Aston Martin

Aston Martin Db11 V8

Plaine de Glen Etive, Ecosse, 9 avril 2018. Après plusieurs dizaines de kilomètres dans les Highlands, j’ai enfin atteint mon but. J’arrête le moteur. Silence total, l’atmosphère est lourde. L’assaut de la partie adverse ne va pas tarder, et je devrai assurément me servir des gadgets que Q a implantés dans « ma » DB11 issue tout droit des quartiers de M.

Manque de bol, cette scène n’a jamais existé. Je ne suis pas en Ecosse, je n’ai aucun point commun avec 007, et vous savez comme moi que c’est la légendaire Aston Martin DB5 qui joue dans la scène finale de Skyfall. Retour sur terre. Ou pas. S’asseoir à bord d’une Aston Martin, c’est déjà pas mal. Mais en faire sa propre monture pour trois jours, c’est se voir transporté dans une autre dimension. Vraiment ? Voici mon analyse de la « petite » Aston Martin DB11 V8.

0-100km/h (s): 4.0

Vmax (km/h): 300

rapp. poids/puiss. (kg/ch): 3.45

propulsion
8 cyl. 4.0L bi-turbo
510ch / 675Nm
1’760kg

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Petite, car il y a l’autre, celle avec le V12 5.2L bi-turbo de 608ch qui a été présentée au Salon de Genève 2016 pour succéder à la DB9. Il faudra attendre une année pour voir arriver le V8 4.0L bi-turbo de 510ch d’origine Mercedes-AMG, qui équipe également la nouvelle Aston Martin Vantage. Environ CHF 20’000.- et 100ch séparent les deux motorisations, des écarts faibles quand on parle de véhicules de plus de 500ch et dépassant les CHF 200’000.-. A ce niveau de gamme, on pourrait être tenté de ne pas réfléchir et de s’orienter les yeux fermés vers le V12, le top quoi !

Pourtant, à y regarder de plus près, la DB11 V8 a de quoi attirer l’attention. Tout d’abord, la DB11 V8 ne rend qu’un petit dixième à la V12 sur l’exercice du 0-100km/h (4.0 contre 3.9 secondes). Cela s’explique par le gain de poids non négligeable de 110kg en faveur du V8. Et qui dit poids et cylindrée réduits dit automatiquement consommation moindre : sur l’autoroute, la DB11 V8 s’est contentée de moins de 8.5l/100km, de quoi voir loin avec son réservoir de 78 litres. Enfin, l’économie de poids se faisant sur le moteur qui est placé en position centrale avant, la DB11 V8 est dotée d’une meilleure répartition des masses (49/51 avant/arrière), alors que la V12 est un peu plus lourde sur l’avant (51/49).

Le premier coup d’œil sur l’habitacle ne fera pas l’unanimité, le bleu ayant toujours été assez polarisant. Toutefois, il faut reconnaître l’excellence des matériaux choisis et des finitions de première qualité, comme les coutures contrastées, le cuir lisse omniprésent – jusque dans les contours de l’écran central – ou encore les contre-portes en carbone (CHF 4’789.-). Enfin, pour le côté 007, les haut-parleurs de la sonorisation Bang & Olufsen (CHF 8’906.-) sortent de la planche de bord lorsqu’on allume la radio.

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Aussitôt derrière le volant, je suis surpris par la fermeté des sièges, qui ne sont pas inconfortables pour autant. La garde au toit est limite pour mes 195cm, mais la distance entre le pédalier et le volant tiré au maximum est grande, j’ai donc une bonne position de conduite, en dépit de l’appui-tête fixe qui est un peu trop bas pour moi. Les places arrière sont symboliques, mais permettront d’emmener deux enfants sur un petit trajet ou de compléter les 270 litres du coffre.

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Face à moi, les compteurs sont tous numériques mais restent séparés, il n’y a donc pas de variantes d’affichage possible. C’est simple, épuré et efficace : le compte-tours est au centre, entouré de part et d’autre par les traditionnelles jauges et l’ordinateur de bord, ainsi que deux cercles indiquant dans quels modes de conduite se trouve la voiture. Les boutons correspondants se trouvent sur le volant de chaque côté : à gauche on joue sur l’amortissement, et à droite sur la sonorité et la cartographie moteur/boîte sur trois niveaux (GT, Sport ou Sport+).

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Dès le démarrage, le V8 sait se faire remarquer à travers une sonorité grave et envoûtante. Une fois engagé sur la route, la DB11 reste toutefois assez discrète et douce tant que l’on reste en mode GT. Mais dès le mode Sport enclenché, la donne change à tous points de vue. La sonorité devient bestiale tant en accélération qu’en décélération avec de nombreux borborygmes, et ce sans aucun bruit parasite de la suralimentation ! Et dire que je suis au volant de la « petite » DB11 ! Pourtant, je n’ai vraiment pas l’impression qu’elle soit sous-motorisée, le moteur étant très volontaire à tous les régimes et la boîte ZF à 8 rapports – placée en position centrale arrière – livrant une parfaite copie, prompte à catapulter la DB11 à des vitesses très rapidement répréhensibles. Encore heureux, me direz-vous, avec 510ch sous le pied droit…

Excellente répartition des masses, sonorité expressive, agrément moteur/boîte sans reproche et amortissement assez ferme pour une GT : tous les ingrédients sont au rendez-vous pour prendre son pied au volant de cette DB11 V8 ! Toutefois, peu après être passé en mode Sport+ et avoir paramétré l’ESP sur Track, quelques dérives involontaires du train arrière me remettent rapidement à l’ordre. Je n’avais pourtant pas l’impression de rouler vite et j’étais loin d’être pied au fond. Il faut dire que les premiers sinueux que j’emprunte ne sont pas très lisses ce qui nuit à la motricité, et que la pédale de droite est très – trop – sensible, ce qui rend le dosage ardu. D’ailleurs, j’ai eu parfois de la peine à m’engager dans le trafic de manière précise, la voiture accélérant trop ou pas assez. Puis, une fois en franche accélération, le moindre surplus de gaz déclenche une avalanche de newton-mètres supplémentaires qui fait perdre pied au train arrière.

Confortable par défaut, mais sonore et virile à la demande, l’Aston Martin DB11 V8 n’est pas à mettre entre toutes les mains, même sur chaussée sèche. Heureusement, l’ESP est toujours bien actif même en mode Sport+, et il faut traverser deux menus afin de choisir les modes Track ou OFF. Sur les revêtements imparfaits, je laisserai les suspensions sur le réglage intermédiaire, la dureté maximale ne réduisant pas le tangage de manière significative.

Le véritable juge de paix de cet essai sera sans doute la montée vers Saint-Cergue, parcourue à plusieurs reprises pour notre séance photos. Cette fois, la route est lisse, mais comporte de nombreux virages qui se referment. En rentrant fort sur les freins, le train avant perd un peu en précision, mais conserve une réserve de grip étonnante. Dans cet environnement mêlé de lacets et d’épingles, la DB11 ne fait clairement pas son poids de 1’760kg ! Seule ombre au tableau : les palettes étant solidaires de la colonne de direction, j’aurais apprécié pouvoir me servir d’un shifter dans certains virages. Mais à cette place, Aston Martin a préféré implanter le combiné de Mercedes doté d’une molette et d’un pad tactile.

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Il fait doux, et tous les frontaliers qui parcourent cette route en fin de journée maintiennent l’asphalte à bonne température. Les pertes de motricité sont moins castratrices qu’au premier jour, je m’amuse même à provoquer le train arrière quand la visibilité me l’autorise. Avec un peu de pratique et de préférence sur des routes planes, l’Aston Martin DB11 V8 roule vite et bien, procurant un plaisir non dissimulé à son pilote !

Enfin, ce n’est pas l’Ecosse, mais je ne perds pas au change : perché au milieu d’un vignoble désert surplombant le lac Léman, l’attente du crépuscule me permet de contempler une dernière fois ses lignes sculpturales et son profil très élancé. Son long capot plongeant sur une large calandre, son toit noir semblant comme aplatit, la signature de ses feux arrière, ou encore des détails plus subtils comme l’ouverture de ses portes inclinée vers le haut : tout cela confère à la DB11 un style résolument unique comme seul Aston Martin sait le faire. Un style résolument James Bond.

L’Aston Martin DB11 incarne à la perfection ce dont on est en droit d’attendre d’une GT de ce rang, à savoir le mariage parfait entre raffinement et sportivité. Tant son comportement routier, son habitacle élégant que sa sonorité m’ont convaincu, et les petits défauts énumérés pèsent bien peu dans la balance. Reste la question du prix, qui se veut très élitiste : CHF 269’667.-, c’est la somme qu’il vous faudra débourser pour acquérir notre modèle d’essai de la DB11 V8, équipé de près de CHF 60’000.- d’options détaillées ci-après. Ceci dit, l’atmosphère dans laquelle Aston Martin sait nous plonger n’a pas son pareil sur le marché.

Pour…
  • Conduite virile en Sport+
  • Agrément moteur/boîte
  • Sonorité
  • Charisme unique
  • Mariage raffinement/sportivité
Contre…
  • Pas de levier pour passer les rapports
  • Gaz trop sensibles en mode Sport
  • Pas de bouton sur le coffre

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