Alors qu'il ne devait pas venir en Europe, le SUV compact Toyota Corolla Cross y sera bien importé, et la France y aura aussi droit même si sa date d'arrivée reste à déterminer. Que vaut ce chaînon manquant entre C-HR et RAV4 ? L'argus a déjà pu monter à bord pour se faire une première idée.
- Dimensions : le chaînon manquant ?
- Style : l’enfant sage de la famille
- Habitacle : des efforts pour l’Europe
- Habitabilité : pas de record en vue
- Moteur : l’hybride frise les 200 ch
- Bilan Toyota Corolla Cross
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Alors qu’il n’était pas vraiment prévu pour l’Europe au départ, le Corolla Cross y sera finalement proposé, y compris en France. L’argus a pu s’installer à son bord.
Denis Meunier
Avec ses 4,46 m de long, le Corolla Cross affiche le même format que bien des best-sellers européens, comme les Peugeot 3008 ou Volkswagen Tiguan. Pourtant, lorsqu’il a été dévoilé en Thaïlande, à l’été 2020, ce SUV compact ne devait pas faire le voyage vers le Vieux Continent. C’est donc avec une certaine surprise que nous l’avons retrouvé à Bruxelles lors du Kenshiki forum, l’événement organisé chaque année depuis 2019 par Toyota pour présenter sa stratégie et ses nouveautés en Europe. Sa présence ici s’est très vite expliquée. Finalement, ce nouveau rejeton de la grande famille Corolla sera bien importé dans nos contrées, à l’automne 2022. Sa date de commercialisation en France n’est pas encore déterminée, mais le modèle sera bien proposé dans l’Hexagone. Fabriqué au Japon et revu pour l’occasion, il aura même l’honneur d’étrenner la cinquième génération du système hybride maison. L’argus n’a donc pas manqué de s’installer à bord pour savoir ce que ce nouveau venu pourrait bien apporter à un segment déjà très encombré.
Dimensions : le chaînon manquant ?
Avec ses 4,46 m de long et ses 1,62 m de haut, ce SUV se place entre les C-HR et RAV4 dans la gamme.
Le Corolla Cross permet de réparer une lacune dans la gamme. Il se veut plus familial que son petit frère C-HR, mais moins encombrant que le RAV4. Il est donc plus long de 7 cm que le premier, tout en restant plus court de 14 cm que le second. Sa hauteur de 1,62 m le place aussi à mi-chemin entre les deux, tout comme sa largeur. Sur le papier, ce dernier-né adopte donc les dimensions idéales pour s’imposer sur notre marché. En revanche, il garde le même empattement de 2,64 m que le C-HR ou que la Corolla 5 portes, quand les Tiguan ou 3008 disposent de 4 cm de plus entre les deux essieux. Nous verrons plus loin si cela a un impact sur son habitabilité arrière.
| Dimensions | Toyota Corolla Cross |
| L x l x h | 4,46 x 1,83 x 1,62 m |
| Empattement | 2,64 m |
Style : l’enfant sage de la famille
Si le Corolla Cross repose sur la même plate-forme que la berline, le break ou que son petit frère C-HR, son style évoque davantage le RAV4, en moins anguleux.
Le Corolla Cross a d’abord été présenté en Thaïlande en juillet 2020, avant d’arriver en Amérique du Nord, puis au Japon. Il débarquera enfin en Europe à l’automne 2022.
Apparu en 2016, le C-HR avait fait le pari de l’originalité, avec de faux airs de coupé. La berline et le break Corolla sont déjà plus conventionnels, mais leur minces optiques en boomerang et leur grande bouche placée assez bas leur permettent tout de même de se démarquer. En comparaison, le Corolla Cross apparaît ainsi bien plus sage. Même s’ils adoptent une signature lumineuse plus moderne en Europe, ses phares et feux arrière demeurent très imposants et assez classiques. Dans l’esprit, ce SUV est finalement plus proche du RAV4, comme en témoignent ses passages de roue très carrés, son hayon vertical ou son montant arrière scindé. Mais il opte pour un langage stylistique beaucoup moins anguleux, qui pourra en rassurer certains… ou être jugé trop timide par d’autres, malgré son immense calandre trapézoïdale.
Habitacle : des efforts pour l’Europe
L’essentiel de la planche de bord est partagé avec la berline et le break Corolla, ce qui n’est pas un gage de modernité.
L’appartenance à la famille Corolla, c’est finalement surtout dans l’habitacle qu’elle transparaît. L’essentiel de la planche de bord est en effet partagé avec la berline et le break. Un mobilier dont nous avons hélas déjà constaté, lors d’un récent match avec l’Opel Astra, qu’il commençait à vieillir. Les rangements entre les sièges se révèlent ainsi assez petits, à cause notamment du levier de vitesses « à l’ancienne ». On retrouve également quelques boutons au style daté, pour les sièges chauffants par exemple, et une ambiance générale assez sombre. Quant à la qualité de fabrication, il faudra encore attendre pour se prononcer. L’exemplaire que nous avons approché était en effet une présérie ; les matériaux peu flatteurs n’étaient donc pas forcément définitifs.
Beaucoup plus moderne et réactif, le nouveau système multimédia maison est le bienvenu. Il est ici piloté par un écran de 10,5 pouces.
Toyota a tout de même consenti quelques efforts, spécifiques au marché européen, pour apporter une touche de modernité à l’ensemble. C’est ainsi la première fois que la marque opte pour une instrumentation 100 % numérique, avec un large écran de 12,3 pouces. De nombreux dessins de compteurs seront disponibles, entre autres possibilités de personnalisation. On pourra toutefois déplorer qu’il soit impossible d’afficher la carte du GPS en grand et que l’affichage tête haute, qui projette les informations sur le pare-brise, ne soit plus disponible, même en option. La dalle centrale tactile prend également de l’ampleur, en passant de 8 pouces maximum sur la berline à 10,5 pouces. Surtout, elle s’accompagne d’emblée du nouveau système multimédia maison, qui vient de débarquer sur le reste de la gamme. Outre des graphismes plus modernes, on apprécie l’énorme gain de réactivité quand il faut naviguer dans les menus. Il était temps ! Seul le remplacement des molettes de réglage du volume par des boutons pourra ressembler à une régression pour certains. Toyota a néanmoins conservé assez de fonctions en accès direct pour éviter de trop détourner l’attention de la route.
Habitabilité : pas de record en vue
Même s’il propose des places arrière plus accueillantes que le C-HR, ce SUV compact ne bat pas de records d’habitabilité.
Classé dans les SUV compacts par Toyota, le C-HR n’est clairement pas le plus accueillant de son segment aux places arrière. Il suffit d’ailleurs de le regarder pour s’en douter ! Avec sa hauteur nettement supérieure et son pavillon beaucoup plus droit, le Corolla Cross n’a pas trop de mal à faire mieux. Déjà, l’accès à la banquette y est beaucoup plus aisé. Ensuite, les surfaces vitrées supérieures donnent moins l’impression d’être confiné, et la garde au toit convient parfaitement aux plus grands. On appréciera aussi les caves à pieds accueillantes. Mais pas de miracles, empattement inchangé oblige, l’espace aux jambes demeure simplement moyen. Sur ce point, le Cross ne fait pas beaucoup mieux que la berline, qui n’est déjà pas une référence dans sa catégorie. Dommage, dès lors, que la banquette ne soit pas coulissante : seule l’inclinaison de ses dossiers est réglable. Assez dure et plus étroite que les autres, la place centrale demeure également plus destinée à dépanner qu’à accueillir durablement des passagers.
Le volume de coffre n’est pas communiqué, mais il s’annonce clairement plus important que sur la berline.
C’est donc surtout le coffre qui devrait profiter des 9 cm gagnés en longueur par rapport à la berline. Toyota n’a encore donné aucun volume et nous n’avons pu effectuer de mesures chiffrées, mais cette soute nous a paru à la fois plus haute, plus longue et plus large que celle de la Corolla 5 portes. Avec, en prime, un seuil de chargement assez bas, un hayon à ouverture électrique et des formes très carrées. Seule une protubérance côté droit attire l’attention : elle cache la batterie 12 volts. Nécessaire aux accessoires électriques, cette dernière n’empiète ainsi plus sur la hauteur de chargement. C’était l’un des défauts majeurs du reste de la gamme Corolla en version hybride 2.0. Une motorisation qui sera la seule disponible dans le Corolla Cross européen au lancement, mais dans une configuration inconnue jusqu’ici.
Moteur : l’hybride frise les 200 ch
La plus grosse nouveauté de ce SUV est en effet bien cachée. C’est lui qui a la lourde charge d’inaugurer la cinquième génération du système hybride HSD de la marque. Avec, notamment, sous la banquette arrière, une nouvelle batterie lithium-ion de traction, à la fois plus puissante et 40 % plus légère que l’ancienne. La puissance du moteur électrique chargé d’épauler le quatre-cylindres 2.0 atmosphérique a ainsi pu être augmentée par la même occasion. Au total, le système passe de 184 à 197 ch. Malgré l’absence de turbo, la barre des 100 ch/l n’est plus très loin. La transmission à train épicycloïdal, caractéristique du constructeur, profite pour sa part de diverses améliorations, incluant notamment une nouvelle lubrification avec l’emploi d’huiles à faible viscosité. Malgré son poids supérieur et son aérodynamique moins favorable, le Corolla Cross serait en mesure de boucler un 0 à 100 km/h aussi vite que le break Touring Sports, en seulement 8,1 s.
Ce « Cross » sera le premier membre de la famille Corolla disponible en quatre roues motrices.
Plus que les performances, c’est cependant l’agrément qui pourrait progresser. Toyota affirme en effet proposer une réponse plus linéaire à l’accélération afin de gommer l’effet d’emballement du moteur souvent reproché à ses productions. Seuls les essais, fin octobre, pourront nous dire si le contrat est rempli. Mais dans tous les cas, cette motorisation hybride, qui n’impose aucune contrainte de recharge, s’annonce comme un des atouts majeurs du modèle. Surtout qu’il sera possible, contre supplément, de la commander en version AWD-i. Comme sur le RAV4 ou le nouveau Yaris Cross, un petit moteur électrique, ici fort de 30,6 kW (42 ch), sera alors ajouté sur le train arrière, permettant de profiter de quatre roues motrices. Une proposition inconnue des autres Corolla et du C-HR. Reste à connaître les prix, qui devront impérativement être bien moins élevés que ceux des concurrents hybrides rechargeables sur secteur pour espérer percer. Le 1.8 hybride de 122 ch, déjà proposé sur d’autres marchés, aurait pu aider à abaisser la note, mais il n’est pas prévu en Europe pour l’instant.
Bilan Toyota Corolla Cross
La grande calandre hexagonale n’évoque pas vraiment d’autres productions Toyota européennes.
Même si elle n’était pas prévue au départ, l’arrivée du Corolla Cross en Europe semble d’une logique implacable. Par son format comme par sa silhouette, ce SUV répond parfaitement à ceux qui trouvaient le C-HR soit trop étriqué, soit trop audacieux. Il pourra ainsi affronter plus directement les Nissan Qashqai, Peugeot 3008, VW Tiguan ou le remplaçant du Renault Kadjar. Mais en reprenant la planche de bord d’une Corolla âgée de plus de trois ans, ce nouveau venu prend le risque de paraître déjà un peu daté dès son lancement sur le Vieux Continent, fin 2022, malgré ses écrans inédits. Sa silhouette très sage ne l’aidera pas davantage à se démarquer, et son habitabilité arrière n’établira pas de nouvelles références. Gare, toutefois, à ne pas trop négliger ce nouvel acteur, qui inaugure une nouvelle génération du système hybride Toyota aux améliorations prometteuses. Presque sans équivalent dans la catégorie, cette motorisation pourrait se révéler décisive pour de nombreux acheteurs, d’autant qu’elle pourra même se décliner en version quatre roues motrices.
