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Renault - Luca de Meo : "Les constructeurs chinois ont une génération d’avance"

Dans “sa lettre à l’Europe”, le Directeur général de Renault Group liste les défis que devra relever le secteur automobile européen s’il veut concurrencer à l’avenir la Chine. Et rappelle qu’à ce jour, l’empire du Milieu a, sur le Vieux Continent, plus qu’une longueur d’avance sur le véhicule électrique… Sans l’aide de mesures politiques fortes prises depuis Bruxelles, il n’y aurait point de salut pour notre industrie automobile.

Luca de Meo est un chef d’entreprise pragmatique. Et qui sait, pour être plongé le nez dedans chaque jour, que les difficultés rencontrées par l’industrie automobile européenne pour rester compétitive face à la chine (et les Etats-Unis), ne pourraient se résoudre, au moins en partie qu’à la faveur d’une véritable prise de conscience politique, et ainsi des mesures fortes et cohérentes prises à Bruxelles : “Dans une économie ouverte, la compétitivité se mesure aux avantages comparés des différents acteurs. Un constat s’impose : produire en Europe coûte plus cher. Une voiture du segment C “made in China” bénéficie d’un avantage coût de 6 à 7 000 euros (environ 25% du prix total) par rapport à un modèle européen équivalent.” exprime ainsi froidement le patron de Renault Group, rappelant aussi le “protectionnisme” nord-américain : “Le programme IRA (387 milliards d’euros) favorise les investissements. Il a mis l’accent sur la voiture électrique : seuls les modèles assemblés et faisant appel à des contenus locaux aux États-Unis sont éligibles aux subventions à l’achat, ce qui dynamise les ventes (…) Côté compte d’exploitation, les coûts de l’énergie sont deux fois plus bas en Chine et trois fois plus bas aux États-Unis qu’en Europe. Quant aux coûts salariaux, ils sont 40% plus élevés en Europe qu’en Chine.”

Des entreprises prises à la gorge

Une mainmise de la Chine, dont on ne voit pas le bout, et une Europe toujours plus engluée dans la lourdeur de ses textes déconnectés du reste du monde, et des industriels européens qu’elle est pourtant censée défendre : “C’est un véritable empilement de normes et de règles qui se prépare sur le vieux continent. En moyenne, huit à dix nouvelles réglementations seront mises en place chaque année par les différentes directions de la Commission européenne d’ici 2030. Et cela sans qu’un organisme ne valide le calendrier de leur publication. Une situation très pénalisante pour les entreprises qui sont souvent prises à la gorge pour s’adapter aux calendriers très serrés d’application de ces nouvelles règles et qui doivent mobiliser de grosses ressources en ingénierie (jusqu’à 25% d’un département de R&D) pour étudier leur application.” argumente Luca de Meo.

La Chine contrôle 75% de la capacité mondiale de production des batteries© BMW

Apprendre des constructeurs chinois

Une politique invraisemblable et absurde, qui fait le lit de l’empire du Milieu, et plus globalement de l’Asie, qui dès lors n’a pas tellement d’efforts à fournir pour entretenir l’Europe dans sa dépendance du “puits à la roue”. Luca de Meo ne dit pas le contraire, sachant aussi qu’il faudra la jouer fine : “La Chine dispose aujourd’hui d’un avantage concurrentiel majeur sur toute le chaîne de valeur du véhicule électrique. Elle contrôle 75% de la capacité mondiale de production des batteries, 80 à 90% du raffinage des matériaux et 50% des mines d’exploitation des métaux rares. l’Europe fait face à une équation compliquée. Elle devrait protéger son marché mais elle est dépendante de la Chine pour ses approvisionnements en lithium, en nickel ou en cobalt, ou de Taïwan pour ses semi-conducteurs. Son intérêt est aussi d’apprendre des constructeurs chinois qui ont une génération d’avance dans le domaine des performances et des coûts de la voiture électrique (autonomie, temps de charge, réseau de recharge…), du software et de la vitesse de développement des nouveaux modèles (1,5 à 2 ans versus 3 à 5 ans). La relation avec la Chine devra être gérée. Leur fermer complètement la porte serait la plus mauvaise des réponses.”

Notez cet article Publié le 29/03/2024 à 11:30 Véhicules d’occasion

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