Photo du logo de la marque Lynk & Co
par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) – Lynk & Co, l’une des marques du constructeur automobile chinois Geely, veut élargir sa présence en Europe en se lançant prochainement dans quatre nouveaux pays et en ajoutant à son offre sur abonnement un deuxième véhicule, cette fois 100% électrique.
“Nous avons des plans pour aller dans d’autres marchés en Europe: la Norvège, l’Autriche, la Suisse, l’Angleterre, à court terme”, a dit à Reuters Alain Visser, président et fondateur de Lynk & Co.
“Et à long terme nous avons des ambitions pour aller aux Etats-Unis aussi, mais là ce sont plutôt des ambitions que des plans”, a-t-il ajouté.
Détenue par Geely et sa filiale suédoise Volvo Car, Lynk & Co prévoit également de lancer fin 2024 en Europe la 02, un SUV 100% électrique de même gabarit que la 01 hybride, importée également de Chine.
Le secteur automobile européen se prépare à une offensive de grande envergure des marques chinoises sur le marché de l’électrique – dont elles ont déjà capté 9% en 2022 selon Inovev, près du double de 2021. Mais pour l’heure, Lynk & Co se contentait en avril d’une part de marché d’environ 0,3% sur l’ensemble des immatriculations enregistrées dans l’Union européenne, selon des données de l’Acea (Association des constructeurs européens d’automobiles) et de S&P Global Mobility.
UNE VOITURE, DEUX COULEURS
Pour éviter que les aides publiques à l’acquisition d’un véhicule à batterie ne profitent avant tout aux importations chinoises, la France veut durcir les critères d’attribution du bonus écologique de 5.000 euros en se basant sur le bilan carbone de l’ensemble du cycle de production des véhicules.
Un tel changement, dont les contours sont encore en cours de définition, favoriserait les voitures fabriquées sur le sol européen du fait d’un mix énergétique plus vertueux et d’un temps de transport réduit.
Selon Alain Visser, Lynk & Co ne pourra pas se passer à terme d’une production européenne s’il veut continuer à croître dans le contexte géopolitique actuellement tendu entre la Chine et le reste du monde.
En France, seul des sept pays d’Europe où la marque développée à Göteborg, en Suède, n’a pas encore de représentation physique, Lynk & Co ouvrira en fin d’année, ou en début d’année prochaine, son premier “club” – elle ne parle pas de concessionnaire – dans le centre de Paris.
Le concept est si original que dans ces “showrooms” futuristes, un seul véhicule est présenté, voire aucun comme à Rome.
“Il y a de plus en plus de marques qui ont toutes de très bonnes voitures, la différence ne peut pas être le produit, la différence doit être le concept”, a expliqué Alain Visser.
A Dusseldorf, dernier club en date, la seule voiture exposée n’est pas visible depuis la vitrine, mais garée derrière un léger rideau dans un coin du showroom conçu comme une enfilade de pièces évoquant sur 300 à 400 mètres carrés un vaste appartement au design contemporain.
Il s’agit d’un concept store avec bibliothèque et bar, “pour rencontrer la marque et vendre une expérience plutôt qu’un produit”, ajoute Alain Visser.
Emboîtant le pas au modèle simplifié de Tesla, Lynk & Co ne propose qu’une seule finition de voiture incluant toutes les options en seulement deux couleurs – bleu et noir.
La marque, qui se veut un “Netflix” de l’automobile, propose un abonnement mensuel plus souple que le leasing de courte durée, à un tarif correspondant au segment premium – 550 euros par mois en France – soit un prix d’achat de 44.500 euros.
(Reportage Gilles Guillaume, édité par Blandine Hénault)