Essai Microlino : au volant de l’Isetta du XXIe siècle !

Starlette du dernier Mondial de l’automobile, la charmante suissesse Microlino se pose en rivale de la Citroën Ami, mais à un tarif très salé. Nous avons pris le volant de cette microcar électrique qui fait tourner les têtes.

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Test de la Microlino en version Pioneer dans les rues de Paris

L’argus

«Â Regarde, c’est la nouvelle Isetta ! », lance à son passager un monsieur au volant de sa Mini Clubman Cooper S. À peine sommes-nous sortis du palais des expositions de la porte de Versailles, où la Microlino était exposée au Mondial de l’automobile 2022, que nous voilà repérés. Il en sera ainsi durant tout notre périple urbain à bord de cette bulle posée sur quatre roues avec un moteur électrique à l’arrière.

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Cette version Microlino Pioneer est animée par un moteur électrique de 17 ch alimenté par une batterie de 10,5 kWh.

L'argus

Notre conducteur de Mini a une certaine culture automobile en ayant reconnu celle qui s’inspire de la fameuse BMW Isetta des années 1950. Aujourd’hui, on doit cette Microlino au Suisse Win Ouboter, dont l’entreprise est spécialisée dans la trottinette électrique. Fabriqué à Cecomp en Italie,ce quadricycle électrique se démarque, comme son aïeule germanique, par sa grande porte avant qui bascule sur la droite, son moteur qui transmet la puissance aux roues postérieures et ses deux places. Sa mission vise les courts trajets urbains.

Trois types de batteries pour la Microlino

C’est donc aux abords du Mondial de l’automobile, qui a fermé ses portes le 23 octobre dernier, que nous avons pris les commandes d’une version de lancement baptisée Pioneer, promise à 999 exemplaires. Dotée d’une batterie lithium-ion intermédiaire de 10,5 kWh, la puce serait capable de 175 km d’autonomie maximum (chiffres provisoires). Deux autres batteries sont aussi proposées : 6 kWh (99 km d’autonomie) et 14 kWh (230 km d’autonomie). Toutes disposent d’un chargeur embarqué de 2,6 kW permettant de « faire le plein » (5 à 80 %) entre 3 et 4 heures en fonction de leur capacité sur une prise domestique. Cette pile située dans le plancher alimente un moteur électrique de 12,5 kW et 118 Nm qui promet 90 km/h en vitesse maxi et un 0 à 50 km/h abattu en 5 secondes.

À bord de la Microlino

Gros avantage de la Microlino, elle dispose d’un coffre au volume remarquable de 230 l. Une prouesse pour une voiture qui ne mesure que 2,52 m entre les pare-chocs ! À titre de comparaison, une Fiat 500 électrique ne revendique que 185 l dans la malle, mais elle embarque quatre personnes dans 3,63 m. Et la rivale française Citroën Ami n’a pas de coffre du tout… Facilité par l’immense porte, l’accès se montre aisé même pour les grands gabarits. Et l’on apprécie que cet ouvrant dispose d’une assistance électrique (« soft close »), évitant de le claquer.

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Derrière le volant à trois branches, on trouve une instrumentation digitale fournissant les informations de base. Eric Montgobert

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La Microlino est un véhicule biplace. On accède à la banquette par l'unique porte avant, dont l'assistance électrique évite de la claquer Eric Montgobert

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La Microlino sur son stand au Mondial de l'automobile 2022. Elle a fait sensation ! Eric Montgobert

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Comme son inspiratrice la BMW Isetta, la Microlino possède une grande porte à l'avant. Eric Montgobert

Conducteur et passager prennent place sur une banquette un peu ferme, mais ils profitent d’un habitacle bien construit et baigné de lumière, surtout avec le toit en toile ouvert. Joli volant à trois branches en mains, le « pilote » a droit à une instrumentation digitale fournissant les informations de base (vitesse, niveau de la batterie, compteur journalier…) et à deux Commodo de part et d’autre de la colonne de direction permettant d’actionner les phares, les clignotants ou l’essuie-glace. C’est d’ailleurs sous cette commande que l’on glisse une banale clé pour démarrer la petite suissesse.

Au volant de la Microlino Pioneer

Sans un bruit, les voyants s’allument. On tourne la molette de transmission sur la position D (Drive), et la machine électrique se met en branle avec une sonorité évoquant celle d’une auto-tamponneuse. Une sorte de ronronnement qui classe irrémédiablement la Microlino hors de la catégorie des automobiles mais bien dans celle des quadricycles à moteur. C’est clair : dès les premiers mètres effectués au volant, on n’a aucunement le sentiment de conduire une voiture. Il s’agit bien d’un engin à part. Posée sur ses minuscules roues de 13 pouces et des pneus de 145 mm de large, la Microlino ne peut prétendre offrir le moelleux d’une Mercedes Classe S. La première saillie dans le parking nous donne raison, trahissant un confort très ferme. Après quelques centaines de mètres, nous tombons sur les pavés de la capitale, qui mettent à mal nos vertèbres.

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Dans cette version, la Microlino Pioneer réclame seulement 5 s pour passer de 0 à 50 km/h. Suffisant en ville.

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Assez mou au démarrage, le petit bloc électrique n’a en revanche aucun mal à aider ce « pot de yaourt » à se faufiler entre les courageux qui osent encore rouler en voiture dans Paris. Il y a même une touche Sport qui permet de profiter de plus de watts, mais qui fait aussi fondre la batterie plus rapidement. Dépourvue de direction assistée, la Microlino ne réclame pas d’effort surhumain pour braquer. Et, grâce à son poids relativement contenu (435 kg hors batterie), elle freine correctement. Ainsi, ni l’absence d’ABS ni celle d’airbags ou d’ESP ne nous a pas semblé dangereux lors de notre bref essai, où nous n’avons pas bloqué les roues en freinage d’urgence… sur le sec.

Difficile dans ces conditions de roulage de pousser la citadine dans ses derniers retranchements. Mais, au premier abord, nous avons pu noter que la tenue de route se montrait saine et que la prise de roulis était relativement contenue. Avec 90 km/h en pointe, cette version avec permis de la Microlino est capable d’affronter les voies rapides. Mais avouons que l’on se sent peu de chose aux côtés d’un 38 tonnes. Pourtant, la firme suisse insiste sur la structure intégrale en acier pressé et en aluminium qui assurerait une sécurité optimale… pour un quadricycle à moteur.

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Ce « pot de yaourt » n'a aucun mal à se faufiler dans le trafic parisien. Pour autant, il ne fait pas sauter les bouchons comme un deux-roues.

L'argus

On l’aura compris, le rôle de cet engin est de vous véhiculer en ville et de vous garer dans un trou de souris. Et pour ça, la Microlino fait des merveilles. Car, en plus de son gabarit riquiqui, elle peut stationner perpendiculairement au trottoir (en Suisse en tout cas), et la porte avant permet de sortir directement vers le trottoir. Gare toutefois aux flancs, qui sont du coup exposés aux pare-chocs des voitures garées « dans le bon sens ». Et puis, il y a une chose qu’aucun autre modèle de cette drôle de catégorie de véhicules ne possède : une bouille craquante qui fait se lever de nombreux pouces sur notre passage, avec des commentaires demandant où l’on peut se procurer cette merveille des villes. Une image sympathique qui donne envie de rouler à nouveau dans la capitale au volant d’une voiture(tte), avec ou sans permis… même si elle ne fait pas sauter les bouchons comme un deux-roues.

Prix Microlino

Il faudra consentir à faire un sacrifice financier. L’offre démarre en effet, hors bonus, à 14 990 € pour une version de base Urban équipée de la petite batterie. Et elle grimpe à plus de 22 000 € pour une Pioneer dotée de la grosse batterie et des options proposées. C’est cher, très cher même, mais la société suisse Micro Mobility System promet une version sans permis, spécifique à la France, moins onéreuse, aux alentours de 14 000 € selon nos informations. À titre de comparaison, une Citroën Ami de base est facturée, dans son plus simple appareil, 6 890 € (bonus déduit). C’est plus de deux fois moins cher pour des prestations assez proches, mais la qualité de fabrication de la française se situe bien en deçà de ce que propose la Microlino. Quant au style, dans son genre il ne laisse pas indifférent non plus.

Enfin, comptez 28 351 € pour une Smart EQ fortwo. Mais il s’agit là d’une vraie voiture, avec permis de conduire obligatoire, répondant aux standards de fabrication et de sécurité Mercedes. La Microlino sera lancée au printemps 2023 sur notre marché. Elle pourra être configurée et commandée sur Internet avant d’être livrée dans un réseau de distribution déjà existant, qui pourrait bien ne pas faire partie du monde de l’automobile. Affaire à suivre.

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Bilan essai Microlino

Nous ne sommes pas les seuls à avoir craqué pour son physique incroyablement sympathique. Rigolote à conduire, bien pensée et dotée d’un très grand coffre pour son gabarit, cette Microlino manque néanmoins de confort et s’affiche à des tarifs très élevés qui risquent de ne séduire qu’une certaine catégorie de citadins, cherchant avant tout un engin électrique au style fort.

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Dépourvue de direction assistée, la Microlino ne réclame pas d'effort surhumain pour braquer.

L'argus

On aime

  • Style craquant
  • Utilisation extra-urbaine possible
  • Volume de coffre

On regrette

  • Tarifs très élevés
  • Confort ferme
  • Réseau de distribution encore inconnu

Fiche technique Microlino Pioneer

  • Longueur : 2,52 m
  • Coffre : 230 l
  • Moteur : électrique
  • Puissance : 12,5 kW – 17 ch
  • Couple : 118 Nm
  • Batterie : lithium-ion
  • Capacité batterie : 10,5 kWh
  • Autonomie : 175 km (chiffre provisoire)
  • Chargeur AC : 2,6 kW
  • 0 à 50 km/h : 5 s
  • Vitesse maxi : 90 km/h

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