Les métropoles de Marseille, Strasbourg et Rouen, où la qualité de l’air s’est améliorée, pourront choisir de laisser circuler les véhicules Crit’Air 3 dans leurs ZFE au-delà du 1er janvier 2025, a annoncé mardi le ministère de la Transition écologique.
Une photo prise le 2 juin 2015 montre des vignettes Crit’Air délivrées par le ministère français de l’Écologie pour classer les véhicules en fonction de leurs émissions de polluants atmosphériques dans le cadre du Plan d’action pour la qualité de l’air du ministère.
Le dispositif des zones à faible émissions (ZFE), instauré par la loi d’orientation des mobilités (LOM) en 2019, prévoit des mesures restrictives pour les voitures polluantes là où la qualité de l’air est trop dégradée.
“On nous disait que ça allait devenir des zones de fortes exclusions, que si on avait aimé les gilets jaunes, nous allions adorer les ZFE”, a rappelé le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.
Finalement, seules les deux plus grandes agglomérations françaises, Paris et Lyon, seront contraintes au 1er janvier 2025 d’interdire les véhicules Crit’Air 3, soit les voitures diesel de plus de 14 ans et les voitures à essence de plus de 19 ans.
La concentration en oxyde d’azote y est passée sous les 40µg/m3, soit le seuil réglementaire retenu au niveau européen. Conséquence pour ces trois villes, qui ont déjà mis en place des mesures restrictives pour certains véhicules: elles n’auront pas à interdire les Crit’Air 3 au 1er janvier 2025.
Calendrier maintenu à Strasbourg
“Notre travail a payé”, a salué le maire de Rouen qui voulait absolument éviter cette interdiction sur son territoire, où les Crit’Air 4 et 5 sont déjà interdits. À Strasbourg en revanche, “le calendrier reste le même”, a indiqué à l’AFP Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole chargé des mobilités. L’agglomération pratique déjà une interdiction “pédagogique” depuis le 1er janvier 2024.
“Il ne faut pas jouer au yo-yo chaque année, il faut maintenir un cap. On regrette le yo-yo du gouvernement”, a-t-il déploré.
Malgré ces résultats encourageants, et une qualité de l’air qui ne cesse de s’améliorer depuis le début des années 2000 en France selon Christophe Béchu, la qualité de l’air “n’est pas encore à un niveau satisfaisant”, a-t-il déploré. Chaque année, elle est responsable de 40.000 décès prématurés par an, selon Santé Publique France, et elle aggrave certaines pathologies comme l’asthme.
Normes abaissées
D’ici à la fin de la décennie, les normes de pollution seront également abaissées en Europe pour passer de 40 µg/m3 de d’oxyde d’azote à 20 µg/m3. “On doit continuer à faire des efforts”, a rappelé le ministre. A ce stade, un peu moins de la moitié des 43 agglomérations concernées par les ZFE sont sous ce seuil, qui entrera en vigueur en 2030.
L’interdiction des véhicules Crit’Air 3 au 1er janvier prochain à Paris et Lyon concerne toute de même plus de 1,5 million de véhicules, dont 1,3 dans la région parisienne. Pour aider à la transition vers des véhicules moins polluants, le gouvernement a publié des arrêtés l’automne dernier pour faciliter et accélérer la transformation de véhicules anciens en véhicules hybrides.
Christophe Béchu a également précisé que “pour les territoires qui le souhaiteraient, les radars seraient disponibles au début de l’année 2026” afin de mettre en oeuvre les contrôles. Ces radars doivent être aptes à filmer les plaques d’immatriculation pour repérer les voitures polluantes interdites de circulation.
“Ces derniers mois ont été marqués par une prise de conscience de tous que le mieux était l’ennemi du bien et que si on mettait en place des restrictions sans qu’il y ait des véhicules disponibles, l’écologie n’y gagnerait pas grand chose et l’économie y perdrait beaucoup”, a insisté Christophe Béchu.