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BYD Seal U (2024) : L'Europe en ligne de mire

En quelques années à peine, sachant que l’entreprise ne commercialise des voitures que depuis 2005, BYD est devenu un géant qui menace le trône de plus gros vendeur mondial de voitures électriques occupé par Tesla. Une ascension fulgurante fruit, notamment, d’une gamme complète et large. En effet, aux Atto 3, Dolphin, Seal, Han et Tang que l’on connaissait (ou qu’on a dû apprendre à connaître), elle ajoute en ce début d’année un SUV qui vient se positionner sous le gabarit 7 places du Tang. Autrement dit, la Seal U s’attaque à un segment extrêmement porteur, de surcroît l’un des rares dont elle était absente. Attention danger…

CARROSSERIE ET DIMENSIONS BYD Seal U

Le nouveau SUV Seal U (avec «U» pour «Utility») s’impose, du fait de sa longueur de 4,78 m, dans le segment D où il affronte en réalité une rare concurrence si l’on considère uniquement les modèles 100 % électriques. Il se situe même dans la partie haute du segment D, presque à égalité avec le Tesla Model Y (4,75 m) et avec celui qui, lui aussi, tente de pénétrer l’Europe, le Fisker Ocean (4,77 m). Les autres, Kia EV6, Mercedes EQB (l’EQC ayant quitté le tarif), Nissan Ariya, Skoda Enyaq, Toyota bZ4X ou Volkswagen ID.5, sont tous (parfois nettement) plus compacts. En fait, cela ne se voit pas directement, mais le Seal U s’avère même plus long qu’un VW ID. Buzz.

Mais, bien qu’il porte le même nom, le Seal U n’a rien à voir avec la belle «berline-coupé» Seal, ne serait-ce que par l’intégration du pack de batteries. Le Seal U fait en effet appel à la technologie Cell-to-Pack par laquelle la batterie est juste rapportée à la plateforme «e-Platform 3.0» tandis que la Seal recourt au Cell-to-Body, où la batterie fait partie intégrante de la plateforme dont elle forme un élément structurel. Le SUV se positionne donc un cran légèrement en dessous en termes de «premium» et vient seconder par le bas, avec ses 5 places, le gros SUV 7 places Tang.

Dessinée sous la houlette d’un ancien designer Volkswagen (Wolfgang Hegger), la ligne est fluide, lisse, parvenant à accrocher une bonne valeur de Cx de 0,32, un résultat probant pour un SUV. Si elle ne déclenche pas une séduction immédiate, il faut reconnaitre qu’elle est préservée des tentations rococo et des détails kitsch touchant encore souvent les estampes chinoises. Cette carrosserie pourrait être celle d‘un modèle d’une marque européenne ou coréenne. Un atout sans doute lorsqu’il faudra retenir l’attention de l’acheteur potentiel.

byd seal u (2024) : l'europe en ligne de mire

HABITACLE ET COFFRE BYD Seal U

Le tableau de bord reprend les grands principes d’ergonomie BYD, à savoir un écran central rotatif (à 90°, mode paysage ou portrait) de 12,8’’ sur la version d’accès Confort et de 15,6’’ sur la version supérieure Design. L’intérêt est discutable, mais bon, c’est moins grave que le manque de visibilité dès que le soleil tape dedans, ce qui, avec le grand toit panoramique électrochromatique (de série), arrive fréquemment. Mais la finition et la qualité des matériaux impressionnent et mettent ce Seal U en accord avec ses aspirations «sub-premium».

À ce sujet, la concurrence bien établie ne fait pas toujours mieux. Si vous restez avec l’image de «brol» véhiculée jusqu’il y a peu par les marques chinoises, vous êtes… à côté de la plaque. L’intérieur est de fait cossu, il n’y a aucun grincement suspect, les matériaux sont agréables au toucher, il n’y a pas de «plastics durs» et les accostages sont soignés.

Les sièges enveloppants recouverts de «cuir végan», à réglages électriques et à mémoire, chauffants et ventilés – le tout de série (même sur la version d’accès Comfort) – procurent confort, maintien et une position de conduite parfaite. À l’arrière, la banquette n’est certes pas coulissante, c’est dommage, mais les dossiers sont inclinables et rabattables 60/40 pour aménager un plan de chargement quasiment plat. Le large hayon, motorisé lui aussi de série, dégage un accès aisé à un volume pouvant varier de 552 à 1440 litres. Petit regret au passage : si le head-up-display (l’affichage tête haute) est de série sur la Design, il est carrément indisponible sur la version Comfort et de toute façon, il n’affiche pas les indications du GPS. Et le double chargeur par induction sur la console centrale est, lui aussi, réservé à la version Design.

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SPÉCIFICATIONS ET PERFORMANCES BYD Seal U

De manière assez surprenante, BYD fait coller la capacité de la batterie au niveau de finition. C’est ainsi que la version d’accès de gamme Comfort a droit à la «petite» batterie (lithium-fer-phosphate, sans cobalt ni manganèse) de 71,8 kWh, garante d’une autonomie WLTP de 420 km, alors que la version supérieure Design bénéficie d’un batterie de 87 kWh, avec à la clé une autonomie WLTP de 500 km. Les deux versions possèdent de série un chargeur embarqué de 11 kW triphasé, mais la plus petite peut accepter jusqu’à 115 kW lors d’une recharge rapide DC, contre 140 pour l’autre.

Cependant, toutes deux jouissent du même moteur électrique synchrone à aimant permanent de 160 kW/217 ch (pour respectivement 310 et 330 Nm) entraînant uniquement les roues avant (avec à la clé de micro mais fréquentes pertes de motricité sous forte charge), alors que la Seal «berline» est une propulsion ou une intégrale sur les versions supérieures à 2 moteurs. Vu les 2,1 tonnes à mouvoir, le 0 à 100 km/h demande tout de même 9,6 s et la vitesse maxi est limitée à 175 km/h. On n’est clairement pas dans le registre du dynamisme absolu. Ce qui n’était de toute façon pas le but : le Seal U se veut avant tout un SUV familial et pratique. Ce qu’il est.

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CONDUITE ET CONFORT BYD Seal U

De fait, à la conduite, on sent clairement que l’accent a été mis sur le confort de marche. Mais un confort un peu à l’ancienne, c’est-à-dire «bateau» qui passe par une bonne capacité de filtrage des hautes fréquences, certes, mais aussi par des mouvements de caisse peu contenus, qui se traduisent par du roulis et du «pompage». On a vite compris qu’une conduite dynamique n’a pas sa place à son volant, d’autant que la masse se ressent toujours plus au fur et à mesure que l’angle du virage se resserre. Brutalisé, le Seal U devient pataud et peut générer du mal de mer à ses occupants. Il préfère une conduite en anticipation, en profitant des ralentissements pour retrouver un peu d’énergie électrique. Une régénération modulable mais qui ne passe malheureusement pas par des palettes derrière le volant mais par un petit curseur sur la console centrale, assez peu pratique à l’usage. Bref, si vous cherchez du dynamisme de conduite, tournez-vous vers la Seal berline. Ce Seal SUV joue la carte du confort, parfois à l’excès donc selon nos références européennes.

À l’arrière, les passagers bénéficient d’un bel espace aux genoux et d’un plancher plat, sans aucun tunnel de «transmission». Mais le dessin creusé de la banquette la destine plus à 2 occupants qu’à 3, malgré une largeur aux épaules honorable.

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PRIX EN BELGIQUE BYD Seal U

Fidèle à une tradition asiatique, BYD ne propose quasiment pas d’options (la seule étant la peinture rouge Emperor à 1.000 €), mais un équipement de série qui dépend du niveau de finition : base Comfort ou supérieur Design. Le premier se passe ainsi du capteur de pluie, de l’éclairage d’ambiance modulable, du système de purification d’air ambiant, de l’écran central pivotant de 15,6’’, du système audio Infinity 10HP, de l’affichage tête haute, du double chargeur de smartphone par induction. Mais c’est à peu près tout, hormis le fait qu’il doit composer bien sûr avec une batterie de plus petite capacité et une puissance de recharge maximale DC inférieure.

Mais tout ce qui concerne les innombrables aides à la conduite, souvent intrusives et difficiles à déconnecter, est commun aux deux versions, y compris la fonction Vehicle-to-Load qui permet à la voiture de servir de source d’alimentation pour un outillage externe. BYD propose par ailleurs une garantie de 6 ans/150.000 km sur le véhicule, 8 ans/200.000 km et une capacité préservée à 70% pour la batterie.

En Belgique, une BYD Seal U en version d’accès Comfort et donc dotée de la petite batterie s’affiche à 42.740 €, contre 45.740 € pour la version supérieure Design et sa batterie grosse autonomie. Des prix qui ne les rendent pas éligibles à l’incitant de 5.000 € mis en place par le gouvernement flamand ; dommage. Les premières livraisons devraient intervenir en Belgique dans le courant du mois d’avril.

byd seal u (2024) : l'europe en ligne de mire

VERDICT BYD Seal U

Le nouveau BYD Seal U doit être pris au sérieux car il se positionne comme un SUV du segment D 100% électrique parfaitement convaincant à bien des égards. Il a en effet droit à la Blade Battery développée en interne par BYD (la marque maîtrise d’ailleurs toute la chaine de valeur de production de ses voitures ; les batteries, l’électronique, les moteurs, la connectivité…), passant pour être totalement sûre car exempte de risque d’incendie.

Le Seal U n’est ni rebelle ni totalement beau, mais il n’est pas non plus un repoussoir tandis qu’il remplit parfaitement la mission pour laquelle il a été conçu ; véhiculer 5 personnes en tout confort, en toute sécurité (5 étoiles Euro N-Cap), avec l’habitabilité et le volume de coffre voulu tandis que ses matériaux et sa qualité de finition feraient douter les plus sceptiques sur ses origines chinoises. Ajoutez-y une pincée de rapport prix/équipement de série quasi imbattable et vous comprendrez que l’industrie automobile occidentale a raison de manifester des inquiétudes.

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