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Toyota Supra

Essai - Toyota Supra GR 2.0, sportive de cœur et de raison

essai - toyota supra gr 2.0, sportive de cœur et de raison

Toyota a doté sa sportive Supra d'une version plus modeste, équipée d’un 4 cylindres turbo de 2 litres. – Antoine Larigaudrie

Le géant japonais a décidé de lancer une version plus légère de son emblématique Supra. Le “downsizing” va-t-il être pour autant gage de succès commercial? Essai.

Des segments de marché en souffrance à cause des nouvelles règles anti-pollution européennes, c’est sans doute celui des sportives qui est le plus menacé. Modèles supprimés pour cause de malus trop importants, reformatage en règle, marche forcée vers l’hybride et l’électrique… Peu sont les constructeurs généralistes qui arrivent encore à entretenir un vrai segment sportif profitable et cohérent.

Et pourtant. Toyota fait partie des chanceux. Fort de résultats annuels extrêmement robustes et d’une moyenne d’émission CO2 parmi les plus basses du marché (notamment grâce à l’abondance de modèles hybrides dans sa gamme), le constructeur peut se permettre d’entretenir, et même de faire monter en puissance, un vrai segment sportif pour contenter les amateurs de voitures-plaisir. Et 100% thermiques.

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Jusqu'à présent, la Supra disposait d'un moteur six-cylindres en ligne turbo culminant à 340 chevaux. © Antoine Larigaudrie

GR, la petite marque à suivre

“C’est d’ailleurs sous le label GR [initiales de Gazoo Racing, l’unité compétition de Toyota, ndlr] que ces différents modèles vont être regroupés”, précise-t-on chez Toyota, “avec des modèles diversifiés et bien identifiés. Il y en a pour tous les goûts”.

Et de fait, de petit label gage de sportivité, GR est en train de devenir une gamme complète. Elle commence avec la petite Yaris GR, évolution sportive de la petite citadine-vedette de Toyota, qui en très peu de temps est devenu une véritable (plusieurs récompenses à la clé). Elle s’étoffera dans quelques mois avec l’arrivée d’une nouvelle version de la Toyota GT86, coupé sportif de taille moyenne à moteur boxer, que Toyota a décidé d’importer en Europe. “Pour l’occasion, et pour “coller” à cette nouvelle identité, il sera rebaptisé GR86″, précise-t-on chez Toyota. Et le joyau de la couronne reste la Toyota Supra (cinquième du nom), lancée il y a deux ans avec son traditionnel six-cylindres en ligne turbo culminant à 340 chevaux.

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De 340 chevaux, la “petite” Supra est passée à 260 chevaux. © Antoine Larigaudrie

Mais malgré tout, Toyota a conscience que l’avenir est aux motorisations plus sobres. C’est pourquoi la traditionnelle Supra est désormais épaulée par une version plus modeste, équipée d’un 4 cylindres turbo de 2 litres de 260 chevaux. “Un modèle plus axé sur l’agilité et la nervosité, tout étant plus économe en carburant et moins émetteur de CO2”, souligne Toyota. Un modèle sensé aussi aller chercher une nouvelle clientèle.

Car pour les puristes et les orthodoxes de la culture automobile sportive, cette Supra constituera un double sacrilège. Non-contente d’être construite avec BMW (elle est fabriquée dans la même usine, sur le même châssis et avec les mêmes moteurs que la Z4 de la marque allemande), elle est même disponible désormais en quatre-cylindres. Les Toyota Supra, depuis leur naissance en 1979, et jusqu’à maintenant, n’étaient équipées que de moteurs six-cylindres.

Le bon point: un look très affirmé

La Supra GR 2.0 est-elle pour autant une Supra au rabais? La réponse saute aux yeux au premier coup d’œil: jamais de la vie! Pour le plus grand bonheur des amateurs, aucun changement esthétique par rapport à la version 3 litres. On retrouve une ligne absolument spectaculaire, hommage à la précédente génération (popularisée par la série de films Fast And Furious, entre autres), un design très agressif, point capital de la nouvelle identité Toyota… des hanches bien larges, un toit “casquette” à double bosselage (peut-être un hommage au designer Zagato?), des surfaces vitrées très minces mais dont la visibilité est étonnamment bonne, un long capot et un arrière très court (on est pratiquement assis sur le train arrière).

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Cette Supra dispose d'un design très agressif, avec notamment un toit “casquette” à double bosselage. © Antoine Larigaudrie

La Supra est presque intimidante, avec ses longues optiques effilées et ses lignes acérées. Et pourtant, elle surprend aussi par des dimensions très réduites, à peine plus longue (4,3 mètres) que la GT86, de gamme inférieure, et très basse (124 centimètres). Dans tous les cas, attendez-vous à être remarqué à son volant, votre serviteur n’ayant jamais été autant salué par des pouces levés, des appels de phares et des cris enthousiastes qu’au volant de cette Supra, qui aura attiré bien plus souvent les regards que des modèles bien plus haut de gamme.

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Les lignes acérées sont une des caractéristiques de cette Supra. © Antoine Larigaudrie

Ambiance sportive et simplicité

L’intérieur est particulièrement soigné, surtout dans cette élégante finition Fuji Speedway (du nom du célèbre circuit de course japonais). Cuir et alcantara côtoient plastiques de qualité au toucher doux, très “BMW”, avec même un sélecteur de vitesse très “Mini”. Mais le tout garde une forte identité Toyota, et surtout Gazoo Racing, avec un décor noir et rouge du plus bel effet. Les sièges baquets au maintien parfait et très enveloppants n’oublient pas d’être aussi moelleux et confortables.

L’ensemble dégage une impression de sportivité et de qualité très affirmée, mais aussi de simplicité, avec une ergonomie très engageante. Mention spéciale à l’excellent système d’infodivertissement, pas tant pour son interface plutôt banale que pour l’excellente qualité de son système audio JBL à 10 hauts-parleurs.

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Les sièges baquets au maintien parfait et très enveloppants n’oublient pas d’être aussi moelleux et confortables. © Antoine Larigaudrie

Pression sur le bouton “Start”, le quatre-cylindres s’ébroue. Oui, rien de bien impressionnant au départ, une bande-son très banale. Mais déjà la musique devient plus intéressante quand on active le mode de conduite “Sport”, qui libère un peu l’échappement, au timbre déjà plus profond. Les suspensions se raidissent un peu et la direction se durcit. On est désormais fin prêt partir.

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Cette Supra a été conçue en partenariat avec BMW. © Antoine Larigaudrie

Caractère enjoué et dynamique

Dès les premiers tours de roues, la Supra GR 2.0 démontre un vrai dynamisme et une agilité surprenante. Le châssis, vif, semble bien s’être fait au changement de moteur. Car non content d’être plus léger d’une centaine de kilos par rapport au six-cylindres, ce quatre-cylindres (d’origine BMW lui aussi) a été repoussé au fond de la baie-moteur, contre le cockpit. Ce qui confère à cette 2.0 un équilibre des masses resserré, et un équilibre différent. Pour autant, elle garde une répartition parfaite à 50/50, avec son architecture moteur avant-propulsion-différentiel à glissement limité, un grand classique de l’automobile sportive japonaise et un vrai gage de plaisir de conduite.

Si le moteur ne fera que ronronner doucement en mode Normal, en mode Sport, la Supra GR 2.0 est un régal. Vive, prévenante et docile, elle constitue une vraie école de conduite. L’amortissement, que d’aucuns jugeront trop souple, est en réalité très bien équilibré entre confort et dynamisme.

Les montées en régime en mode Sport sont rageuses à souhait (0 à 100 km/h en 5,2 secondes), accompagnées des sifflements grisants du turbo ‘Twin Scroll’ a double entrée. Et si la boite auto huit rapports, un poil brusque, n’a pas l’efficacité optimale et instinctives des meilleures du marché, elle reste très bien réglée et étagée, avec un petit coup de gaz et quelques pétarades joyeuses quand on rétrograde. La monte pneumatique, à base de Michelin Pilot Super Sport, participe grandement aussi au dynamisme de l’auto, offrant à la fois grip et liberté de mouvement.

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Cette Toyota Supra abat le 0 à 100 en seulement 5,2 secondes. © Antoine Larigaudrie

Plus légère et recentrée, cette Supra downsizée n’en est donc pas moins efficace que sa grande sœur 6 cylindres, elle offre juste des sensations différentes, et pas moins fortes, notamment au niveau de la maniabilité. Certes, la 2.0 rendra à la 3.0 environ une seconde à l’accélération du 0 à 100km/h, et se fera dévorer par son ainée dans les longues lignes droites. Mais pas impossible que la “petite” arrive à prendre de l’avance quand les virages arrivent. On se retrouve finalement, dans un genre très différent, avec une proposition similaire à celle de la MX-5 de chez Mazda. Une grosse cylindrée qui mise sur la puissance et le couple, et une “petite” davantage axée sur la nervosité et le dynamisme.

Le point noir: une consommation qui reste élevée

Cette Supra emporte tout de même quelques défauts, et en premier lieu des aspects pratiques un peu frustrants, notamment l’absence totale de places arrières, même symboliques. La Supra ne sera qu’une voiture de célibataire ou une deuxième voiture. Et le volume du coffre n’est pas pour autant plus grand (290 litres). La forme du volant, avec une branche basse large et pleine, gène un peu la prise en mains quand la conduite devient dynamique et rapide. La carrosserie spectaculaire, surtout dans cette jolie couleur blanche, s’avère très fragile si on n’y prend pas garde.

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La monte pneumatique, à base de Michelin Pilot Super Sport, participe grandement aussi au dynamisme de l’auto, offrant à la fois grip et liberté de mouvement. © Antoine Larigaudrie

Enfin la consommation, surtout en mode sport, reste relativement élevée. Donnée pour 7,5l/100 aux normes WLTP, elle tourne plutôt autour des 8,2 en mode normal et conditions réelles, et a vraiment du mal à descendre sous 10 litres en mode sport, qui va vite devenir le mode de conduite standard tant il offre plus d’agrément et de sensations.

Mais à quel prix? Une véritable aubaine

Mais pour le reste, cette voiture racée, performante, bien équilibrée et conçue avec beaucoup de soin, va sans doute en remontrer à des concurrentes bien plus prestigieuses, et pourquoi pas une belle Audi TT, une Porsche Cayman 718 (qui a adopté le 4 cylindres turbo elle aussi), ou même l’Alpine A 110? Elle en a l’étoffe et les qualités dynamiques, avec un surcroit de simplicité très séduisant, et un prix serré qui va la rendre vraiment attrayante (53.900 euros prix de base, 58.900 euros pour le modèle essayé).

D’autant que grâce à sa cylindrée réduite, les émissions de CO2 de la “petite” Supra passent de 188 (sur la version six-cylindres) à 168g/km, et le malus écologique de 8.671 euros à 2.370 seulement. Une aubaine pour qui reste attaché aux sportives 100% thermiques, et un vrai sujet de réflexion au moment de l’achat.

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Notre version à l'essai était commercialisée à 58.900 euros. © Antoine Larigaudrie

Au final, cette version “raisonnable” de la Supra, peut-être un peu germanique dans sa conception, ne rebutera que les orthodoxes de “l’Héritage Supra”, de la performance à tout prix et de la cylindrée. Pour les amateurs de sportives de caractère, elle reste une alternative réelle aux modèles de marque ou de label bien plus prestigieux, avec une simplicité bienvenue et un caractère réjouissant qui font mouche. Une très belle réussite technique, un rapport qualité-prix très intéressant et une robe ravageuse.

Cette Supra 2.0 constitue une excellente surprise et pourrait légitimement booster la demande pour ce modèle, qui ne s’écoule qu’à quelques dizaines par an en France pour le moment. En tout cas, la “petite” Supra à toute sa place dans cette gamme Toyota GR, qui n’en finit pas d’étonner et de marquer des points chez les amateurs d’auto sportive.

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