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Mobilité électrique : les poids lourds en plus, c'est possible ?

On ne cesse de parler des VE (voitures électriques) pour tenter de limiter la pollution due aux transports. Or, les poids lourds sont aussi de gros contributeurs. Et l'on va peu à peu voir apparaître les "PLE" (poids lourds électriques). Selon TotalEnergies, Enedis, Vinci autoroutes et les constructeurs, il faut se pencher dès maintenant sur les besoins de recharge électrique. Dont acte. Et apparemment, ça passe...

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Selon les autorités (ministères de la Transition énergétique, des Transports et de l’Industrie), le transport routier, en résumé, les poids lourds (PL), est responsable de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre dus aux transports en France (23 %).

Et si on met le paquet aujourd’hui sur la voiture électrique particulière, il est aujourd’hui question de se pencher aussi sur les PL. Ils sont évidemment bien moins nombreux en nombre que les automobiles (616 500 en janvier 2022, contre 38 millions de voitures), mais bien plus exigeants en matière de consommation d’énergie (quand on pèse jusqu’à 44 tonnes, c’est normal), et de capacités de recharge rapide, vu la capacité forcément bien plus élevée de leurs batteries.

Par exemple, le Tesla Semi (photo d’illustration), un exemple de PL électrique, embarque des accumulateurs dont on estime la capacité entre 600 et 1 000 kWh (10 fois plus qu’une voiture), et aura besoin de capacités de recharge de minimum 350 kW, le double étant l’idéal.

Il est clair que certains spécialistes se posent déjà la question de la capacité de la France à satisfaire, à l’horizon 2035, la demande en électricité des voitures particulières. Au vu de leur demande en énergie électrique qui va aller croissant, au vu des risques de délestage lors des pics de consommation hivernaux, l’interrogation est légitime.

Et envisager d’ajouter au parc particulier celui des camions peut en effet faire peur. Il était donc indispensable de se pencher sur les besoins de ce type de transport routier, afin de déterminer si notre pays est en capacité de les satisfaire aussi, en plus de ceux des voitures. Dont acte, et les principaux acteurs du secteur ont décidé de mener une grande étude, pour le moment prospective, et en cours.

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Ainsi, TotalEnergies, Enedis, VINCI Autoroutes et six constructeurs européens majeurs de PL (Volvo Trucks, Renault Trucks, Mercedes-Benz Trucks, MAN Trucks and Bus France, Scania et Iveco) se collent à la tâche. Le but étant de donc d’identifier les besoins à venir, en termes de puissance à fournir, d’infrastructures de recharge, de bornes, pour rendre ne serait-ce que possible l’usage généralisé de PL électriques sur longue distance.

Une demande correspondant à moins de 1 % de la consommation globale, mais c’est en fait beaucoup

Les premiers résultats de cette étude montrent qu’à l’horizon 2030/2035, la demande en énergie pourrait monter à 3,5 TWh (térawatts/heure) par an. Cela est à comparer à la consommation globale annuelle française, qui a été d’environ 460 TWh en 2022. Cela ferait donc 0,76 % de la consommation globale. Pour les voitures particulières électriques, bien plus nombreuses, la consommation en 2035 est aujourd’hui estimée entre 35 et 40 TWh, soit 10 fois plus. Et RTE et l’Avere estiment déjà qu’elle sera supportable (source).

Selon l’étude en cours, la demande de puissance maximum à un instant T serait de 1,15 GW (gigawatts), à comparer à un pic national en 2022 de 87 GW, soit 1,32 % du total. Pas rien tout de même.

Mais pour Enedis, cet appel de puissance et cette consommation, s’ils sont significatifs, “pourraient être intégrés sans difficulté majeure par le réseau”. Voilà qui est dit. Encore faut-il que le réseau soit en pleine capacité, ce qui n’est toujours pas le cas actuellement… Dans tous les cas, RTE (Réseau de transport d’électricité), filiale d’EDF et gestionnaire du réseau de distribution en France, a déjà affirmé que, pour les voitures, le réseau serait capable de fournir, et d’encaisser la demande, dans un contexte ou les “autres” usages d’électricité sont prévus en baisse, économies d’énergie oblige.

Des besoins en bornes “MCS” deux fois plus rapides que celles pour les voitures

En termes d’infrastructures, l’étude prévoit à ce stade la nécessité de 10 000 points de charge PL de type CCS (identiques aux voitures) pour les pauses longues des routiers, et de 2 200 points de charge “rapide” HPC (High Power Charging) de type MCS (Megawatt charging system) qui monteraient jusqu’à 600 kW de puissance.

Ces estimations tiennent compte d’un scenario dit “haut”, comprenant en 2035 30 % de PL électriques dans le parc roulant, qui représenteraient 25 % des trajets longue distance.

Et pour les acteurs du marché, constructeurs comme transporteurs, cette électrification préalable du réseau et la disponibilité des bornes est impérative pour permettre le développement de l’électrification des flottes de PL électriques.

Comme pour les voitures, en somme.

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