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Pourquoi les constructeurs misent sur les camionnettes électriques


Renault a annoncé la transformation de l’usine de Sandouville pour produire des utilitaires électriques de nouvelle génération. Ces camionnettes zéro émission représentent un nouveau marché aux fortes perspectives pour les constructeurs.

Les utilitaires font partie des véhicules les plus rentables pour les constructeurs. Et le passage à l’électrique ne semble pas en passe de modifier cet adage. Entre restrictions dans les grandes villes et obligation de verdir les flottes, le marché européen des camionnettes s’électrifie de plus en plus vite. Les constructeurs fourbissent leurs gammes, à l’image de Renault et Stellantis.

Le Flexevan, la nouvelle génération d’utilitaires de Renault

Renault a ainsi annoncé ce vendredi un investissement de 300 millions d’euros dans son usine de Sandouville (Seine-Maritime) pour y produire à horizon 2026 une nouvelle génération de fourgons électriques, en collaboration avec Volvo et le géant de la logistique CMA CGM.

Les fourgons électriques commencent à se vendre en nombre: ils représentaient 7,4% du marché européen des utilitaires en 2023 (+56,8% en un an), contre 85,7% pour le roi diesel (+10,4% en un an), selon l’Association des constructeurs automobiles (ACEA).

Kia, Stellantis, Ford, VW

Le leader mondial Ford, Volkswagen avec sa filiale Man, ou l’Italien Iveco ont tous dégainé. Le Coréen Kia a annoncé de son côté début 2024 un projet ambitieux de plateforme modulaire pour des utilitaires.

La division utilitaire de Stellantis, numéro un européen avec ses marques Fiat ou Peugeot, compte de son côté vendre 40% de véhicules électriques dans le monde en 2030, tout en doublant son chiffre d’affaires.

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Bruno Le Maire le 29 mars 2024 dans l'usine Sandouville de Renault qui va produire la nouvelle génération de voitures électriques du constructeur © LOU BENOIST / AFP

Des associations entre marques pour réduire les coûts

“Il est grand temps que les constructeurs lancent leurs projets et s’activent sur le sujet, commente Sébastien Amichi, consultant du cabinet international Kearney. Tous ceux qui sont dans l’utilitaire vont devoir faire le choix d’y rester ou pas, en proposant des plateformes électriques”.

Il s’agit aussi de se préparer à une offensive chinoise qui pourrait arriver dans les deux prochaines années: des marques comme Maxus, BYD ou Farizon commencent à montrer un intérêt pour le marché européen, avec des fourgons de qualité, selon Sébastien Amichi.

Des start-up comme Canoo ou Rivian misent aussi sur ce secteur, rendu plus ouvert par la nouvelle technologie électrique. Mais les coûts et les risques de développement restent importants, poussant de grands groupes comme Renault et Volvo à s’associer, et certaines start-up comme Arrival ou Volta ont déjà dû arrêter les frais.

Comment faire baisser les prix

A cause de leurs grosses batteries, les fourgons électriques restent plus chers à l’achat que leurs équivalents diesel, mais ils sont moins coûteux à l’usage dans la plupart des cas, selon T&E, avec un coût moins dépendant de l’entretien et des fluctuations du prix du diesel.

Et la baisse rapide des prix des batteries mais aussi l’augmentation de l’autonomie de ces véhicules pourraient les rendre accessibles progressivement aux artisans, et non plus seulement aux entreprises disposant de flottes de centaines de véhicules.

Réduire les émissions de CO2 du transport de marchandises

Face à des prix élevés, les entreprises de transport n’ont pas vraiment le choix. Elles cherchent en effet aussi à réduire leurs émissions de CO2. Les émissions de CO2 liées aux camionnettes ont explosé en Europe (+55% entre 1990 et 2022), plus rapidement que celles des voitures et des camions, et la demande croissante de livraisons risque d’alourdir ce bilan.

Le volume de marchandises transporté explose, notamment dans les livraisons à particuliers.

“Sur toute la chaîne logistique, le dernier kilomètre est le moins difficile à décarboner”, analyse Jennifer Dungs, du fonds d’investissement européen EIT Innoenergy.

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Ces transporteurs veulent aussi continuer à entrer dans les centres-villes des grandes métropoles, qui se ferment progressivement aux utilitaires les plus polluants, l’image de Stockholm, Londres ou Paris.

Enfin, les clients de ces entreprises de transport veulent aussi améliorer leur bilan environnemental, et donner une meilleure image de leurs livraisons.

Certains géants se sont positionnés très tôt comme pionniers de l’électrique, comme Amazon qui s’est engagé à commander 100.000 fourgons électriques d’ici 2030 à la start-up Rivian, ou DHL qui compte déjà 29.000 véhicules électriques dans sa flotte mondiale.

“C’est prometteur, mais cette transition reste plus lente que celle des voitures”, tempère Max Mollière, spécialiste du transport de marchandises chez l’ONG Transport & Environment (T&E).

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