Ce qui séduit d’emblée en approchant le Defender 90, ou en le regardant rouler, c’est son cachet unique et décalé. Depuis que ni Mercedes ni Toyota ne produisent plus de Classe G et Land Cruiser «courts à 3 portes», le Def’ 90 reste une sorte d’exception culturelle. Bref, il a une gueule d’enfer et, selon moi, un charisme aujourd’hui plus puissant que celui d’un Range Rover.
En dépit de son physique de bouledogue, le Defender nous convainc en conduite dynamique. La suspension pneumatique nous fait rouler sur le velours et, conceptuellement, la gestion des volumes d’air entre les amortisseurs contient admirablement les mouvements de caisse. Notre Def’ 90 collecte toutes les assistances à la conduite corrigeant les excès d’optimisme de son conducteur. La vitesse maxi est limitée à 175 km/h, histoire de ne pas provoquer les lois de la physique.
Sur les grands axes, le Defender court reste impérial, un ravissement pour rouler loin et longtemps. L’insonorisation est très bonne et ne laisse passer que les agréables bourdonnements du 6 cylindres de 200 ch. Ce dernier pousse velu et colle parfaitement au tempérament placide mais volontaire de l’engin. Côté consommation, difficile de descendre sous les 9 l/100 km, ce qui reste correct avec un tel costaud de 2,4 t déplaçant des montagnes d’air !
Malgré cette masse, le système All Terrain et les Pirelli Scorpion Zero « All Terrain » en 20’’ autorisent toujours quelques sorties champêtres avec une précision et une efficacité bluffantes et sans besoin de se battre avec le volant. Dans une jungle plus hostile, la ville, ça se passe plutôt pas mal : pas trop long et grâce à la vue panoramique (+ les caméras), se garer est rarement une épreuve, sauf en largeur dans certains parkings.
Tout va bien dans cet univers hors du commun… jusqu’au moment d’ouvrir le coffre. Ridiculement petit, ce dernier est pratiquement inutilisable en configuration 5 places. Les dossiers de banquette se rabattent, certes, mais pas de plancher plat avec , au contraire, une grosse bordure formée par le renfort des assises. Le seuil de chargement très haut et cette porte appesantie par la présence de la roue de secours en 20’’ ne facilitent pas les chargements/déchargements. Bref, un vrai point noir, car on ne voit pas très bien comment envisager des vacances en famille. Tant pis, ce sera en amoureux !
L’autre gros point noir, c’est que ce frimeur est affreusement cher : notre exemplaire avec ses 15.000 € d’options atteint 75.000 €… hors taxes et malus. Dire qu’en 2010, il fallait «seulement» 25.000 € pour un 90 de base… Ce qui pose problème, par exemple, aux jeunes bûcherons ou entrepreneurs en jardins et travaux qui s’en servaient aussi bien pour les taches laborieuses que pour se déplacer au quotidien. Bref, le Def’ 90 est devenu une vraie caisse de riche qui délaisse ses jeunes fans moins aisés…
Donc ?
Après une semaine en Defender 90 Diesel, ne mentons pas : l’ancien ne nous manque pas. Il était lent, inconfortable et pas très sûr, tout le contraire de cette nouvelle génération. Et si Land Rover a cédé à son évolution vers l’univers des SUV de riche, le Def’ court entretient – heureusement – sa délicieuse distinction, toute «engliche», dans un segment (et un monde automobile) qui manque de personnalités. Et cela en perpétuant son aptitude à rouler partout, en particulier lorsqu’il est aidé à l’ouvrage par le gras du 6 cylindres 3.0 Diesel. Très cher, oui, mais bien heureux qui peut en profiter.