En s’allongeant d’une vingtaine de centimètres pour accueillir jusqu’à sept passagers, l’Austral s’autorise un nouveau nom de baptême qu’il peine à légitimer. Rencontre avec la sixième génération de Renault Espace.
- Un costume trop grand
- Une cruelle comparaison
- Gènes de SUV 7 places
- Un second rang d’Austral
- Très prometteur, dans l’absolu
- La modernité de l’Austral
- Prix Renault Espace
Il aurait parfaitement pu s’appeler Grand Austral, en s’inspirant de la dénomination retenue par le Volkswagen Tiguan, son concurrent direct, labellisé “Allspace” dans sa version longue. De la même manière, il eut été concevable qu’il opte pour une toute autre appellation parmi la longue liste déposée par Renault auprès de l’INPI (Institut national de la propriété industrielle), et souvent issus de concept-cars.
Ainsi, c’est l’esprit libre qu’il serait parti à la conquête d’un segment de SUV compacts à sept places (Peugeot 5008, Nissan X-Trail, Skoda Kodiaq, etc.) jusqu’ici inexploré par le Losange.
Un costume trop grand
Une cruelle comparaison
Vous l’aurez compris, le diagnostic est le même pour ce nouvel Espace qui, au-delà de l’image que son appellation véhicule, peinera à soutenir la comparaison avec ses prédécesseurs en termes d’habitabilité et de praticité. Une épine dans le pneu dont un Grand Austral n’aurait pas eu à se soucier, s’il avait assumé son positionnement. D’emblée, ce sixième Espace est amputé de 14 cm de long (4,72 m) par rapport à l’ancien, quand ses aïeux n’avaient de cesse de croître, de génération en génération. A son crédit, le nouveau venu épargne 215 kg sur la balance, au bénéfice des consommations, mais au final, on ne peut s’empêcher de le constater plus petit qu’auparavant. Dans un monde parallèle, vierge de tout Espace VI, on aurait simplement retenu son étirement de 20 cm par rapport à l’Austral.
Gènes de SUV 7 places
Alors pour positiver, de ce côté-ci de l’univers, considérons comme vertueuse l’intense réduction de son gabarit en cette période encourageant la chasse au CO2. Une méthode Coué qui avouera rapidement ses limites en comparant les aspects pratiques du nouveau venu face à l’ancien modèle, même si ce dernier avait déjà fait l’objet de critiques lors de son lancement en 2015. Lui avaient été particulièrement reprochées sa plus faible garde au toit et l’élévation de sa garde au sol, prémices d’un glissement progressif vers l’univers décomplexé des SUV. Mais l’Espace V avait su maintenir son seuil de chargement à un niveau décent (68 cm), quand celui de son successeur s’élève à plus de 80 cm de la terre ferme. Mieux vaut mesurer plus d’un 1,90 m pour espérer toucher terre en s’asseyant en bordure de coffre.
Un second rang d’Austral
Ce dernier, de prime abord, a la riche idée de reconduire la banquette de l’Austral scindée en deux parties montées sur glissières, chose rare sur le segment des SUV compacts. Mais dans la catégorie supérieure, où évolue dorénavant l’Espace, cette astuce profitant à la modularité est plus que monnaie courante. Et là encore, difficile de soutenir la comparaison face à la précédente génération qui jouissait de trois sièges indépendants. C’est même fâcheux dans la mesure où le Peugeot 5008, son pire ennemi, s’enorgueillit de ce trio. Mais pas impardonnable sachant que le reste de la concurrence ne fait pas mieux, sur ce point. Comme dans la plupart des domaines, d’ailleurs. Et de soulever une fois de plus le principal grief de l’Espace : l’illégitimité de son nom.
Très prometteur, dans l’absolu
Car, pour le reste, il profite de toutes les qualités liées à son statut d’Austral allongé, bien qu’on pourra lui reprocher sa proximité de style avec son petit frère. Pour s’en distinguer, il ne fait l’effort que d’une grille de calandre spécifique, au niveau de la proue, quand l’arrière arbore un large montant couleur carrosserie, rendant impossible l’application d’une peinture bi-ton. Si sa poupe hérite les feux de l’Austral, elle s’en éloigne en flanquant son bouclier d’extracteurs d’airs (factices) de part et d’autre. Enfin, des jantes inspirées de celles de l’ancien Espace lui sont dédiées, tout comme une teinte violacée, distillant une certaine montée en gamme.
La modernité de l’Austral
Prix Renault Espace
Enfin, pour mouvoir son nouveau SUV, Renault n’a retenu qu’une seule motorisation full-hybride de 200 ch, faisant fi des blocs micro-hybridés de 130 et 160 ch disponibles sur l’Austral. Un choix élitiste comparé au Peugeot 5008 disponible avec un moteur essence de 130 ch, dès 38 120 €. Pour l’Espace, le ticket d’entrée devrait plutôt se situer au-delà des 43 000 €, sachant que l’Austral de 200 ch réclame 41 500 €, à minima. Les prises de commande du nouvel Espace démarreront dans les prochaines semaines avec la prévision de premières livraisons durant l’été.