Enquête

10 choses à savoir avant de passer à l'électrique

Les voitures électriques connaissent un succès croissant depuis le début de l'année, mais nombre d'interrogations se posent encore à leur sujet. Financement, asurances, usage, entretien, sécurité...: attendez-vous à certains changements par rapport au monde de la voiture thermique. Caradisiac fait donc le point sur ce qui vous attend dans votre future vie d'automobiliste "propre".

10 choses à savoir avant de passer à l'électrique

Les voitures rechargeables représentent un quart des immatriculations en neuf depuis le début de l’année (dont 16% pour les seules 100% électriques), et tout laisse à penser que la tendance va s’accentuer dans les mois qui viennent.

Les constructeurs vont en effet élargir leur offre à des modèles plus accessibles, à l’image des futures Citroën C3 et Renault 5 qui arriveront au premier semestre 2024, et le développement rapide des réseaux de charge publique pourra lui aussi inciter à sauter le pas, à plus forte raison dans un contexte de forte hausse du prix des carburants.

Dans ce contexte, nombre de nos lecteurs peuvent se laisser tenter par le grand saut vers l’électrique, technologie dont l’avènement suscite malgré tout nombre d’interrogations pratiques.

Se posent en effet des questions liées au financement, à l’assurance, à l’entretien, aux modalités et coûts de recharge, ainsi qu’aux limitations d’usage éventuelles.

Avant d’y répondre, rappelons cette statistique au préalable: 78% des utilisateurs de voitures électriques se déclarent satisfaits de leur choix, d’après une étude Ipsos* publiée en 2022, et 65% d’entre eux estiment que l’électrique leur apporte de meilleures sensations qu’un modèle thermique.

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En d’autres termes, tout devrait bien se passer pour vous si vous franchissez le pas…à condition d’avoir quelques éléments de réflexion à l’esprit.

1.    Les voitures électriques coûtent cher…

Par rapport à une thermique, une électrique coûte entre 20 et 30% de plus à prestations équivalentes en termes de performances et de confort. « Pour un ménage intermédiaire ou aisé, le surcoût à l’investissement d’un véhicule de segment B électrique par rapport à un véhicule thermique équivalent demeure important, même en tenant compte des aides en vigueur   il est de 16 000 euros, pouvant être ramené à environ 7 200 euros avec les aides », rappelle une note de France Stratégie.
A l’heure où nous publions cet article, le surcoût d’une Peugeot 2008 électrique 136 ch s’établit à 9 090 € hors bonus par rapport à la version PureTech 130 EAT8, par exemple. Et ce grand écart financier est monnaie courante (sans mauvais jeu de mots) d’un constructeur à l’autre: sans les diverses aides à l’achat la différence de tarif resterait insoutenable pour l’écrasante majorité des ménages.

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Les électriques sont encore onéreuses, mais le ticket d’entrée est appelé à rapidement baisser, comme le montre le cas de la nouvelle Citroën C3. Disponible au premier semestre 2024, elle coûtera moins de 20 000 € une fois le bonus déduit.

2.    …mais le surcoût à l’achat se voit fortement adouci à l’usage

Si les voitures électriques sont onéreuses, leurs tarifs d’utilisation et de maintenance s’avèrent des plus raisonnables. Adieu les vidanges, bye-bye les courroies de distribution et autres pots d’échappement! A part les pneus, essuie-glaces et autres filtres d’habitacles (pas souvent, donc), il n’y a pas à proprement parler d’opérations de maintenance à prévoir.

Selon Renault, le coût d’entretien d’un véhicule électrique est inférieur de 23% à 3 ans en comparaison à un thermique équivalent, et cette différence peut atteindre 50% sur 6 ans. Certains constructeurs imposent toutefois des passages réguliers dans leur réseau pour contrôler l’état du châssis, des pneus ou des systèmes de suspension et de direction, mais l’addition demeure bien inférieure à moyen et long terme à celle d’une voiture thermique.

3.    Des crédits préférentiels existent, mais attention

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Un nombre croissant d’établissements financiers proposent des crédits à conditions préférentielles pour les voitures dites « propres ».

Au dernier pointage opéré en juin dernier pour une enquête Caradisiac, 54% proposent des taux bonifiés pour les véhicules à émissions de CO2 faibles ou nulles. Attention toutefois, les critères d’éligibilité diffèrent beaucoup d’un établissement à l’autre (électrique et/ou hybride ? neuf et/ou occasion ? etc.). De plus, il faut s’assurer que le taux proposé est effectivement bonifié.

Lors de notre prospection, nous avions réalisé que dans 13%, le pseudo prêt écolo n’était en réalité pas plus avantageux que le crédit standard (qui bénéficie parfois de promotions) !

4.    Les moteurs tiennent la vie de la voiture…

De conception simple, les moteurs de voitures électriques ne craignent pas les gros kilométrages : vous pouvez raisonnablement viser les 500 000 km, soit 25 ans d’usage (!) pour une voiture parcourant 20 000 km par an. Et de l’avis de nombre d’ingénieurs, un moteur électrique peut même sereinement viser le million de km. Renault (encore lui) évoque une durée de vie de…15 à 20 ans, et encore s’agit-il d’une fourchette pessimiste. Bref, la fiabilité d’un moteur électrique est un non-sujet (ou presque).

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De conception simple, un moteur électrique est censé tenir la voiture…et bien au-delà! Une éventuelle faiblesse – sur les roulements du rotor électrique, par exemple – se manifestera probablement très tôt, et sera donc prise en charge dans le cadre de la garantie.

5.    …de même que les batteries (si vous en prenez soin)

Si les moteurs ne s’usent pas, les batteries peuvent fatiguer un peu avec le temps. Pour autant, les constructeurs garantissent généralement ces unités de stockage pendant minimum 8 ans ou 160 000 km. De quoi voir venir, donc.

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Fort de plusieurs années d’expérience, Tesla assure que la batterie de sa Model S ne perd que 12% de ses capacités initiales après 320 000 km d’utilisation.

De son côté, Geotab, spécialiste de la gestion de flottes de voitures électriques, estime qu’une perte de 2% par an tient de l’usure normale (toutes marques confondues). En d’autres termes, il y a de la marge.

L’important est de respecter les préconisations constructeurs pour les niveaux de charge quotidiens et de ne pas abuser des bornes ultra-rapides qui font beaucoup chauffer la batterie. Avec quelques précautions, celle-ci doit donc pouvoir tenir la vie de la voiture. Nous avions d’ailleurs consacré à cette question un guide des « bonnes pratiques », consultable en cliquant ici.

6.    L’électrique ne coûte pas plus cher en assurance (pour le moment)

Les voitures électriques coûtent cher, on l’a dit, et leur conception les rend parfois difficilement réparables. A plus forte raison quand elles se parent d’une carrosserie en aluminium, comme chez Tesla, car ce matériau plus difficile à traiter que l’acier impose de faire appel à des spécialistes. En outre, les modèles zéro émission affichent souvent un niveau de puissance élevé, ce qui se traduit par des performances nettement supérieures à la moyenne

Malgré cela, une étude menée par le comparateur en ligne Assurland souligne que la majorité des électriques coûtent moins cher à assurer que les modèles thermiques équivalents. Il apparaît en  effet que le coût moyen d’une assurance pour véhicule électrique s’élève à 563€ annuels en 2023, contre 645 € pour un modèle à essence.

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La situation risque toutefois d’évoluer en défaveur de l’électrique. « Les batteries (faites de nickel, lithium, cobalt…) peuvent représenter jusqu’à 50% du prix du véhicule. En cas de problème, la remplacer n’est donc généralement pas assez rentable par rapport à la valeur résiduelle de l’auto. Voilà comment de nombreux véhicules électriques se retrouvent à la casse alors qu’ils sont encore quasi neufs », explique Assurland. A mesure que les modèles zéro émission vont se multiplier, les coûts d’assurance vont donc augmenter.

De plus, la Taxe Spéciale sur les Conventions d’Assurance (TSCA) dont bénéficient les électriques doit s’arrêter en fin d’année. Cette mesure représente une économie allant jusqu’à 25% sur une assurance au tiers et 15% sur une formule tous risques.

Si ce cadeau fiscal est abandonné, les prix vont repartir à la hausse : « la réponse dépendra du dépôt, puis de l’adoption ou non d’un amendement dans le cadre du PLF 2024 (projet de loi de finances, NDLR), cette mesure n’ayant pas été reconduite dans le projet de loi tel que présenté par le gouvernement », précise Assurland.

7.    Vous avez un risque d’accident légèrement accru en agglomération

Selon les données de la Sécurité routière, les voitures électriques sont moins souvent impliquées dans les accidents de la route. A la page 151 du bilan 2022, on lit ainsi que « 1,1 VT (véhicule de tourisme) électrique est impliqué dans les accidents corporels pour 1 000 VT électriques en circulation soit 20 % de moins que les VT thermiques. »

Mais le même bilan nuance toutefois le propos en précisant que « l’usage plus urbain des VT électriques par rapport aux VT thermiques se traduit par une implication plus forte dans les accidents survenant en agglomération : 65 % contre 57 % pour les VT thermiques. »

Prudence en ville, donc, où les autres usagers (piétons, cyclistes…) traversent parfois « à l’oreille » et n’entendent pas toujours les voitures électriques en approche.

8.    Sur long trajet, vous paierez (presque) aussi cher en carburant

A ce jour, la quasi-totalité des aires de services d’autoroutes sont équipées de bornes de recharge rapide. On peut donc envisager sereinement les longs déplacements grâce à ces dispositifs qui permettent de regonfler sa batterie à 80% (au-delà c’est trop long et cher) en 20 à 30 minutes, mais attention : la supercharge, ça peut coûter super-cher!

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A raison de 0,59 € le kWh (hors abonnement) chez Fastned ou Ionity (photo), les 100 km de trajet vous reviennent à 13,8 € pour une consommation de 20 kWh/100 km, soit 69 € pour 500 km.
0r, c’est exactement la somme que vous paierez avec une voiture essence consommant 7 l/100 km et à raison de 1,99 € par litre. Sur tel ou tel long trajet, c’est donc match nul !

L’électrique reprend toutefois un net avantage financier quand vous rechargez à une borne publique semi-rapide ou – mieux – à domicile. Précisons en effet que 83% des recharges s’effectuent à la maison, selon une étude Enedis.

9.    Les voitures électriques épaississent votre portefeuille…

…mais pas avec des billets de banque ! Il faut en effet veiller à avoir au moins une, voire plusieurs cartes de paiement « universelles » type PlugSurfing, Chargemap, ou Ma carte de recharge Engie (liste non exhaustive) pour avoir la certitude d’accéder aux bornes de recharge publiques.

Une bonne nouvelle, toutefois : le règlement européen AFIR stipule que toutes les bornes à haute puissance (plus de 50 kW) installées à partir d’avril 2024 devront proposer un règlement bancaire direct, qui facilite grandement l’existence. Quant à celles déjà installées, elles devront pouvoir permettre le paiement par CB à l’horizon 2027. C’est déjà ça.

10.    Vous ne pourrez plus vous en passer

Selon l’étude Enedis évoquée plus haut, « dans les foyers où le véhicule est 100% électrique, celui-ci devient, dans 85 % des cas, le véhicule principal du foyer, en progression de 10 points par rapport à 2022. »

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Et les auteurs d’ajouter qu’ « en moyenne, le véhicule électrique est utilisé 6 jours par semaine pour un trajet quotidien de 47km en moyenne (+5 km par rapport à 2022). Dans 63 % des cas, il est utilisé aussi bien pour les trajets du quotidien que les déplacements le week-end ou lors de départs en vacances (contre 52% en 2022). »

Dans ces conditions, on comprend mieux les conclusions de l’étude Ipsos pour Sixt France selon laquelle « les Français ayant fait le choix du véhicule électrique déclarent un taux de satisfaction exceptionnel de 97% (dont 67% « très satisfaits »).

Le bilan. Nous aurions aussi pu vous parler, pêle-mêle, de l’autonomie sensiblement réduite par temps froid, des hybrides rechargeables qui s’éternisent aux bornes de recharge publiques (Grrrr…), des possesseurs d’électriques qui se garent devant les bornes sans même s’y brancher (les pires, et ils sont nombreux !), ou du fait que vous aurez tendance à baisser l’allure sur autoroute pour une meilleure autonomie.

Pas de quoi remettre en cause l’électrique malgré tout, d’autant que la quasi-totalité des stations-services sont désormais équipées de bornes ultra-rapides, ce qui facilite grandement la mobilité longue distance. Et c’est tant mieux, car aussi contre-intuitif que cela paraisse, on a tendance à rouler davantage en électrique qu’en thermique.

Ah, et vous a-t-on parlé de la carte grise gratuite dans certains départements, de l’indifférence qui sera la vôtre à la prochaine grève dans une raffinerie Total, du plaisir de lancer le préchauffage de votre voiture à distance depuis votre smartphone (fini, le gratte-givre !), et du plaisir qu’il y a à faire le plein à domicile pour une poignée d’euros la nuit en dormant ?

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*Enquête Ipsos.Digital menée en France les 1er et 2 octobre 2022 auprès de 1000 individus, représentatifs de la population française de plus de 18 ans.

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