoi qu’il en soit, Volvo propose donc maintenant une nouvelle déclinaison hybride à sa grande berline routière : la Volvo S90. Une première incursion sur un marché loin d’être saturé pour le moment, malgré la conjoncture actuelle.
Belle dehors comme dedans ?
Tout a sûrement été dit concernant le nouveau style chez Volvo. Nouveau plus vraiment d’ailleurs puisqu’il a été dévoilé sous sa forme définitive en 2015 avec l’arrivée de la seconde génération de XC90. Quelques années plus tôt, ce style audacieux avait déjà été matérialisé par quelques concept-cars dont le Volvo Concept Coupé dévoilé au Salon de Francfort en 2013 ou encore le Volvo XC Concept dévoilé au Salon de Détroit en 2014. On retrouve donc un regard acéré et souligné par une signature lumineuse en forme de “Marteau de Thor”, une calandre plutôt fine et légèrement incurvée et des optiques arrière en forme de C dont l’intégration sur cette S90 est peut-être un peu grossière. Bref, nous vous laissons vous faire un avis là-dessus. En termes de dimensions, la Volvo S90 mesure 4,96 mètres de long, 1,88 mètre de large et 1,44 mètre de hauteur.
Pénétrons donc d’emblée à l’intérieur et découvrons avec nos yeux d’enfants cet habitacle à la fois luxueux et épuré. Cet esprit haut de gamme et reposant se caractérise par quelques applications décoratives en noyer scandinave, des sièges en cuir ventilés et perforés (dont le système de massage est tout simplement merveilleux), un sélecteur de vitesses à impulsion en cristal massif d’Orrefors sculpté à la main (propre aux modèles hybrides chez Volvo) ou encore un large écran vertical coincé entre deux aérateurs eux aussi verticaux.
L’écran renferme pratiquement toutes les commandes de la voiture, c’est-à-dire l’activation de certaines aides à la conduite, l’ambiance sonore, la navigation ou encore diverses applications comme Apple CarPlay et Android Auto. La prise en main est assez complexe de prime abord, même si globalement tout se contrôle via trois volets d’affichage. L’ergonomie aurait peut-être pu être un peu mieux pensée cela dit, mais disons qu’une fois que nous y sommes habitués, ça devient de moins en moins gênant.
Au niveau des assemblages et des matériaux utilisés, visuellement parlant, cela semble tout à fait convenable. Ça l’est également quand on commence à s’y attarder de plus près, mais disons que Volvo a emprunté certaines mauvaises manies à ses homologues allemands. On retrouve ainsi quelques éléments en plastique chromés et peints ou encore cette console centrale noire laquée qui marque très facilement et laisse en évidence quelques traces de doigts.
En termes d’habitabilité, les occupants à l’arrière ne seront pas à l’étroit et ce malgré une mécanique assez complexe qui oblige à venir rogner sur l’espace à bord pour pouvoir y loger les batteries. Petit exploit également au niveau du coffre puisque cette version T8 arrive à proposer la même contenance que ses consœurs 100% thermique, à savoir 500 litres. À titre de comparaison, c’est 90 litres de mieux qu’une BMW Série 5 530eA iPerformance (410 litres) et 100 litres de plus qu’une Mercedes Classe E 350e (400 litres).
La routière des villes ?
Avant d’entamer notre traditionnelle partie dédiée au comportement de l’auto, touchons quelques mots de ce que renferme cette Volvo S90 T8. Comme énoncé plus haut, il s’agit d’un modèle hybride, c’est-à-dire qu’il conjugue bloc thermique et moteur électrique. Concernant le moteur, pas de surprises, puisque nous retrouvons le quatre cylindres 2,0 litres turbo qui développe sous cette configuration 320 chevaux et 400 Nm de couple. Le moteur électrique quant à lui développe 65 kW (soit 87 chevaux) et un couple de 240 Nm. Volvo annonce des performances intéressantes avec un 0 à 100 km/h avalé en seulement 4,8 secondes et une vitesse maximale de 250 km/h. De base, la voiture est typée traction si le moteur thermique est seulement en action ou en propulsion s’il n’y a que le moteur électrique qui fonctionne. Elle peut également répartir son couple sur les quatre roues une fois le mode “AWD” sélectionné parmi les cinq modes de conduite disponibles (AWD, Pure, Hybride, Power et Individual).
Le moteur électrique est alimenté par une batterie de 10,4 kWh (et de 113 kilos). Celle-ci peut recevoir de l’électricité par recharge sur secteur, par récupération au freinage et grâce au moto-alternateur couplé au vilebrequin. Elle se situe non pas dans le coffre comme la plupart des berlines du segment, mais sous le tunnel central. On comprend donc pourquoi le volume du coffre ne bouge pas, mais aussi pourquoi il y a si peu de rangements dans l’habitacle. Volvo annonce que ce choix est d’une part pour justement ne pas handicaper le coffre, et d’autre part pour un souci de répartition des masses, notamment en cas d’accident.
L’autonomie annoncée est d’environ 43 kilomètres et, bonne nouvelle, cette Volvo S90 tient toutes ses promesses puisque nous avons relevé une autonomie de 40 kilomètres en tout électrique. La recharge de la batterie peut se faire via un courant monophasé de 16A et de 230V (comme une Wallbox par exemple) ou bien une prise domestique. Dans le premier cas, il vous faudra patienter deux heures et trente minutes pour une recharge complète et dans le second cas environ six heures.
La recharge peut aussi s’effectuer grâce à la récupération d’énergie au freinage. Mais le mieux reste sûrement la possibilité de recharger son auto en roulant grâce au moto-alternateur couplé au vilebrequin du moteur thermique. Pour faire simple, si sur autoroute vous utiliserez uniquement le moteur thermique, une fois en ville, grâce à votre batterie rechargée durant votre trajet autoroutier, vous pourrez évoluer en tout électrique.
À la hauteur de nos attentes ?
Avec une telle fiche technique et surtout 407 chevaux au cumulé, la Volvo S90 T8 promet de très belles choses que cela soit aussi bien en termes de confort qu’en termes de dynamisme. Si les accélérations sont franches, il n’en demeure pas moins qu’avec un quatre cylindres étayé d’un moteur électrique, celles-ci sont plutôt linéaires et ne vous donne pas l’effet “coup de pied aux fesses”. Néanmoins, précisons que sur autoroute, en cas de reprises et de dépassements, ce ne sera qu’une formalité. Avec 2019 kilos sur la balance, notre berline suédoise n’est pas une ballerine et cela se ressent assez rapidement une fois les premières épingles éliminées.
Malgré un train avant plutôt précis, une fois que l’on augmente le rythme, la voiture montre rapidement ses limites notamment en raison d’un amortissement plutôt souple qui privilégie le confort au dynamisme. Le châssis de cette S90 est basé sur la plateforme modulaire SPA de la marque, une plateforme commune à de nombreux modèles qui n’offre malheureusement pas de vraie “personnalité” à cette S90 ni même un toucher de route plus marqué, chose que l’on aurait appréciée pour une berline de plus de 400 chevaux.
Malgré ses roues de 20 pouces, notre Volvo S90 est un modèle de confort et fait preuve d’une souplesse assez remarquable, notamment en compression.
Nous ne pouvons pas vraiment lui en tenir rigueur cela dit puisque c’est ce que nous recherchons en général pour ce type d’auto. Malgré ses roues de 20 pouces, notre Volvo S90 est un modèle de confort et fait preuve d’une souplesse assez remarquable, notamment en phase de compression. L’amortissement dynamique (CVSAe) implanté au niveau de l’essieu arrière a déjà fait ses preuves chez quelques autres constructeurs comme Audi, Mercedes ou encore Infiniti puisqu’il s’agit du même équipementier qui fournit les pièces, à savoir Monroe. Sauf qu’en Suède, ils ont décidé de ne pas faire comme tout le monde. Les ingénieurs ont ainsi revu le système d’amortissement en remplaçant les ressorts à lames par des réserves d’air pour chacune des roues arrière. Via un système de régulation électronique, les amortisseurs vont s’adapter en fonction des conditions de conduite grâce à un reparamétrage de la suspension. Celle-ci va se réaligner automatiquement toutes les dix millisecondes. C’est imperceptible, et force est de constater que votre dos vous en remerciera après un long trajet.
La voiture n’est pas parfaite néanmoins, elle souffre par exemple d’une direction un peu trop atone qui ne remonte pas assez d’informations. Pourtant, elle ne manque pas de consistance, ou du moins peut-être un peu au niveau du point milieu. Mais attention à ne pas confondre remontées d’informations et consistance de cette dernière. Concernant la boîte de vitesses, il s’agit d’une boîte automatique Geartronic à huit rapports plutôt étonnement rapide et réactive pour une boîte à convertisseur. Disons qu’elle ne lit pas dans nos pensées comme une PDK de chez Porsche, mais elle n’a rien à envier à une Tiptronic de chez Volkswagen par exemple.
Et la conduite semi-autonome dans tout ça ?
Équipée d’un système de conduite autonome de niveau deux sur une échelle de cinq, notre Volvo S90 peut assister le conducteur sur l’accélération, le freinage et la direction. Le conducteur doit néanmoins toujours exercer une action à la conduite afin de le rendre responsable. Disons que dans tous les cas, votre subconscient vous dira de garder un œil sur la route puisque le Pilot Assist est, certes, au point, mais nous étonne parfois par quelques actions étranges comme quand il vient mordre la ligne continue sur la gauche ou sur la droite en pleine ligne droite. Le système a aussi tendance à se débrancher automatiquement en cas de difficulté, sans en avertir de manière physique ou sonore son conducteur. Même si nous devons rester vigilant, un petit signal sonore n’aurait pas été de refus.
En dehors de ces quelques anomalies, force est de constater que le Pilot Assist est une belle avancée en la matière et s’adapte plutôt bien à la circulation (jusqu’à 130 km/h). Grâce au régulateur de vitesse adaptatif, à l’aide au maintien dans la voie, ou encore au contrôle des angles morts, la voiture peut avoir les yeux partout et peut même gérer les imprévus. Ses réactions ne sont pas brutales, elle gère avec souplesse les situations plutôt délicates comme quand un usager se rabat un peu trop près de votre pare-chocs suite à un dépassement.
Conclusion, prix et consommations
Dans le domaine où elle évolue, la Volvo S90 T8 fait aujourd’hui office de référence assez naturellement. Il faut dire que la concurrence allemande ne se bouscule pas des masses dans le domaine des grandes berlines hybrides. Pour notre modèle d’essai, il faudra débourser la somme de 93’180 euros, soit quasiment le double du prix d’entrée de gamme de la S90 (42’700 euros). À titre de comparaison, la Mercedes Classe E 350e, à niveau équivalent, est environ 3000 euros plus onéreuse tandis que la BMW Série 5 530e s’échange en moyenne 10’000 euros en-dessous, mais ne bénéficie pas forcément du même niveau de raffinement que la suédoise et elle ne propose “que” 252 chevaux. Quant à Audi et son A6, il faudra attendre une future “vraie” version hybride avec un modèle e-tron et non de simples assistances électriques de 48V comme à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Concernant les consommations, en tout électrique, la voiture ne consommera aucune goutte de carburant. En revanche, si vous ne bénéficiez plus du moteur électrique, le petit moteur quatre cylindres sera assez gourmand pour propulser les deux tonnes de l’auto. En ville, il faudra tabler sur environ 13 l/100 km dans le meilleur des cas et environ 8,9 l/100 km sur autoroute. Tout en sachant que le petit réservoir d’à peine 50 litres vous obligera à vous arrêter régulièrement à la station-service. Il n’empêche que la Volvo S90 T8 est aujourd’hui une voiture aboutie, complète et pleine de qualités qui devrait ravir les grands rouleurs comme les plus citadins.
| Points positifs | Points négatifs |
|---|---|
| Confort de conduite | Direction trop atone |
| Performances plus que convenables | Consommations du moteur essence |
| Système audio remarquable | Quelques plastiques à l’intérieur |
Galerie: Essai Volvo S90 T8 (2018)
Photo: Yann Lethuillier
Volvo S90 T8 – Inscription Luxe
Motorisation Essence, 4 cylindres en ligne, 1969 cm³, turbo + compresseur (320 ch / 400 Nm)
Motor Synchrone à aimant permanent (87 ch / 240 Nm)
Batterie Lithium-Ion
Type de charge Wallbox / Prise domestique
Temps de charge Wallbox : 2 heures 30 / Prise domestique : 6 heures
Puissance 407 chevaux / 400 Nm
0-100 km/h 4,8 secondes
Vitesse de pointe 250 km/h
Transmission Boîte automatique à huit rapports – Geartronic
Type de transmission Intégrale
Poids 2019 kg
Volume de coffre 500 litres
Places 5
Economie de carburant Mixte : 2,0 l/100 km
En vente 2017
Prix de base 42’700 €
Prix de la version testée 93’130 €
Volvo S90 T8 – Inscription Luxe
- Motorisation: Essence, 4 cylindres en ligne, 1969 cm³, turbo + compresseur (320 ch / 400 Nm)
- Motor: Synchrone à aimant permanent (87 ch / 240 Nm)
- Batterie: Lithium-Ion
- Distance en mode électrique: 43 km
- Type de charge: Wallbox / Prise domestique
- Temps de charge: Wallbox : 2 heures 30 / Prise domestique : 6 heures
- Puissance: 407 chevaux / 400 Nm
- 0-100 km/h: 4,8 secondes
- Vitesse de pointe: 250 km/h
- Transmission: Boîte automatique à huit rapports – Geartronic
- Type de transmission: Intégrale
- Poids: 2019 kg
- Volume de coffre: 500 litres
- Places: 5
- Economie de carburant: Mixte : 2,0 l/100 km
- En vente: 2017
- Prix de base: 42’700 €
- Prix de la version testée: 93’130 €
