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Renaulution : les analystes mettent en garde

Le vaste plan de réorganisation de Renault peine pour le moment à séduire les analystes, qui redoutent sa complexité.

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Deux jours après la présentation du Capital market day, durant lequel Luca de Meo a détaillé la nouvelle organisation du groupe Renault dont il est le directeur général, certains analystes s’inquiètent du fait que l’entreprise se scinde en cinq unités distinctes.

Figurent en effet au programme « Power » (véhicules à motorisations thermiques et hybrides), « Ampère » (branche dédiée aux véhicules électriques, qui arrivera en bourse courant 2023 et à travers laquelle Renault espère attirer les investisseurs), « Alpine » (voitures de sport), « Mobilize » (nouvelles mobilités et financements) et « The future is neutral » (économie circulaire).

Toutes ces unités publieront leurs résultats en 2024, ce qui permettra de jauger de leur efficacité. Et à cela s’ajoute la coentreprise liant Renault au chinois Geely (projet « Horse »), qui a pour but de fournir des motorisations thermiques et hybrides, avec la perspective de s’ouvrir des accès aux Etats-Unis et à la Chine.

Le projet est ambitieux, et probablement le pilotage plus resserré que cette division induit permettra-t-il une efficacité améliorée. On peut même ajouter que ce chambardement est vital pour un groupe automobile en difficultés ces dernières années, et qui n’a pas assez su faire fructifier son avance sur l’électrique. Mais le fait est que sa complexité inquiète.

“La simplicité, c’est le sens de l’histoire. Pourquoi recréer cinq entreprises avec leurs comptes de résultat?”

«Â La séparation des opérations thermiques/électriques est critique pour le scénario d’investissement, mais la séparation en cinq unités différentes, chacune avec son propre compte de résultat, des alliances multiples et des minoritaires, introduit une complexité inutile en terme de gouvernance et de valorisation », résume dans une note Philippe Houchois, analyste chez Jefferies, cité par l’agence Bloomberg.

Quelques heures auparavant, le même avait posé les choses ainsi : « La simplicité, c’est le sens de l’histoire. Pourquoi recréer cinq entreprises avec leurs comptes de résultat? Le projet d’IPO (introduction en bourse, NDLR) d’Ampère me surprend aussi: on a vu avec l’introduction en Bourse de Porsche que sa valorisation s’est envolée. En revanche, celle de Volkswagen n’a pas bougé. C’est dans Ampère qu’est la valeur et cela risque de spolier des actionnaires de Renault. »

«Â D’un point de vue opérationnel, où vont se positionner les métiers transversaux dans le nouveau Renault5 ?”, renchérit Romain Gillet, analyste automobile chez S&P Global.

Quant à Tom Narayan (RBC Capital Markets), il se demande comment Ampère (l’activité véhicules électriques) pourrait être séparée des opérations liées aux moteurs à combustion, dans la mesure où elles partagent certaines opérations de fabrication : « Cela contraste avec ce que certains autres constructeurs automobiles ont dit, notamment Volkswagen, Mercedes-Benz et Stellantis, qui ne croient pas aux séparations des activités [véhicules électriques]. »

Depuis les annonces du début de semaine, l’action Renault a poursuivi sa tendance à la baisse (-3,5% mardi, -4% mercredi), et n’a pas repassé la barre des 30 €.

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