Auto

L’auto peut-elle échapper à l’ogre Google ?

L’accord conclu récemment avec Porsche laisse à penser que le géant de l’Internet se glisse inexorablement dans les tableaux de bord. Il n’a pourtant pas le monopole.

Ainsi donc Porsche – qui avait refusé en 2015 l’arrivée d’Android Auto sur ses voitures, sous prétexte que Google demandait à collecter trop de données – annonce un partenariat sur le long terme avec ce même acteur américain. Le communiqué indique que le constructeur allemand étend sa collaboration et va intégrer encore plus profondément ses services. À ce stade, l’accord ne concerne que les services connectés, à savoir : la navigation, l’assistant vocal et les applications du Google Play Store* qui peuvent être utilisées en voiture.

Malgré ce qui a pu être écrit sur le sujet, Porsche ne renonce pas à l’interface de son système multimédia, le PCM (Porsche Communication Center). Celui-ci reste bien en place et va simplement intégrer les services que veulent retrouver à bord les clients de la marque, avec en prime des mises à jour régulières.

Il se trouve qu’Android Auto est le standard dominant dans la téléphonie, avec 70 % de part de marché. C’est donc assez logique de privilégier Google pour bénéficier d’un parcours digital sans rupture. « Nous avons une approche ouverte et développons des innovations avec des leaders de la technologie », se justifie Oliver Blume, le Président de Porsche et du groupe Volkswagen. Pour autant, le fabricant de voitures de sport précise bien que, dans le futur, les écosystèmes de plusieurs fournisseurs se retrouveront à bord des Porsche.

*En 2023, on dénombre 3,7 millions d’applications dans cet écosystème. C’est un million de plus qu’en 2022 et deux fois plus qu’Apple.

Android Automotive… avec ou sans les services de Google

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La particularité de Google est de développer des services connectés que l’on peut retrouver à partir d’un smartphone (avec Android Auto, tout comme Apple avec CarPlay), mais de proposer une plateforme embarquée pour l’automobile. C’est ce qu’on appelle Android Automotive. Le choix revient ensuite au constructeur automobile d’opter pour la simple partie logicielle sous Android ou de prendre le pack complet avec les services connectés.

Renault et Volvo font par exemple partie des constructeurs qui ont choisi la formule « tout compris ». C’est ce qui leur permet de bénéficier aussi d’avancées technologiques, comme la navigation HD de Google. À l’inverse, un constructeur comme BMW, qui va pourtant faire migrer sa plateforme embarquée, veut garder le contrôle des services. Il a préféré sélectionner le store d’Aptoide, un fournisseur détenu par l’équipementier français Faurecia et qui est aussi basé sur Android Automotive. Il propose 250 applications adaptées à l’automobile. L’avantage est que le constructeur garde le contrôle, peut sélectionner les applis proposées aux clients et peuvent aussi monétiser leurs services.

LG cible le divertissement en auto

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Et en dehors de Google, que trouve-t-on ?

Apple, qui compte beaucoup sur la deuxième version de CarPlay, avec la possibilité de personnaliser tous les écrans du tableau de bord, n’a toujours pas annoncé de clients. En revanche, Porsche a été le premier constructeur l’été dernier à proposer une application à son nom, compatible avec CarPlay et permettant de faire des réglages sur la voiture (audio, éclairage d’ambiance, climatisation). Le Cayenne a été le premier modèle à inaugurer ces fonctions. La firme à la pomme n’a pas de plans pour proposer de plateforme logicielle pour l’automobile.

Ce n’est pas le cas de LG. Le groupe coréen a développé une version adaptée pour l’automobile de son système d’exploitation qui a pour nom WebOS**. Et il figure à bord d’un système multimédia qu’il va fournir pour Hyundai, et en particulier sa marque de luxe Genesis. Le deal, qui concerne le marché américain, prévoit notamment l’accès à… YouTube (une filiale de Google). Les vidéos peuvent être consultées par les passagers avec un affichage adapté à la voiture et avec un son immersif.

À l’avenir, il faudra aussi probablement compter avec des écosystèmes chinois. Huawei et Xiaomi proposent sur leur marché d’origine, tout comme Alibaba. L’arrivée toujours plus massive de voitures électriques chinoises pourrait favoriser de nouveaux acteurs numériques.

**Il se trouve à bord de 200 millions de téléviseurs. Il faut savoir que LG s’est associé à une société suisse, Luxsoft, qui travaille avec 90 % des constructeurs sur l’élaboration de leurs voitures définies par logiciel. Cet acteur inconnu du grand public est intégré à l’écoystème automobile de grands groupes comme Microsoft et Amazon

Google et l’OS de demain

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L’un des enjeux de demain est le système d’exploitation.

On a déjà eu l’occasion de vous expliquer sur Autonews que certains constructeurs développent leur propre OS, comme BMW, Mercedes ou encore Volkswagen, qui s’appuie sur sa filiale spécialisée dans les logiciels, Cariad (qui a connu des soubresauts). Récemment remaniée, elle a mis en place un store d’application pour le groupe Volkswagen, en coopération avec Harman, qui appartient à Samsung. La plateforme permet par exemple d’accéder à Youtube ou au service de visioconférences Webex.

Pour sa part, Renault semble avoir mis ses œufs dans le même panier. La marque au losange a non seulement opté pour Android Automotive, mais elle va confier au géant américain le cœur de son futur système d’exploitation. C’est aussi sur Google que le groupe se repose pour le cloud auquel sont reliés ses usines.

Les autres constructeurs ont tendance à sélectionner Amazon (AW) ou Microsoft, sans confier à un même géant du numérique les clés du château. Encore que… BMW va collaborer avec Amazon pour héberger dans le cloud les données liées aux futurs systèmes de conduite automatisés (en plus de gérer les données pour les mises à jour logicielles de la flotte connectée). Et il va aussi se reposer sur la technologie d’Alexa pour développer sa prochaine génération d’assistant vocal. Google n’a peut-être pas le monopole, mais c’est difficile de se passer des champions du digital.

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