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"Son trafic va chuter drastiquement": quel avenir pour l'Orlyval après le prolongement de la ligne 14?

L'Orlyval, qui relie l'aéroport d'Orly au RER B. – Eric Piermont – AFP

Des collectifs d’usagers et des communes demandent la transformation de l’Orlyval en ligne de desserte locale. Si Île-de-France Mobilités se penche sérieusement sur cette possibilité, des études doivent encore être lancées.

C’est l’un des grands projets du réseau Île-de-France Mobilités. Le prolongement de la ligne 14 du métro parisien, dont la mise en service doit avoir lieu avant les Jeux olympiques, doit permettre de rejoindre l’aéroport d’Orly, qui était jusqu’ici desservi par la ligne spécifique Orlyval, accessible par le RER B à la station Antony.

“On voit la ligne d’arrivée”, ont déclaré cette semaine Jean Castex, PDG de la RATP et Valérie Pécresse, présidente d’IDF Mobilités, évoquant la fin du chantier.

Mais avec le prolongement la ligne 14, qui reliera le centre-ville de Paris à l’aéroport en moins de 30 minutes, l’Orlyval pourrait perdre tout son intérêt. Une crainte dont Île-de-France Mobilités a bien conscience.

“Avec l’ouverture du prolongement de la ligne 14 à l’aéroport d’Orly en 2024 puis celle de la ligne 18 en 2027 entre le plateau de Saclay et l’Aéroport d’Orly, puis, en 2030, jusqu’à Versailles-Chantiers, la navette Orlyval va perdre de son attractivité et son trafic va chuter drastiquement par rapport à la situation actuelle”, confirme le réseau de transports à BFMTV.com.

Trois nouvelles stations?

Le syndicat de transports franciliens réfléchit à l’avenir de l’Orlyval. Un démantèlement de la ligne a bien été évoqué mais ne serait, selon les associations d’usagers, pas la solution la plus pertinente. D’autant que “ça coûte très cher, de démonter une ligne”, estime Arnaud Bertrand, président du collectif Plus de trains.

Ce dernier, comme plusieurs autres associations, ainsi que des communes d’Essonne et du Val-de-Marne traversées par la ligne Orlyval, voudrait voir au contraire la navette transformée en desserte locale, avec l’ajout sur la ligne de trois arrêts à Rungis (Val-de-Marne), Wissous (Essonne), et un quartier d’Antony (Hauts-de-Seine) en plus du terminus au niveau de la gare du RER B.

“Quand on voit comment on se bat pour essayer d’obtenir par ici un tramway, par là un métro, quand on voit la difficulté qu’on a, notamment en banlieue, à obtenir une amélioration des transports… Là, on a une ligne qui existe, ce serait dommage de tout fermer”, insiste-t-il auprès de BFMTV.com.

La transformation de cette ligne permettrait ainsi de connecter des communes de banlieue parisienne à ce jour “mal desservies”, mais également d’assurer le développement économique de ces territoires.

Une connexion avec le RER B et la ligne 14

“Vous avez la spirale positive d’un territoire qui, étant bien relié, est attractif. Il y a quand même une énorme pénurie de logements en Île-de-France, donc c’est pas idiot de s’appuyer sur les lignes existantes pour faire un maillage un peu meilleur de nos transports en commun, parce que ça permet à des gens d’aller habiter un peu plus près de Paris que s’ils étaient allés habiter tout au bout d’une ligne de RER”, poursuit Arnaud Bertrand.

D’autant que faire de l’Orlyval une ligne de desserte locale permettrait de relier d’un côté les communes au RER B à Antony, mais aussi à la ligne 14 du métro à Orly, pour rejoindre la capitale.

“Relier ces villes à Orly demain, ce n’est pas juste relier à l’aéroport et pouvoir décoller. Ça peut servir pour des gens qui travaillent, qui sont hôtesses de l’air, qui sont agents ou employés dans l’aéroport. Ça va aussi beaucoup servir à récupérer la ligne 14 pour aller dans Paris, dans le coin de la bibliothèque Mitterrand, gare de Lyon”, détaille le président du collectif Plus de trains.

Le conseiller municipal de la commune de Wissous (Essonne), Jean-Luc Trouly, a quant à lui indiqué avoir déposé une demande lors de l’enquête publique clôturée le 16 mars dernier concernant le projet de Schéma directeur de la région Île-de-France environnemental (SDRIF-E), pour “le maintien de l’Orlyval en desserte locale avec trois arrêts en chemin”.

Une ligne rentable au niveau de la fréquentation?

À ce jour, Île-de-France Mobilités n’a pas encore déterminé l’avenir précis de l’Orlyval, mais reconnaît que la transformation de la ligne en un axe de desserte locale est “la seule option envisageable à terme”.

Entre 2019 et 2020, le réseau de transports a conduit une première phase d’études, qui n’a toutefois “pas permis de dégager une solution préférentielle quant au mode d’exploitation d’une éventuelle future ligne de desserte locale”. Concrètement, il n’est pas garanti que l’Orlyval laisse place à une ligne de métro. L’axe pourrait tout aussi bien être à l’avenir desservi par un système de bus.

“Des approfondissements seront conduits dans les années à venir avec le concours de la RATP, notamment avec l’hypothèse de création de trois stations supplémentaires”, précise Île-de-France Mobilités.

Pour les collectifs d’usagers, il n’y a pas de doute qu’une ligne de métro serait bien plus pratique que des bus. Mais un autre point de questionnement pour Île-de-France Mobilités réside dans la future fréquentation de cette éventuelle ligne locale.

“Ils nous disent: attention, on veut être sûrs qu’il y aura suffisamment de monde, parce que derrière, s’il faut notamment passer au tarif du ticket de métro, probablement qu’elle va coûter plus cher qu’elle ne va rapporter en recettes voyageur”, explique Arnaud Bertrand.

Île-de-France Mobilités indique qu’une évaluation “précise et chiffrée” des investissements nécessaires à la création de cette ligne devra être effectuée, “notamment des prévisions de fréquentation”. Mais le collectif Plus de trains est confiant sur l’utilité de cette éventuelle ligne pour les usagers.

Une première estimation de 290 millions d’euros

“On dit toujours qu’une ligne de transports fiable et fréquente, c’est une ligne qui, dans les dix ans, a sa fréquentation qui augmente énormément”, estime le président du collectif. Il se base notamment sur l’exemple de la ligne T2, ancienne ligne SNCF et remise en service en 1997 en tant que tramway.

“25 ans après, c’est devenu un problème tellement il y a de monde dedans. Si vous regardez toutes les stations autour, il y a énormément d’immeubles qui ont poussé, il y a du monde qui vient y habiter, il y a des immeubles de bureaux… Une infrastructure de transports en Île-de-France qui est fiable, fréquente, et qui fonctionne de 6 heures du matin à minuit, c’est toujours un succès”, assure-t-il.

Une première expertise commanditée par Île-de-France Mobilités estime des investissements nécessaires de l’ordre de 290 millions d’euros pour transformer entièrement la ligne Orlyval, “mais il est encore bien trop tôt pour s’engager sur un chiffre précis”, prévient le réseau.

Des “études d’approfondissement” seront ainsi lancées après les Jeux olympiques, notamment lorsque le protocole CPER (contrat de plan État-région, qui prévoit entre autres les grands investissements et projets d’aménagement du territoire à venir) sera approuvé par la région Île-de-France.

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