Actualités

Voitures électriques : derrière les promesses politiques, une réalité économique inquiétante

Voitures électriques : derrière les promesses politiques, une réalité économique inquiétante

Avec des ventes en berne et un décollage de l’électrique qui se fait toujours attendre, constructeurs et équipementiers traversent une mauvaise passe.

La transition vers la voiture électrique s’avère l’une des ruptures industrielles les plus importantes que le secteur automobile ait connues. Entamée à petits pas dans les années 2000, elle ne s’est franchement accélérée qu’après le scandale du Dieselgate (2015). Et si la remise en question d’un secteur aussi lourd que le transport individuel dans les émissions de polluants et de gaz à effet de serre est bien nécessaire, la prise de pouvoir du politique sur les industriels ne rassure pas. Car sur fond de belles promesses et d’objectifs trop ambitieux, ce sont bien les entreprises automobiles, au sens large du terme (constructeurs, réseaux, sous-traitants), qui trinquent.

Carlos Tavares et d’autres avaient alerté

En 2021, Carlos Tavares avait exprimé ses craintes lors de l’annonce de la décision de l’Europe d’interdire la vente de voitures thermiques à partir de 2035. Selon lui, cette décision politique, et non technique, allait créer des dégâts dans le secteur, avec à la clé d’importantes destructions d’emplois. Sans oublier un renchérissement des modèles, excluant les classes moyennes de l’accès aux voitures neuves. L’analyse du patron de Stellantis était la bonne.

Depuis le début de l’année, les mauvaises nouvelles s’enchaînent. Face à la baisse des ventes, les premières victimes sont les ­équipementiers. ZF a annoncé vouloir se séparer d’un quart de ses effectifs en ­Allemagne d’ici à 2028, tandis que Bosch supprime 1 500 emplois sur la division systèmes électroniques embarqués. Le Français Valeo envisage, lui, de fermer trois sites dans l’Hexagone, mettant en péril 1 000 postes, et va en supprimer 1 150 autres en fusionnant ses divisions systèmes de propulsion et ­thermique. Devant des ventes d’électriques en baisse, ACC – fabricant de batteries filiale de Stellantis, TotalEnergie et Mercedes – gèle ses projets d’usines en ­Allemagne et en Italie. Northvolt, fabricant suédois de batteries, dont ­Volkswagen est actionnaire, va supprimer 1 600 postes en Suède. Symboles des difficultés de ces fournisseurs, déjà mal en point depuis un moment, le fabricant de jantes BBS est en dépôt de bilan.

Même Tesla retombe de son nuage

C’est aussi le cas du célèbre ­fabricant de sièges Recaro, avec pour conséquence immédiate l’arrêt de la production du 4×4 Grenadier dans l’usine Ineos d’Hambach, en Moselle. Cet exemple traduit un malaise plus large, y compris chez les constructeurs. En première ligne, le groupe Volkswagen a annoncé que deux usines pourraient fermer en Allemagne. Et ce sort semble déjà acté pour celle de Bruxelles, où Audi fabrique son Q8 e-tron – un site qui pourrait tomber dans les mains du chinois Nio. Même Tesla est descendu de son nuage, après des années record, avec l’annonce d’une réduction de 10% de ses effectifs. Et plus généralement, les usines produisant des électriques sont régulièrement frappées par des arrêts, faute de commandes suffisantes. Au point que certaines voitures, nées électriques, changent aujourd’hui de braquet pour récupérer des motorisations thermiques (Fiat 500, Jeep Avenger). Les temps sont durs et la fin du tunnel n’est pas pour tout de suite.

Notez cet article 4.7/5 ( 30 votes) Publié le 07/10/2024 à 05:45 Véhicules d’occasion

TOP STORIES

Top List in the World