Depuis quelques jours, les pro pétrole poussent des cris de joie et sont persuadés que l’Europe a reculé devant la puissante Allemagne. Mais il n’en est rien et l’électrique va bel et bien s’imposer dans douze ans. Même si Bruxelles a concédé à son principal pays membre quelques gouttes d’e-fuel, un carburant totalement marginal et qui devrait le rester. Une manoeuvre subtilequi a fonctionné.
En lâchant un tout petit peu de lest sur l’e-fuel, Bruxelles a remporté la bataille de l’électrique.
Nos confrères ont-ils passé la semaine passée sous les gaz lacrymogènes des manifestations ? Il semblerait en tout cas que leurs yeux étaient passablement paralysés lorsqu’ils ont lu la nouvelle. Ainsi donc, pour nombre d’entre eux, et pour nombre d’aficionados de la voiture thermique qui s’expriment sur les réseaux sociaux, Bruxelles aurait cédé devant la toute-puissance allemande en accédant à ses volontés.
La mission impossible de l’e-fuel pour tous
Une exigence qui, au final s’avère être du pain béni pour Bruxelles qui, en quelques semaines, un délai court et rarissime pour la grosse machine qu’est l’UE, a donné son accord. Et on comprend parfaitement pourquoi. C’est que l’e-fuel, malgré ses qualités, est le produit d’une usine à gaz plutôt onéreuse. Pour le moment seulement ? Les spécialistes qui se veulent rassurants expliquent que les prix vont baisser. Quand ? Dans quelques décennies selon eux. Pas vraiment au premier janvier 2035, donc.
On peut rêver, et se dire que les ingénieurs vont mettre les bouchées doubles et réussir à mettre en production de l’e-fuel dans une telle quantité que ses tarifs vont chuter très vite, sachant qu’ils sont aujourd’hui de l’ordre de deux euros du litre. Un prix de revient qui fait plus que doubler lorsqu’il arrive à la pompe. Mais les hauts fonctionnaires de Bruxelles, pas dupes, ont collé dans l’accord signé avec le gouvernement allemand un petit alinéa, de ceux auxquels on ne prête jamais attention lorsque l’on signe un contrat. Et pourtant, celui-là est déterminant.
Celle qui succédera à cette Porsche 911 t acceptera peut-être de l’e-fuel.
En l’occurrence, l’UE exige de ce nouveau carburant, pour être autorisé, qu’il soit neutre en carbone. Or, l’e-fuel est loin de l’être. Certes, il n’émet pas de C02, mais il rejette pas mal de NOX, selon l’ONG Transports & Environnement, ce qui ne nuit pas à la planète (mais uniquement à nos poumons), Mais de plus, il est, pour le moment, loin d’être neutre dans sa phase de production. Porsche, aidé de Siemens compte aujourd’hui sur le vent pour produire l’électricité nécessaire à la fabrication d’e-fuel propre, d’où la localisation de son usine au Chili.
Il faudra compter sur le vent pour fabriquer ce très rare carburant
La victoire de l’Allemagne n’est donc que de façade et, en 2035, il n’y aura plus que des voitures électriques à vendre. Sauf une infinitésimale exception de voitures de luxe, dont peut-être quelques Porsche 911 spécialement adaptées, quelques limousines dont les propriétaires peuvent se permettre de faire un plein sans demander un crédit bancaire. D’autres happy few s’offriront des supercars fabriquées à moins de 1 000 exemplaires, grâce au fameux amendement Ferrari toujours au programme. Tous les autres devront acheter des autos à batteries et se souviendront, avec nostalgie, du jour où ils étaient persuadés que l’Allemagne avait gagné la bataille de Bruxelles.