par Gilles Guillaume
PARIS, 9 février (Reuters) – Renault et Geely pourraient annoncer vers la fin février la finalisation de leur co-entreprise dans les motorisations thermiques et hybrides, ont dit à Reuters deux sources proches du dossier, remettant sur le devant de la scène l’activité historique du groupe au losange dont il tire toujours la majorité de ses revenus.
Selon une des sources, Saudi Aramaco pourrait également annoncer au moment du “closing” la signature d’un protocole d’accord (MOU) pour rejoindre la co-entreprise (JV), confirmant sa lettre d’intention de mars dernier et sa volonté de devenir un investisseur stratégique réaffirmée en juillet 2023.
En juillet dernier, Renault et Geely avaient annoncé pour la JV un montage initial de 50% pour Renault et de 50% pour Geely -divisés en 33% pour Aurobay et 17% pour GHPT, deux filiales du groupe chinois.
“Les projets progressent comme prévu, nous communiquerons en temps voulu”, a déclaré une porte-parole de Renault, sans plus de précision, tandis qu’un porte-parole de Geely Europe a dit “ne faire aucun commentaire sur le calendrier” du projet.
Aramco a répondu de son côté dans un courriel ne pas être en mesure de commenter ces informations dans l’immédiat.
Luca de Meo multiplie les partenariats pour réduire les coûts et accéder à de nouveaux marchés. La transformation de l’activité historique du groupe a été éclipsée dernièrement par son autre grand projet dédié à l’électrique et aux logiciels, Ampère, dont l’introduction en Bourse a été brutalement annulée en janvier à cause des conditions de marché.
Renault a réalisé l’an dernier environ 93% de ses 2,23 millions de ventes avec des véhicules à moteur thermique et hydride, contre environ 7% avec des modèles purement électriques, pour lesquelles sa gamme n’a pas encore été complètement renouvelée.
LE RETOUR DU BUSINESS HISTORIQUE
La JV Renault-Geely fonctionnera comme un équipementier pour les marques des deux groupes, mais aussi pour d’autres constructeurs tiers. Selon les deux sources, l’intérêt est vif, à la fois hors d’Europe où beaucoup de marchés sont loin de passer au tout électrique, mais aussi sur le continent européen où certains clients n’excluent pas un décalage de l’interdiction de 2035 pour les moteurs thermiques.
Renault, qui publiera jeudi prochain ses résultats 2023, a dit viser pour l’année écoulée une marge opérationnelle dans le haut de sa fourchette de prévision allant de 7% à 8%, contre moins de 6% en 2022. Son objectif pour 2025 est fixé à 8% et pour 2030 à 10%.
Le groupe table aussi sur un free cash-flow opérationnel de l’automobile supérieur ou égal à 2,5 milliards d’euros en 2023.
Malgré l’amélioration de sa performance, Renault souffre toujours de la comparaison avec Stellantis, né de la fusion entre son concurrent français PSA et FCA.
Le groupe aux 14 marques, qui a démenti cette semaine des informations de la presse italienne selon lesquelles la France pousserait à une fusion entre les deux constructeurs, est l’un des plus rentables du secteur. Ses résultats, qui seront publiés le même jour que ceux de Renault, devraient être marqués à nouveau par une marge opérationnelle ajustée à deux chiffres. (Reportage Gilles Guillaume, édité par Sophie Louet)