- Historique et présentation
- La technologie
- Intérieur et équipement
- Performances et tenue de route
- Consommation, efficacité énergétique
- Conclusion
| Ses points fortsVoiture amusante à conduireFeeling mécaniqueBruit du moteurPerformancesPrix raisonnable2 ou 4 portes Bon équipement de série |
Ses points faiblesSièges justes pour les grandsPas de poignées de maintien au plafondCoffre moyen Pas de version superéthanol |
Historique et présentation
Quand on pense aux espèces dont la survie est menacée, on pense en premier lieu aux tigres, aux rhinocéros ou aux ours polaires. Mais le changement existe aussi dans l’univers automobile. Personne ne regrettera la disparition de la marque Hummer, mais quand la race des GTI est très mal en point, cela mérite un article, et un essai de la dernière vraie représentante de l’espèce : la Ford Fiesta ST. Oui, c’est la dernière. Peugeot avait donné ses lettres de gloire à la formule avec ses 205/206 GTI, la Renault Clio Williams fut aussi assez formidable en son temps. Mais en 2019, il n’y a plus de 208 GTI ni de Clio RS, et si ces modèles pourraient revenir un jour, ce serait avec une chaine de traction électrifiée, et… Ce ne serait plus comme avant. Dans la Fiesta ST, tout est mécanique, et la mécanique, c’est l’âme de cette auto.
La technologie
3 cylindres, 1,5 litres de cylindrée. Mais ça sort 200 ch ! Avec 290 Nm de couple, constants entre 1600 et 4000 tr/mn. Il est clair que si une voiture, un moteur, sont toujours des compromis entre plusieurs facteurs, la priorité ici a été donnée à la performance. Pour autant, les aspects écologiques n’ont pas été oubliés, et ce 3 cylindres possède ainsi un dispositif qui lui permet de désactiver un cylindre en charge partielle. On ne tourne alors que sur 2 cylindres. Nous n’avons cependant pas été capables de déceler à quel moment cela arrive. Rien n’est perceptible. Peut-être faudrait-il un témoin au tableau de bord ? Mais il est vrai que c’est ultra rapide, le processus d’activation/désactivation ne demande que 14 millisecondes. On remarque aussi un filtre à particules, même si on ne le remarquera bientôt plus, puisque toutes les essences en auront un. La boite de vitesses est évidemment mécanique, et on rappellera ici que cela reste le type de transmission le plus efficient. S’il y a des boites à double embrayage qui parviennent à être plus sobres dans les tests de mesure officiels, c’est parce qu’elles offrent des démultiplications plus longues. On a ici 6 vitesses, plutôt courtes, puisqu’en sixième à 2000 tr/mn, on est à 90 km/h. Enfin, pour la performance comme pour la sobriété, ce moteur possède un double système d’injection, directe et indirecte, pour garantir la meilleure alimentation possible à chaque instant.
Intérieur et équipement
Est-ce une voiture sportive, la question ne se pose pas quand on la regarde. La Fiesta de base est déjà sympathique, mais le kit carrosserie de cette version ST est vraiment réussi. Cela a de la gueule ! Une bonne tête de boule de nerfs, avec l’atout aujourd’hui unique d’être encore disponible en version 2 ou 4 portes (voiture de notre essai). A l’intérieur, on va aborder là le plus gros défaut de la voiture, à moins que ce soit moi qui ait le tort d’être un grand bonhomme. Ce sont les sièges. Sur les Mustang du même constructeur, certaines ont des sièges baquets, et ils sont calibrés pour les grands gabarits américains, mais la Fiesta est pensée pour l’Europe. C’est dire que si elle a de très beaux sièges baquets, et qu’ils maintiennent très bien, ils sont un peu justes pour les grands.
La Fiesta ST est la plus chère des Fiesta, et l’équipement est donc très complet. Climatisation automatique, toit ouvrant en verre, régulateur de vitesse réglable par km/h (de plus en plus de modèles ont des systèmes réglables par dizaines de km/h, c’est nul), mais sur cette auto à la finalité sportive si prononcée, on déplore l’absence de poignées de maintien au plafond. Un truc très bien par contre, c’est Ford qui l’a inventé, est le réservoir d’essence sans bouchon. On ouvre la trappe à essence, et on peut directement introduire le pistolet. C’est un vrai progrès qui fait gagner du temps. On soulignera aussi le grand écran de la navigation, avec une rétrovision très lumineuse quand on enclenche la marche arrière. Enfin ST, mais Fiesta, la banquette arrière est très utilisable par 2 adultes, et le coffre est d’un volume qui nous parait satisfaisant (303 litres) pour une petite voiture, mais sans plus car il y a des concurrentes qui offrent un peu plus.
Performances et tenue de route
J’ai démarré, le moteur m’a dit tout de suite, viens, on va jouer. Les 3 cylindres ont souvent un bruit assez sympathique, mais ici il a été travaillé, et… Optimisé. C’est un vrai plus. Surtout que c’est un vrai bruit. Pour tous ceux qui sont scandalisés que dans des BMW M, le bruit du moteur soit désormais amplifié artificiellement par les haut-parleurs, la Fiesta ST répond avec un bruit 100 % mécanique, et rappelle qu’à l’opposé du silence des électriques, une essence peut faire un bruit excitant. La direction est très directe. Pas besoin de mouliner, et la commande boite est une petite merveille. Les débattements sont courts, le guidage précis, les verrouillages instantanés… Cela met en confiance. Même un habitué et un partisan des boites automatiques aura du plaisir avec cette boite mécanique (pour ma part, cela faisait plus de 2 ans que je n’avais pas touché à une commande aussi réussie). D’ailleurs, si toutes les boites méca étaient aussi agréables, il y aurait moins de gens pour préférer les automatiques.
La documentation de Ford dit que l’accélération de 0 à 100 km/h ne demande que 6,5 secondes, je suis rapidement convaincu que ce doit être vrai. La vitesse de pointe étant elle de 232 km/h, je n’aurais cependant pas eu l’occasion de la vérifier, mais cela ne m’a pas manqué. C’est un drame que sur certaines voitures très puissantes, il faut vraiment rouler très, très vite, pour les apprécier, pas cette Fiesta ST. A la sortie de la ville, sur la 4 voies, je change de file. Zioup ! Et sur des petites routes qui tournent bien, on rigole. Oui, vraiment. A notre époque où la foudre législative et règlementaire frappe les automobilistes avec une vigueur toujours en croissance, une voiture comme la Fiesta ST vient nous rappeler qu’il est possible de prendre du plaisir au volant d’une voiture, et sans besoin que ce soit une Ferrari, ou sur un circuit.
L’agilité de cette voiture est assurément la meilleure du segment, elle est même assez stupéfiante considérant que la Fiesta reste parfaitement utilisable au quotidien avec 4 vraies places. Notre essai nous a emmené sur une petite route normande, une Alpine ou une Porsche aurait pu nous y doubler, mais nous ne voyons rien au même tarif qui aurait pu tenir notre rythme (enfin, à conducteur égal, je ne suis pas pilote de rallyes). Alors certes, la suspension est parfois un peu sautillante sur les raccords d’autoroute, mais on s’y fait. A la reflexion, cette Fiesta ST est même plutôt confortable pour une sportive, elle n’est pas tape-c*l comme l’ont été été certaines GTI un peu trop affûtées. Le bruit du moteur aussi pourra être jugé bourdonnant sur un long trajet, mais c’est un faible prix à payer pour un plaisir de conduite qui sera renouvelé chaque jour.
Consommation, efficacité énergétique
D’abord la consommation à vitesse stabilisée sur autoroute : 7,6 l/100 km. C’est convenable. La moyenne officielle est de 6,0 l/100 km, avec des émissions de CO2 de 136 g/km. Ces chiffres sont selon la norme NEDC, les valeurs selon la nouvelle norme WLTP sont 7,0 l/100 km et 158 g/km de CO2. Pour vérifier, nous avions prévu de faire un test de mesure de consommation en conduite écologique, en roulant avec des oeufs sous le pied, mais… Nous avons échoué. Nous n’avons pas été capables de rouler doucement. L’hypermiling, c’est facile à faire sur une voiture électrique, mais dans la Fiesta ST. C’était trop dur. On n’a pas pu. Il faut compter sur une consommation de 7 à 8,5 l/100 km avec une conduite amusante sans éxagération, dans les limites proches du code de la route.
Conclusion
Notre conclusion va osciller entre la joie et l’effroi. D’abord la joie, parce que si cette Fiesta ST n’est pas très écolo, sa conduite prodigue du plaisir. A son volant, j’ai eu la sensation de faire corps avec la voiture. L’effroi est que je n’ai jamais rien ressenti de tel dans une voiture électrique. Il y a des conducteurs de Zoé qui disent que leur auto est nerveuse, et amusante à conduire. Ils sont bien ignorants. Si toutes les voitures sont électriques demain, pourra t-il encore exister des voitures capables de donner un plaisir de conduite simple et financièrement abordable (prix de base : 23 700 €) comme cette Fiesta ST ? C’est l’énorme challenge qu’ont aujourd’hui les constructeurs automobiles, on ne sait s’ils y parviendront. Mais ce que nous savons avec certitude, est que cette Fiesta ST est aujourd’hui la dernière représentante de son espèce, sans doute aussi la plus aboutie, et que si un jour prochain, il ne sera plus possible d’acheter une voiture comme elle, ce sera une journée sombre pour les automobilistes. MoteurNature espère qu’il y a aura toujours des voitures comme cette Fiesta ST, peut-être en les faisant rouler avec du biogaz ou au superéthanol. Laurent J. Masson
