Leader de l'hybride, Toyota a émis de nombreuses réserves au sujet du 100 % électrique. Mais la marque se lance enfin avec le bZ4X, un SUV familial totalement différent du RAV4, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, et bâti sur une plate-forme inédite. Découverte.
- Dimensions : plus grand qu’un RAV4
- Style : éloge de la complexité
- Habitacle : esprit Peugeot, es-tu là ?
- Habitabilité : l’ami des plus grands
- Moteur : pas de course aux records
- Fiche technique bZ4X
- Bilan Toyota bZ4X
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L’argus a pu prendre place à bord du bZ4X, le premier SUV 100 % électrique à vocation mondiale de Toyota.
Denis Meunier
[Mise à jour le 25/02/2022] Après la découverte en studio de ce crossover électrique au drôle de nom, nous avons pris le volant d’un modèle de présérie pour un premier roulage qui permet déjà d’en savoir beaucoup sur ce bZ4X, premier SUV électrique de Toyota.
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Passionné de sport automobile, le patron de Toyota, Akio Toyoda, est beaucoup moins enthousiaste sur le 100 % électrique. Ces derniers mois, il a émis plusieurs fois des réserves au sujet de ce type de motorisation, qu’il n’envisage pas comme la solution unique face au réchauffement climatique. Mais cela ne signifie pas que la marque ait décidé un boycott total. Elle a même développé une plate-forme inédite, baptisée e-TNGA, qui doit servir à six véhicules dépourvus de tout bloc thermique. Tous feront partie d’une nouvelle gamme baptisée bZ, pour beyond zero ( « au-delà de zéro » en français). Avec, en guise de premier de cordée, un SUV familial qui sera commercialisé en juin 2022 en France, le bZ4X. Ce rival des Tesla Model X, Volkswagen ID.4 ou Kia EV6 a-t-il des arguments pour se faire pardonner son arrivée tardive ? En attendant les essais, L’argus a déjà pu prendre place à bord en statique.
Dimensions : plus grand qu’un RAV4
Avec ses 4,69 m de long, ce bZ4X dépasse un RAV4 de 9 cm en longueur. Mais son empattement est carrément plus étiré de 16 cm !
S’il existe déjà en Chine un C-HR électrique, ce premier modèle à vocation mondiale est bien plus imposant. Avec ses 4,69 m, il dépasse un RAV4 de 9 cm. Mais c’est surtout la différence d’empattement qui impressionne. Grâce à des porte-à-faux bien plus courts, on passe carrément de 2,69 m à 2,85 m, soit 16 cm de plus. C’est de bon augure pour l’espace aux jambes à l’arrière, et Toyota annonce qu’il doit fixer de nouvelles références dans la catégorie. Nous verrons plus tard si c’est bien le cas. La hauteur est en revanche inférieure de 5 cm à celle de l’autre SUV familial de la marque, même si cela reste à prendre avec des pincettes : elle est communiquée avec antenne dans un cas et avec barres de toit dans l’autre. Quant à la largeur, elle est identique. Notez aussi que le volume de coffre annoncé est plutôt modeste pour le gabarit, avec 128 l de moins que dans le RAV4.
| Dimensions | Toyota bZ4X | Toyota RAV4 |
| L x l x h (m) | 4,69 x 1,86 x 1,65* | 4,60 x 1,86 x 1,69** |
| Empattement (m) | 2,85 | 2,69 |
| Coffre en 4 x 2 (l) | 452 | 580 |
* Hauteur avec antenne ** Hauteur avec barres de toit
Style : éloge de la complexité
Amateurs de sobriété, passez votre chemin : ce japonais préfère un style assez complexe, très manga dans l’âme.
Le proche cousin Subaru Solterra se démarque notamment par une grille hexagonale, qui n’a pas d’utilité technique.
Rien de plus subjectif que le style. Nous vous laisserons donc seuls juges à propos de celui du bZ4X. Mais, contrairement au Corolla Cross que nous avons découvert lors du même événement « Kenshiki Forum », à Bruxelles, on ne peut lui reprocher de manquer d’originalité. Inutile sur un modèle 100 % électrique, la calandre est ici réduite à sa plus simple expression. C’est la principale différence avec le Solterra, le jumeau que proposera Subaru en vertu d’un accord entre les deux constructeurs. L’insert couleur carrosserie dans les phares est un autre moyen de les distinguer, tout comme le bandeau lumineux entre les imposants feux arrière, réservé à Toyota. Pour le reste, en revanche, on retrouve le même langage esthétique très tourmenté, avec des lignes anguleuses à souhait, deux petits becquets en haut de la lunette arrière ou encore des entourages de passages de roue peints en noir. On est davantage dans l’esprit du crossover Kia EV6 que dans celui des Tesla Model Y et Volkswagen ID.4, plutôt adeptes des rondeurs.
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Habitacle : esprit Peugeot, es-tu là ?
L’habitacle tranche avec les habitudes de Toyota, avec une instrumentation numérique en hauteur, façon Peugeot i-cockpit.
Un volant assez bas, une instrumentation numérique perchée en hauteur et repoussée assez loin, cela ne vous rappelle rien ? Gagné : l’habitacle du bZ4X évoque fortement le i-Cockpit qui a tant réussi aux Peugeot actuelles. On y retrouve d’ailleurs le même défaut – les compteurs peuvent se retrouver partiellement masqués par la jante du volant – plus ou moins prononcé en fonction de votre position de conduite. Mais Toyota a trouvé une parade digne d’un concept-car… ou des Tesla Model S et Model X restylées : un mini-volant comportant deux poignées façon joystick d’avion. En Europe, il faudra toutefois attendre 2023 pour voir arriver cet équipement futuriste, qui sera accompagné d’une innovante direction « steer-by-wire », sans liaison mécanique avec les roues. Pour 2022, la priorité sera donnée à la Chine et au cousin premium Lexus RZ 450e, construit sur la même base.
Sous l’arche qui sépare les passagers avant, on trouve un grand rangement avec deux prises USB. Le logement sous l’accoudoir est également accueillant.
Digne d’un joystick d’avion, ce volant futuriste ne sera pas proposé en Europe avant 2023. Il s’accompagnera d’une direction innovante.
Le reste de l’habitacle tranche cependant déjà avec les autres productions du constructeur. Les passagers sont séparés par une imposante arche qui dissimule de nombreux rangements assez grands, notamment en-dessous. Voilà qui compense en partie l’absence totale de boîte à gants côté droit. La console centrale est, elle, dominée par un large écran tactile 12 pouces, plutôt réactif, qui contraste avec la petitesse de l’instrumentation numérique, limitée à 7 pouces. Le tactile est aussi de mise pour piloter de nombreuses fonctions, mais Toyota a eu la bonne idée de laisser un accès direct pour bon nombre d’entre elles et de garder de vrais boutons pour régler la température. L’ergonomie demeure donc relativement intuitive. En revanche, les nombreux plastiques noirs laqués devraient vite se couvrir de traces de doigts et ne donnent pas une franche impression de qualité. Dommage, car la marque a consenti quelques efforts sur ce point avec des assemblages soignés et des matériaux parfois originaux, comme ce tissu un brin rétro face au passager avant.
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Habitabilité : l’ami des plus grands
L’espace aux jambes à l’arrière est quasiment digne d’une prestigieuse limousine.
Vous n’arrivez jamais à caser correctement vos jambes interminables en voiture ? Peut-être que le bZ4X pourrait vous éviter de vous tourner vers une dispendieuse limousine comme la Mercedes EQS ! Nous n’avons pas encore pu effectuer de mesures, mais nul besoin de mètre à ruban pour constater que l’espace dévolu aux genoux est royal, même avec un conducteur de 1,83 m comme votre serviteur installé à l’avant. L’empattement géant porte ses fruits, tout comme l’emploi d’une base dédiée au 100 % électrique. L’impossibilité de loger les pieds sous les sièges avant lorsqu’ils sont baissés au minimum n’a ainsi rien de dramatique. En prime, les dossiers de la banquette se règlent en inclinaison. La garde au toit s’avère aussi amplement suffisante, et l’accès n’a rien de compliqué. Le bZ4X fait ainsi honneur à sa vocation familiale, d’autant que sa place centrale reste utilisable, grâce notamment à l’absence de tunnel de transmission. Son dossier demeure toutefois un peu trop dur, trop étroit et trop plat pour envisager de longs trajets très confortables. Voyager à quatre restera clairement la meilleure option, et Toyota n’a d’ailleurs prévu que deux prises USB à l’arrière.
Avec seulement 452 l d’après le constructeu, le coffre n’est pas armé pour battre des records de volume.
Côté coffre, le SUV nippon rentre dans le rang. En version 4 x 2, le volume se limiterait à 452 l d’après la marque, contre 543 l pour un Volkswagen ID.4, 580 l pour un RAV4… et 854 l pour un Tesla Model Y, il est vrai dépourvu de couvre-bagages. Si la soute du bZ4X apparaît assez large, elle ne semble ni très profonde ni très haute. Seule la hauteur à laquelle le hayon s’élève est inhabituelle : heureusement que l’ouverture et la fermeture s’effectuent électriquement ! Le seuil de chargement assez bas est également appréciable, de même que le petit rangement sous le plancher pour cacher les câbles de recharge. En revanche, ne comptez pas pouvoir emporter des affaires supplémentaires sous le capot avant, comme sur le Model Y par exemple. Tout l’espace est ici occupé, notamment par le moteur électrique et une batterie de 12 V nécessaire aux accessoires électriques.
Moteur : pas de course aux records
e-TNGA : c’est le nom de la première plate-forme dédiée au 100 % électrique de Toyota.
De base, la nouvelle plate-forme e-TNGA de Toyota opte en effet pour des roues avant motrices. Un choix opposé à ceux de Kia-Hyundai, Volkswagen ou Tesla, qui ont misé sur des architectures de propulsion pour leurs bases dédiées au 100 % électrique. Sur le papier, on se rapproche davantage de la CMF-EV de Renault-Nissan. Avec « seulement » 204 ch pour 265 Nm de couple, le bZ4X ne se lance pas dans une surenchère de performances. Mais c’est surtout sa variante à quatre roues motrices qui pourra sembler bien timide à certains. Malgré l’ajout d’un moteur électrique de 109 ch sur le train arrière, la puissance cumulée reste limitée à seulement 218 ch. C’est autant qu’une Mégane E-Tech électrique, beaucoup plus petite, mais loin des plus de 300 ch de certains ID.4 et Skoda Enyaq. Sans parler des 487 ch de la Ford Mustang Mach-E GT ou des 546 ch de la Kia EV6 GT ! L’écart en accélération avec la version traction n’est ainsi pas colossal, avec un 0 à 100 km/h annoncé en 7,7 s au lieu de 8,4 s. Le couple progresse toutefois davantage pour atteindre 336 Nm sur cette version AWD. Développée avec Subaru, cette déclinaison promet qui plus est de vraies aptitudes hors bitume… même si la plupart des acheteurs n’en ont que faire. Des gués de 50 cm de profondeur ne lui feraient pas peur !
La recharge plafonne à 150 kW sur courant continu, et 11 kW sur courant alternatif.
Avec 450 km envisagés sur le cycle WLTP, l’autonomie ne bat pas des records non plus. Pas plus que la puissance de recharge, limitée à 150 kW quand l’EV6 peut aller jusqu’à 239 kW. En contrepartie, Toyota affirme que 90 % de la capacité de la batterie lithium-ion 71,4 kWh, logée sous le plancher, sera conservée pendant 10 ans et 240 000 km. Pour prouver sa confiance, la marque fournira même une garantie assurant un minimum de 70 % pendant 10 ans ou 1 million de kilomètres, au lieu des 8 ans et 160 000 km généralement appliqués par la concurrence.
Deux curieux petits becquets surplombent la lunette arrière. Un toit solaire, en option, pourrait apporter jusqu’à 1 800 km d’autonomie par an.
Un toit solaire est également disponible ; il permettrait de récupérer 1 800 km d’électricité gratuite sous les climats les plus favorables. Enfin, c’est aussi par son aptitude à affronter le froid sans trop perdre en autonomie que le bZ4X se distinguerait, grâce à diverses mesures comme l’emploi d’une pompe à chaleur. Pour réchauffer les jambes et les pieds des passagers avant plus vite, un chauffage rayonnant à infrarouges est par ailleurs installé sous la colonne de direction. Avec un lancement prévu à l’été, il faudra cependant attendre près d’un an pour vérifier si toute cette panoplie fonctionne bien.
Fiche technique bZ4X
| bZ4X (2 roues motrices) |
bZ4X (4 roues motrices) |
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| Moteur | ||
| Puissance max. moteur avant | 150 kW | 80 kW |
| Puissance max. moteur arrière | – | 80 kW |
| Puissance max. combinée | 150 kW | 160 kW |
| Batterie | ||
| Type | lithium-ion | |
| Capacité totale | 71,4 kWh | |
| Tension totale | 355 V | |
| Autonomie | env. 500 km | env. 460 km |
| Performances | ||
| 0-100 km/h | 8,4 s | 7,7 s |
| Poids | ||
| Poids | 1 920 kg | 2 005 kg |
Bilan Toyota bZ4X
Ce baroudeur nippon aux lignes très anguleuses se dispense de véritable calandre et accueille un insert couleur carrosserie dans les phares.
Avec ses caractéristiques de puissance, d’autonomie ou de vitesse de recharge un peu timides, le bZ4X peut donner l’impression que Toyota se lance dans le 100 % électrique à reculons. Ce qui ne serait d’ailleurs pas si étonnant, au vu de certains propos tenus par son patron. Mais le géant japonais n’est pas du genre à dépenser des millions sans espérer un minimum de retour sur investissement. Doté d’une plate-forme inédite, son dernier-né dispose donc de certaines qualités notables, à commencer par une habitabilité arrière hors normes. Il se démarque également par une présentation très typée, aussi bien dedans que dehors, tout en promettant de faire honneur à la réputation de fiabilité de son constructeur avec une garantie de batterie longue durée. Si son prix est bien placé et si ses promesses d’autonomie bien conservée par temps froid sont tenues, cela pourrait aider à oublier des données chiffrées en retrait face à une concurrence de plus en plus nombreuse chez les SUV familiaux électriques.
