Toyota

Toyota Prius

ESSAI. Toyota Prius 5: renaissance d’une icône?


Toyota devait frapper fort pour relancer la pionnière des véhicules hybrides. La 5ème génération de Prius constitue-t-elle pour autant une rupture décisive?

Plus de 25 ans d’histoire, pas loin de 20 millions de véhicules vendus à travers le monde, 4 générations… La Toyota Prius fait partie de ces modèles emblématiques qui ont changé la face du monde automobile. Symbole de l’entrée dans l’ère des véhicules plus respectueux de l’environnement, la Prius a toujours été depuis sa première génération en 1997, une sorte d’Etat dans l’Etat chez Toyota, à la fois référence et cheval de bataille du développement de la technologie hybride.

Mais clairement la Prius s’essouffle. Après avoir culminé à plus de 85.000 exemplaires immatriculés en 2010, les ventes annuelles en Europe n’ont cessé de décliner d’année en année, pour stagner depuis 3 ans sous les 10.000 exemplaires. Et c’est le cas aussi dans le reste du monde. La faute à la très forte croissance sur la période du nombre de modèles hybrides dans la gamme Toyota, créant une forte concurrence en interne avec l’Auris puis la Corolla et la Camry, la croissance exponentielle du segment SUV qui a détourné les clients traditionnels de la Prius vers le Rav4 et le CH-R hybrides, ainsi que des choix stylistiques parfois un peu audacieux qui ont dénaturé le concept de base.

Frank Marotte, PDG de Toyota France – 24/1010:33

Sans même parler d’une concurrence acharnée au niveau mondial avec les autres grands constructeurs généralistes, qui ont fait des pas de géant sur le terrain de l’hybridation, devenue au fil des années une sorte de standard, ou de plus petit dénominateur commun dans l’industrie auto, face à des normes antipollution de plus en plus sévère. Jadis référence incontestable, la Prius s’est retrouvée noyée dans la masse, au sein d’un segment qui représente actuellement 40% des intentions d’achat automobiles en Europe.

essai. toyota prius 5: renaissance d’une icône?

Cette nouvelle Prius change du tout au tout côté look. © Antoine Larigaudrie

Le point fort: une véritable claque visuelle

Toyota se devait donc de se retrousser les manches, et de faire renaître la Prius au sein d’une gamme renouvelée depuis quelques mois, marquée par un réel souci de nouvelle identité visuelle. Et Toyota a choisi la Prius comme fer de lance de ce nouveau design. Le résultat fini, très franchement, est spectaculaire. Réinterprétation plus moderne des générations 2 et 3, la Prius 5 présente un dessin fluide et très aérodynamique (avec un cx très efficace de 0,29), une sorte de galet poli, qui rappellera aussi la silhouette de profil de la Tesla Model 3.

Et à l’avant se trouve un nouveau design très à la mode qui va se retrouver dans toute la gamme Toyota, le “hammerhead”: des optiques intégrées derrière une lame de calandre, donnant un aspect agressif et suggestif. Solution esthétique qu’on retrouve d’ailleurs actuellement chez Ferrari.

essai. toyota prius 5: renaissance d’une icône?

À l’avant se trouve un nouveau design très à la mode qui va se retrouver dans toute la gamme Toyota, le “hammerhead”. © Antoine Larigaudrie

Les poignées arrières, intégrées au logement des vitres, donnent un aspect encore plus dynamique, faisant de la Prius une sorte de coupé 4 portes, d’autant qu’elle est sensiblement plus basse sur pattes que les générations précédentes (on passe d’1,5 mètre à 1,43 mètre). L’arrière est très “américain”, avec des feux intégrés à une séduisante bande optique fumée. Ajoutez des jantes de 18 pouces bicolores en forme d’étoiles de ninjas, et vous obtenez une Prius qui, unanimement, constitue une vraie réussite visuelle, futuriste et racée, qui fait tourner bien des têtes dans les rues, phénomène plus sensible que pour les anciennes générations, pour le moins.

essai. toyota prius 5: renaissance d’une icône?

La face arrière de cette Toyota Prius est très élégant © Antoine Larigaudrie

Intérieur très classique

La fête visuelle prend fin en revanche en montant à l’intérieur de cette nouvelle Prius, qui reste avant tout. Une Prius. Simple mais un peu sombre, un peu austère, l’intérieur est tout de même bien réalisé, avec une excellente position de conduite, des sièges confortables au bon maintien et un volant bas pour conserver la meilleure visibilité sur les instruments de conduite numériques, simples et pratiques. La Prius 5 est aussi riche d’automatismes plutôt utiles, comme une alerte d’attention détournée, qui scrute votre regard et sonne quand vous n’avez pas suffisamment les yeux rivés à la route, système qu’on retrouve sur d’autres modèles Toyota et Subaru.

essai. toyota prius 5: renaissance d’une icône?

L’intérieur est tout de même bien réalisé, avec une excellente position de conduite, des sièges confortables au bon maintien et un volant bas pour conserver une meilleure visibilité. © Antoine Larigaudrie

L’infotainment complet est accessible via un écran central simple, lisible et pas trop envahissant, avec toute la connectivité possible. Bonne surprise, cette Prius est aussi dotée d’un système audio de très grande qualité ! Les passagers arrière sont également choyés avec des sièges confortables et un peu inclinés vers l’arrière, à la japonaise, et bénéficient d’un bel espace aux jambes.

Une belle expérience de conduite électrique

Place à la mécanique, et d’entrée de jeu Toyota se met la pression. Quand on ouvre le capot moteur on peut lire près du bloc mécanique “Hybrid Reborn”. Est-ce que le géant japonais est arrivé à réinventer, pour le meilleur, sa fameuse chaîne de traction? Pour ce faire, la Prius devant rester l’icône de la technologie hybride, tout passage au 100% électrique étant exclu, la 5ème génération adopte une architecture hybride rechargeable, déjà disponible sur la génération précédente. Couplée à un moteur thermique 4 cylindres de 2 litres, sa batterie de 13,6kWh de capacité lui garantit une autonomie zéro émissions de 86 kilomètres en cycle mixte WLTP selon le constructeur, plus proche des 70-75 en conditions réelles d’usage lors de l’essai.

essai. toyota prius 5: renaissance d’une icône?

Couplée à un moteur thermique 4 cylindres de 2 litres, sa batterie de 13,6kWh de capacité lui garantit une autonomie zéro émissions de 86 kilomètres en cycle mixte WLTP © Antoine Larigaudrie

Honnêtement, c’est dans ce mode de propulsion que la Prius 5 excelle. Souple, dynamique juste ce qu’il faut, c’est sans doute la configuration de conduite, couplée au mode éco, qui semble le plus “coller” à cette auto. Conduite coulée et calme, silence de fonctionnement et belle luminosité (avec un grand toit vitré en deux parties) sont au programme, avec un amortissement souple mais sans excès, et un châssis pour le coup efficace, permettant un certain dynamisme, pour cette stricte traction classique. On peut même réaliser des vitesses en virage rapide assez surprenantes.

Le tableau se ternit un peu quand la batterie électrique est vide ou quand on est en mode strictement hybride. Le bloc-moteur entre en action (majoritairement à régimes continus pour servir de générateur, mais capable aussi de prendre le relais pour la traction), et force est de constater que Toyota n’est toujours pas arrivé à rendre ces phases de conduites un peu plus agréables, la sonorité du moteur restant terne, et ses entrées en fonction toujours un peu brusques. La boîte automatique à variation continue n’évolue pas et reste toujours un peu castratrice en termes de sensations. Point positif tout de même, le bloc thermique, mieux insonorisé, prend moins de place dans l’espace sonore de l’habitacle.

On aime aussi la grande sobriété de cette Prius

Point de vue consommation et performances, cette nouvelle Prius reste là aussi… Une Prius avant tout, mais avec quelques bonnes surprises. Le mode 100% électrique est particulièrement sobre, et on tombe sans effort sous les 14kWh aux 100 kilomètres. On pourrait sans doute arriver à mieux avec une possibilité accrue de régler le freinage régénératif, mais la gestion de la consommation reste de très haut niveau, garantissant des consommations vraiment raisonnables pour un engin qui sait rester relativement léger aussi à 1,5 tonne.

En optant pour un style de conduite un peu plus vif, on dépassera rarement les 15kWh en ville, même si on monte plutôt du côté des 18 sur autoroute ou voie rapide. De plus, sans être archi-actif, le freinage est doublé d’une assistance très utile réglée sur le radar de proximité avant. Un vrai plus qui rend le freinage assez plaisant à utiliser.

Le mode PHEV permet lui aussi des consommations vraiment très basses et satisfaisantes, allant d’1,8 litre aux 100 kilomètres (constatés pendant l’essai) à 4,2 litres quand la batterie est déchargée, sur des parcours alliant bouchons, conduite urbaine et voies rapides. Une optimisation vraiment convaincante, d’autant que même en mode sport, avec les pleins 152 chevaux disponibles et batterie vide, la consommation de carburant n’ira pas beaucoup au-dessus des 5 litres.

essai. toyota prius 5: renaissance d’une icône?

Le mode PHEV permet lui aussi des consommations vraiment très basses et satisfaisantes, allant d’1,8 litre aux 100 kilomètres (constatés pendant l’essai) à 4,2 litres quand la batterie est déchargée © Antoine Larigaudrie

Les points noirs: le temps de recharge et certains détails pratiques

Malgré tout quelques défauts vont ternir un tableau pourtant très convaincant. A commencer par un temps de recharge vraiment moyen pour un véhicule hybride rechargeable. Toyota revendique 4h40 pour une recharge complète sur prise 220v, sans doute à 7kWh, mais votre serviteur aura mis lui 6h50 sur une borne de recharge publique. La faute aussi au seul type de câble disponible sur ce modèle, à savoir un type 1.

À noter aussi la qualité vraiment terne des plastiques de l’habitacle, qui donne une impression de fragilité, notamment des commandes de bord, ainsi qu’un coffre vraiment petit (284 litres, moins qu’une Renault Clio), surtout si l’on embarque le câble de charge. Les graphismes d’infotainment font vraiment datés et simplistes parfois, semblant marquer un pas en arrière par rapport aux générations précédentes. Enfin la visibilité arrière est absolument déplorable, mais ce détail semble désormais vraiment accessoire au sein de la production automobile mondiale, jugeant que le recours aux caméras arrière sera toujours privilégié.

essai. toyota prius 5: renaissance d’une icône?

Notre modèle à l'essai cette semaine est une Toyota Prius 2023 au prix de 43.900 euros en finition Dynamic. © Antoine Larigaudrie

Pas de révolution

Malgré tout cette Prius est ce qu’elle devait être. Une vraie évolution, notamment stylistique, particulièrement réussie, mais certainement pas une révolution, notamment à l’intérieur et du point de vue du comportement. Reste une auto qui reste une référence en matière de sobriété, mais qui aura fort à faire avec une concurrence très aiguisée partout autour d’elle, notamment chez les grands généralistes.

Simple exemple, la Honda Civic Hybrid E, sans pour autant être une hybride rechargeable, arrive à une sobriété comparable sur beaucoup de phases de conduite, tout en étant moins chère et en offrant des sensations de conduite autrement plus agréables. L’arbitrage se situera donc du côté des performances en tout électriques, qui sont convenables sans être spectaculaires. En bref la Prius 5ème génération, malgré un renouveau esthétique vraiment convaincant, reste une référence… Mais certainement plus indiscutable.

Notre modèle à l’essai: Toyota Prius 2023 – prix du modèle essayé (finition Dynamic) 43.900 euros

TOP STORIES

Top List in the World