Maserati Grecale Trofeo
ESSAI – En version Trofeo, le Maserati Grecale entend se frotter au gratin des SUV sportifs. Pour cela, il reprend le V6 Nettuno de la supercar MC20, dégonflé à 530 ch. Costaud, celui-ci manque malheureusement un peu de musicalité.
Trofeo. Voilà un nom qui évoque le sport sans équivoque! Et c’est aussi le label qui regroupe les versions les plus performantes chez Maserati. Le Grecale (lire notre essai du Maserati Grecale GT), dernier modèle en date de la marque au Trident, n’y échappe évidemment pas. Ce cousin très chic de l’Alfa Romeo Stelvio voit sa puissance culminer à 530 ch. Une cavalerie respectable puisque le Porsche Macan, rival tout désigné du SUV italien, ne dépasse pas 440 ch. Parmi les SUV moyens, le Grecale Trofeo est un des plus costauds. Il n’y a guère que le Jaguar F-Pace SVR, avec son V8 de 550 ch, pour annoncer plus.
Un V6 qui ne chante que si on le cravache
La version GT, entrée de gamme du Grecale, avait su flatter nos oreilles par la mélodie de son moteur, pourtant un simple quatre-cylindres, bien plus musical que dans le Stelvio qui l’avait inauguré. Il faut dire que les ingénieurs avaient délicatement mis au point la ligne d’échappement, tels des organistes, pour trouver la note parfaite. Avec le Grecale Trofeo, c’est un peu une déception. De l’extérieur, le timbre du V6 est audible, grâce à un échappement encore une fois travaillé. Mais à bord, à bas régimes, la sonorité est quelconque… Voire presque désagréable du fait du système de désactivation de cylindres qui impose un grognement.
Maserati Grecale Trofeo – 2 Crédit : Challenges – N. Meunier
En images: Maserati Grecale Trofeo
Avec 530 ch dans une voiture à vocation familiale, les performances sont rarement un problème. La vitesse de pointe est annoncée à 284 km/h et l’accélération 0 à 100 km/h est réalisée en 3,8 secondes: le Maserati Grecale Trofeo ne craint pas grand monde dans sa catégorie. Mais on aurait apprécié un peu plus de noblesse dans les sensations. Le fait qu’il existe certains moteurs moins puissants mais plus musicaux, à l’image du dernier six-cylindres en ligne de Land Rover, ou du V8 du Mercedes-Benz G500, apparaît un peu décevant.
Plus confortable que radical
Assez sage dans sa bande-son, le Maserati Grecale n’a rien de radical dans son comportement non plus. De série, il dispose d’une suspension pneumatique qui délivre un confort ouaté… et une souplesse étonnante pour un modèle aux prétentions sportives. La direction, très réactive et directe, donne une sensation d’agilité mêmes aux plus basses vitesses. Voilà qui se révèle plaisant. Mais ce moelleux a pour contrepartie un manque de sérénité à haute vitesse, au-delà de 220 km/h, sentiment renforcé par une direction un peu trop assistée. Il n’y a que si l’on sélectionne le mode de conduite Corsa, que le maintien de caisse se fait sensiblement plus ferme. Cela repousse aussi les limites d’intervention de l’électronique et le différentiel à glissement limité autorise des dérives plutôt généreuses du train arrière. Celles-ci se montrent assez progressives et faciles à contrôler. Pas un mince exploit sur une auto de plus de deux tonnes (2.027 kg): le conducteur parvient à ressentir ce qui se passe aux quatre coins du châssis grâce à un excellent ressenti des commandes.
Maserati Grecale Trofeo – 26 Crédit : Challenges – N. Meunier
Dans sa version la plus affûtée, le Maserati Grecale demeure donc très civilisé. C’est une expression de l’art de vivre grand tourisme qu’affectionne Maserati. Polyvalence, luxe et performances cohabitent et, pour une fois, s’ajoute à cela un équipement de technologie complet, domaine où Maserati a été longtemps à la traîne. Il y a un peu de contradiction dans ce cocktail: le grand confort de ce SUV invite à une conduite tranquille, alors que le moteur ne délivre son caractère et sa mélodie que si on le cravache au-delà du raisonnable… Ce SUV restera confidentiel. L’absence de motorisation hybride rechargeable semble un handicap insurmontable dans cette catégorie: au tarif de 117.900 € hors options, il convient d’ajouter un malus écologique de 50.000 €. Et la consommation en conditions réelles tourne aux environs de 16 l/100 km en moyenne. Voilà pourquoi une version Folgore 100 % électrique est promise pour l’an prochain… Pour rivaliser avec le futur Porsche Macan, qui sera lui aussi tout électrique.
Un moteur de haute technologie
Avec son V6 dénommé Nettuno, Maserati a recherché l’efficacité maximale et, en conséquence, n’a pas lésiné sur la technologie, avec système de double injection (directe et indirecte), et deux bougies par cylindre. Une des bougies est logée sur la périphérie du cylindre, alors que l’autre est placée en plein centre. Elle-même est entourée d’une préchambre de combustion, séparée du volume principal par des canaux. Celle-ci se remplit lors de la compression du mélange air/essence et la bougie centrale est utilisée à hauts régimes. L’inflammation préalable du mélange contenu dans la préchambre permet de parfaitement contrôler le front de flamme au sein du cylindre, et donc de retarder le cliquetis et augmenter le taux de compression. Cette préchambre de combustion est une première sur un modèle de série. Notons que, par rapport à la version utilisée dans la MC20, le V6 Nettuno du Grecale Trofeo dispose d’un carter humide en lieu et place du carter sec, ainsi que d’un système de désactivation de cylindres.
Maserati Grecale Trofeo
- Confort étonnant
- Agilité remarquable
- Performances consistantes
- Aspects pratiques
- Moteur peu musical à bas régimes
- Consommation élevée
- Suspension un peu trop souple
- Manque de rigueur à haute vitesse
- Performances/agrément4/5
- Comportement routier4/5
- Confort5/5
- Aspects pratiques5/5
- Qualité de présentation4/5
- Rapport prix/équipements2/5
- Consommation1/5