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MG : le chasseur de records fête ses 100 ans

L’anniversaire du constructeur automobile britannique a été fêté comme il se doit au salon Rétromobile.

    mg : le chasseur de records fête ses 100 ans

    Nous sommes le mardi 30 janvier et pour cette soirée d’avant-première du 48e salon Rétromobile, alors que les portes sont ouvertes depuis 18 heures, la foule commence à s’agglutiner au sein du pavillon 1. C’est là qu’est situé le stand MG et cet engouement semble bien logique puisque le constructeur britannique, racheté en 2007 par le géant chinois SAIC, célèbre son 100e anniversaire.

    L’impressionnante EX 181 est restée camouflée pendant plus d’une heure.

    Pour marquer le coup, le voile va être levé sur l’un des modèles les plus emblématiques de la marque devant une centaine de personnes. Cependant le suspense est loin d’être palpable, car la voiture en question a été aperçue sur toutes les affiches du salon. Après une dizaine de minutes d’attente, la soirée commence réellement lorsque la MG EX 181 se dévoile au milieu de la foule notamment composée de Romain Grabowski, le directeur du Salon, Stephen Laing du British Motor Museum, Clément Lefèvre de MG Motor et Philippe Boucher, l’historien attitré de la marque. Lefèvre fut le premier à entamer un discours en l’honneur du constructeur :

    “C’est fou, cela fait déjà 100 ans, mais on essaye toujours de garder un esprit jeune. MG a souvent produit des voitures amusantes à conduire et toujours abordables et on essaye de garder cela avec la motorisation électrique. Il est clair qu’il n’y avait pas de meilleur endroit au monde pour fêter cet anniversaire. Ici, vous pouvez voir la superbe collection de voitures de la marque, que ce soit des modèles de record ou de compétition, mais aussi des roadsters que MG sait très bien faire. D’ailleurs, le Cyberster qui sera commercialisé en fin d’année est présent pour la première fois en France.”

    Mais avant d’évoquer le dernier venu de la marque, il est temps de replonger à une époque où MG était exclusivement thermique et où son objectif n’était pas de parler de batterie ou d’autonomie, mais plutôt de pulvériser des records !

    Tout a commencé avec cette Old Number One qui a remporté plusieurs courses en Angleterre.

    Objectif 100 miles

    Fondée en 1924, la marque MG (qui est un hommage à Morris Garages, un concessionnaire de véhicules à Oxford) est rapidement attirée par la performance. Cecil Kimber, qui reprend le flambeau de William Morris (le créateur originel), améliore rapidement les Morris à sa disposition et va permettre la naissance d’une voiture appelée : Old Number One (voir ci-dessus). Cette dernière va s’offrir un joli palmarès en compétition et va permettre au constructeur de viser plus haut comme l’explique Philippe Boucher :

    “Au début des années 1920, MG voulait s’attaquer aux records de vitesse, mais à des fins purement promotionnelles. La voiture que vous voyez ici est une réplique d’un véhicule qui a couru au Mans. Elle est spéciale, car son châssis et son moteur ont été utilisés par la MG EX120 qui devait être capable de passer la barre des 160 km/h.”

    Chez MG, EX signifie “Expérimental” et désigne tous les modèles de développement. Mais il ne s’agit pas forcément d’une voiture complète puisque cette appellation désigne également des pièces et les moteurs. Quoi qu’il en soit, cette chasse aux 100 miles à l’heure (160 km/h) ne s’est pas faite en un jour :

    “Le premier à tenter ce record était George Eyston qui s’est rendu cinq fois à Brookland. La première fois ce fut en décembre 1930, mais il n’y est pas arrivé. Lorsque l’équipe est revenue en février 1931, la tentative fut de nouveau un échec puisque les carburateurs gelaient à cause du froid et le temps était de toute manière exécrable. Ils vont malgré tout parvenir à modifier l’avant de la voiture pour lui permettre de résister à ces conditions et cela va enfin permettre à MG de passer la barre des 100 km/h à Montlhéry, avec son petit moteur suralimenté de 750cc.”

    La EX 135 succède au prototype de vitesse EX 127 qui a signé onze records internationaux à Montlhéry.

    Une fois arrivé dans les années 30, le monde de l’automobile commence à se perfectionner et l’aérodynamisme prend une place de plus en plus importante, notamment chez MG. Le constructeur va alors donner naissance à un modèle radicalement différent sur le plan esthétique : la EX 135. Pourtant, d’après Philippe Boucher, le cœur de la voiture n’était pas si novateur :

    “Le moteur 6 cylindres de 1100 cc et le châssis de cette voiture n’étaient pas si différents de ceux des modèles de série. C’était la politique de MG de prendre des pièces existantes et que tout le monde pouvait acheter pour les perfectionner ensuite. La différence la plus importante c’était bien sûr le look global de l’engin. La voiture a été abaissée au maximum et le pilote était pratiquement allongé dedans.”

    Une petite pause monsieur Moss ?

    Si les autoroutes allemandes sont le paradis des puristes de nos jours (en dehors des circuits), elles l’étaient tout autant à cette époque. C’est sur l’Autobahn que MG va prendre d’autres records avec ce bolide pas comme les autres. Et même après la Seconde Guerre Mondiale, en 1951, la MG EX 135 va battre les vitesses de pointe des véhicules des classes G, F et H (globalement les voitures de luxe) avec un record fixé à 137,40 MPH soit 220 km/h. Cette fusée sur roues atteindra ensuite les 250 km/h. Dès qu’un record était battu, les mécaniciens étaient chargés de changer le moteur et la voiture repartait immédiatement à l’assaut. Au total, cette EX 135 aura connu trois moteurs.

    La course vers les sommets

    Mais aucune de ces voitures n’a atteint la dimension prise par le modèle phare exposé à Rétromobile : la MG EX 181. C’est d’ailleurs avec ce véhicule, dans les années 50, que le constructeur changea sa philosophie d’après Philippe Boucher :

    “Cette voiture a connu deux versions : une avec aileron et une sans. Mais surtout, elle fut pilotée par deux pilotes de talent : Stirling Moss et Phil Hill. Ce qui faisait la particularité de ce modèle c’est qu’il ne bénéficiait pas forcément des pièces des voitures précédentes comme ce fut le cas auparavant : le châssis était entièrement nouveau.”

    Cette EX 181 est sans conteste l’un des véhicules les plus fous jamais conçus.

    Ce qui est choquant lorsque l’on a la chance de la voir d’aussi près, c’est sa taille ridiculement petite. La forme de cet engin évoque une goutte d’eau, ce qui est loin d’être anodin puisqu’il s’agit de la forme aérodynamique parfaite, car c’est celle qui offre le moins de résistance à l’avancement. Mais à l’intérieur, on retrouve un “simple” quatre cylindres de MGA, de 1,5 litre, qui développe seulement 68 chevaux sous le capot des voitures de route, mais qui fut boosté par un énorme compresseur pour atteindre les 290 chevaux.

    Difficile de croire que ces pneus semblables à ceux d’une mobylette soit capables d’encaisser des vitesses aussi hautes. Et pourtant, il s’agit en fait de pneumatiques d’un avion modifiés !

    En 1957, Stirling Moss (souvent appelé le champion sans couronne pour ses sept top 3 d’affilés au Championnat du monde de Formule 1) fut l’auteur d’une pointe de vitesse à 395,2 km/h sur le lac salé de Bonneville aux États-Unis. Mais deux ans plus tard, la même MG EX 181, poussée à 300 chevaux, va pulvériser la barre des 400 km/h (410,5 km/h) avec Phil Hill au volant. L’historien de MG raconte que la tâche fut loin d’être facile pour les pilotes :

    “La position de conduite était encore plus inconfortable qu’auparavant puisque les pieds du pilote se situaient littéralement au début du capot moteur. D’ailleurs Phil Hill, que j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs fois, disait qu’à la fin de chaque tentative, il faisait épouvantablement chaud et il a bien failli s’évanouir plus d’une fois.”

    Le moteur V6 de la METRO 6R4 produisait 400 ch à 9000 tr/min.

    Quel avenir pour MG ?

    Les années passèrent et le constructeur britannique s’est également fait un nom dans le monde du sport automobile. Certains de ces modèles sont exposés autour de la EX 181. On peut citer la MG METRO 6R4, de 1985, qui a remporté quatre victoires au sein du célèbre Groupe B. Autre bolide de course : la MG LOLA EX257, engagée aux 24 heures du Mans en 2001 et 2002 dans la catégorie LMP675 qui avait été créée pour des prototypes certes moins puissants, mais plus légers et plus agiles que les LMP900.

    L’EX 257 ne pesait que 675 kg pour plus de 500 ch.

    Lors de la deuxième année, les deux machines ont couru au Mans avec une robe “Hot Wheels” (que vous pouvez voir ci-dessous), mais aucune de ces voitures ne verra l’arrivée malgré des qualifications prometteuses. À l’extrémité de l’exposition MG, on trouve le modèle qui aura pour mission de relancer la marque. Il s’agit du Cyberster qui réinterprète la lignée des anciens roadsters du constructeur.

    MG pense pouvoir être compétitif avec le Cyberster et les autres prochains modèles à l’avenir, même sans le bonus écologique.

    Bien que sa motorisation 100 % électrique risque de faire débat, une chose est sûre : cette voiture a de la gueule. L’intérieur semble également bien fait et comme toutes les grosses voitures EV récentes, elle promet de jolies performances avec un 0 à 100 km/h effectué en trois secondes. Le Cyberster sera commercialisé à la fin de l’année, mais vous avez jusqu’au dimanche 4 février pour le voir en avant-première.

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