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Stellantis souhaite-t-il réellement racheter Renault, Ford ou General Motors ?

Quelques petites phrases lancées par Carlos Tavares le 1er février ont suffi à alimenter le buzz autour d'un nouvel agrandissement de la galaxie Stellantis. Qu'en est-il réellement ? le Franco-Américain peut-il vraiment s'offrir l'un ou l'autre mastodonte de l'automobile mondiale ?

Carlos Tavares souhaite encore récupérer de nouvelles marques. Ou pas.

Carlos Tavares souhaite encore récupérer de nouvelles marques. Ou pas.

Dans l’industrie automobile, comme en politique, on a le goût des petites phrases. Ainsi celles que Carlos Tavares a prononcées auprès de l’agence Bloomberg hier, enflamment la planète auto ces dernières heures. De quoi s’agit-il ?  En reprenant, devant les journalistes de la célèbre agence américaine, son refrain favori sur le darwinisme et la notion du plus fort qui dévore le plus faible, le boss de Stellantis a déclaré en substance, « tant que vous voyez mes chiffres au niveau adéquat, vous pouvez en conclure que je suis prêt pour tout type de consolidation ».

Il n’en faut pas plus pour créer un émoi qui se répand comme une trainée de poudre. Et les supputations d’aller bon train dans les salles de marché, chez les journalistes spécialisés comme auprès des analystes qui le sont tout autant. Ainsi donc, la galaxie de 14 marques pourrait grandir encore, en absorbant, excusez du peu, soit Renault, soit General Motors, soit Ford. Rien que ça.

Les déboires de Renault nourrissent la rumeur

Simples rumeurs ? Évidemment, même si Tavares semble particulièrement se réjouir à l’idée de les lancer, ce qui lui permet de guetter les réactions des marchés. Car qu’en est-il ? Si l’idée d’un rachat du groupe Renault par Stellantis a germé dans l’esprit de quelques observateurs, c’est parce que la petite phrase du patron de ce dernier a été lancée deux jours après la décision de Luca de Meo, qui renonce à introduire Ampère, la division du losange dédiée à l’électrique, en Bourse. En y ajoutant un petit comparatif des disponibilités financières des deux groupes (Renault « pèse » deux fois moins que Stellantis), le tour est joué, et la fusion bouclée.

Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs ou plutôt la carrosserie avant le moteur, car une telle opération, qui consisterait à ne conserver en France qu’un seul constructeur, est, pour le moment plutôt improbable. Car il détiendrait 60 % des parts de marché de l’automobile hexagonale, et pas loi de 40 % en Europe. Sans compter l’outrageuse domination que ce nouveau groupe ferait régner dans l’utilitaire.

Domination, quasi-monopole : voilà des mots-clés qui sonnent l’alerte à Bruxelles. L’union avait eu la peau de la fusion Alstom – Siemens il y a quelques années, elle pourrait avoir celle du rapprochement Stellantis – Renault au cours des prochaines.

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La division américaine de Stellantis, qui fabrique notamment  ce Ram 1500, réalise 60% des profits du groupe et fait mieux, en bourse, que ses concurrents US.

Même constat et même freins à un éventuel rachat de Ford ou General Motors, autre opération supposée possible. Là encore, l’hypothèse est née d’un comparatif chiffré : depuis 2023, Stellantis, avec ses marques américaines (Dodge, Ram, Jeep et Chrysler) est mieux valorisé à Wall Street que ses concurrents. De la à en déduire que Carlos Tavares a la possibilité, ou même la volonté, de se payer l’un ou l’autre, il y a un fossé. Pour autant, interrogé sur la question par Bloomberg, il répond, d’une manière plutôt facétieuse, que « tout dépendra de la situation et que cela soit fait d’une manière amicale ». On l’imagine checker avec ses camarades Mary Barra (la patronne de GM) et Jim Farley (boss de Ford).

Là encore, les autorités de la concurrence US, encore plus féroces que les européennes, verraient d’un très mauvais œil l’arrivée de ce monopole quasi-totale de l’automobile américaine ou le seul concurrent restant serait Tesla.

Alors quel jeu Carlos Tavares est-il en train de jouer ? Se place-t-il en tant que lanceur d’alertes, lui qui prophétise depuis plusieurs années, et l’a répété à Bloomberg «  une disparition des constructeurs occidentaux sous l’offensive chinoise s’ils ne bougent pas » ? Ou prépare-t-il réellement le terrain, le marché et les autorités à de nouvelles fusions ? La réponse ne devrait pas trop tarder puisque le patron de Stellantis arrivera à la fin de son mandat en 2026.

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