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Mitsubishi, le troisième partenaire de l'Alliance que Renault ne contrôle pas

mitsubishi, le troisième partenaire de l'alliance que renault ne contrôle pas

Conférence de l’Alliance Renault Nissan Mitsubishi le 27 janvier 2022.

De grandes négociations ont lieu entre Renault et Nissan pour rééquilibrer leur Alliance de plus de vingt ans. Dans ces discussions, Mitsubishi Motors (MMC), troisième partenaire, semble étrangement absent. Pourtant, au bord du gouffre il y a deux ans, MMC se redresse et revoit en forte hausse ses prévisions de bénéfices.

Alors que les grandes manoeuvres se font jour entre Renault et Nissan pour rééquilibrer leur Alliance, une question se pose: mais qui est donc le troisième et plus petit partenaire de l’Alliance fondée en 1999, qui ne fait jamais parler de lui?  Mitsubishi Motors (MMC) a une particularité. Ce “petit” constructeur japonais ne dépend en aucun cas de… Renault. Si le français détient 43,4% de Nissan, MMC est détenu à 34% par Nissan! C’est Carlos Ghosn, alors double PDG de Renault et Nissan, qui avait réalisé cette opération en octobre 2016. En douce. Il  avait mené une opération nippo-japonaise, qui avait l’avantage de ne pas impliquer l’omniprésent Etat français, actionnaire à 15% de Renault. Or, Carlos Ghosn venait de sortir de son fameux bras de fer l’année précédente avec Emmanuel Macron, ministre de l’Economie de François Hollande, sur les fameux votes doubles de l’Etat français, qui avait fait tanguer l’Alliance!

MMC revient de loin. Le constructeur était au bord du gouffre il y a deux ans encore. Or, il vient de réviser, le 2 novembre, ses prévisions de résultats à la hausse (de moitié) pour son bénéfice net de l’exercice en cours (1er avril 2022-31 mars 2023), à 140 milliards de yens (environ 1 milliard d’euros). Le constructeur afficherait du coup un profit en hausse de 90% par rapport à l’année précédente 2021-2022. Un sacré rebond. Le bénéfice opérationnel annuel est désormais prévu à 170 milliards de yens (1,2 milliard d’euros, +95% sur un an). MMC envisage du coup une marge honorable de 6,7% sur l’année (4,3% un an auparavant). Avec une augmentation d’un quart du chiffre d’affaires, même si les ventes en volumes devraient reculer légèrement à 908.000 unités (-3%).

Lancement de deux clones de Renault

Mitsubishi Motors prévoit  toutefois une croissance de ses volumes sur la seule Asie du Sud-Est, son principal marché grâce notamment à ses pick-ups L 200, ainsi qu’au Japon où il est très fort grâce aux “midgets”, des micro-voitures vendues seulement dans l’archipel grâce à une législation qui leur est particulièrement favorable. MMC a fait du beau travail. Il enregistrait en effet une perte nette de 2,5 milliards d’euros sur l’année 2020-2021. La perte d’exploitation se montait alors à 750 millions d’euros, soit une marge de -6,5%, un record négatif dans l’industrie auto ces dernières années!

Grand spécialiste des 4×4 et pick-ups, MMC a revu sa stratégie il y a deux ans. Il avait alors annoncé qu’il se concentrerait désormais sur l’Asie, et gelait tout lancement de nouveaux véhicules en Europe. Ses immatriculations, en forte chute, n’y ont il est vrai guère dépassé les 73.000 unités l’an dernier (3.000 en France), trois fois et demie moins que Nissan, pourtant peu en forme sur le Vieux continent. Même s’il n’a aucun lien capitalistique avec Renault, MMC va toutefois essayer de survivre en Europe en puisant dans la gamme tricolore. Il commercialisera ainsi en mars 2023 un SUV compact, l’ASX, clone parfait du Renault Captur et fabriqué à ses côtés en Espagne. Puis viendra en octobre prochain la Colt, une copie conforme de la Renault Clio produite en Turquie. MMC espère commercialiser  5.500 exemplaires de ces deux modèles en France sur une année pleine. Au printemps 2023, la firme devrait donner un calendrier de ses futurs lancements en Europe.

Histoire plutôt chaotique

L’histoire de MMC est particulièrement chaotique. Les ennuis débutent au début des années 2000 à cause de rappels non effectués en violation de la législation nippone. MMC s’était alors allié à Daimler-Chrysler, lequel avait pris une participation de contrôle. C’est l’époque où Mitsubishi avait pu produire en Hollande un petit véhicule partageant sa plateforme avec la Smart Forfour de l’époque. Mais, en difficulté lui-même, le consortium germano-américain avait ensuite laissé tomber le Japonais, sauvé in extremis par les firmes partenaires du puissant consortium Mitsubishi.

Trop petit, trop spécialisé dans les mini-véhicules et les 4×4, MMC s’était alors associé industriellement à… PSA, à qui il a longtemps fourni des modèles électriques (Peugeot Ion, Citroën C-Zéro) et des SUV (Peugeot 4007 puis 4008, Citroën C-Crosser puis Aircross). Des négociations s’étaient déroulées au tout début de la décennie 2010 pour une alliance capitalistique. Mais, PSA n’avait pas les moyens de prendre une telle participation. Du coup, MMC a rompu les négociations.

Et MMC s’était une fois de plus retrouvé tout seul, parvenant cependant à survivre grâce à des économies sur les investissements. Puis, en avril 2016, patatras de nouveau. MMC avouait piteusement qu’il avait menti sur les consommations de quatre de ses mini-véhicules vendus au Japon, deux de ces véhicules étant d’ailleurs commercialisés sous la marque Nissan. Cette tricherie a fait fondre brutalement la capitalisation boursière de MMC de 45%! Il est vrai que les analystes estimaient le coût d’indemnisation des clients à 800-900 millions d’euros. D’où la prise de contrôle par Nissan et l’entrée de MMC dans l’Alliance franco-japonaise.

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