Une ligne d'assemblage des voitures électriques Renault Zoe et Nissan Micra en mai 2020 à Flins-sur-Seine – Martin BUREAU © 2019 AFP
La date est cochée dans le calendrier. Vendredi 29 mars, une ultime Zoé va sortir des lignes de production de l’usine Renault de Flins. Cela fait maintenant quatre ans que les salariés de l’usine se préparent à ne plus fabriquer de voitures. Florent Vandenborne se souvient de l’annonce de l’arrêt de la production, en 2020: “ça a été très mal pris”, raconte le leader de la section CFE-CGC de Flins.
“Ça a été très dur pour le personnel, un vrai coup de massue. Depuis 1970 nous fabriquions des voitures”, relate-t-il encore. “J’ai des frissons rien que d’en parler.”
À Flins, les activités automobiles de demain
Aujourd’hui une quinzaine d’activités s’y côtoient. “Il y a d’abord la Renew Factory, c’est-à-dire la remise en état des véhicules d’occasion, la plus importante activité aujourd’hui à Flins”, explique Mounir Mestari, délégué central de Force Ouvrière de Renault. “Il y a aussi une activité de reconditionnement des pièces mécaniques moteur, boîte de vitesse, turbo, injecteur…”. Et il résume: “ce sont toutes les activités automobiles de demain”.
Sur le site, on trouve également un campus de formation, une zone de fabrication de piles à combustible ou encore un incubateur de start-up.
“Faire de l’économie circulaire c’est aujourd’hui plus valorisant que de fabriquer des voitures”, sourit le secrétaire Force Ouvrière de l’usine. “Il fallait qu’on tourne une page, on est dans le bon timing.”
Nouveau Scénic, fini le monospace, bonjour le SUV !dans En route pour demain – 16/0323:38
Renault fait du “bricolage”
La direction de Renault assure que 90% des salariés ont été reclassés sur de nouvelles activités, et que 160.000 heures de formation ont été données. D’ici 2030, 3.000 personnes seront en CDI à Flins, affirme encore le constructeur. Ce discours ne convainc pas tout le monde sur le site. “Renault fait du bricolage”, s’insurge Ali Kaya, délégué CGT de l’usine.
“Beaucoup d’activités sont incertaines. Ce qui est acté en revanche, c’est que Flins a perdu 2.000 emplois depuis le début de la transformation du site”, dénonce-t-il. Pour le salarié, qui travaille depuis 27 ans dans l’usine, la coupe est pleine.
“En réalité, c’est une hécatombe, la menace de fermeture est réelle, l’usine est extrêmement fragilisée.”
À Flins, on est donc encore un peu partagé. Les salariés ont cependant tous décidé de ne pas célébrer la fabrication de la dernière Zoé. “Il n’y a rien à fêter”, glisse un employé. Chez Renault, on est sûr de son choix. Le groupe estime que 45.000 voitures seront reconditionnées sur le site dès l’année prochaine.