Reportage : les vacances en électrique, la galère ?

Nous sommes le 8 juillet, première vague de départ en vacances, et nous allons rallier Bordeaux depuis Paris au volant d’une Volkswagen ID.3. L’objectif ? Vérifier si en 2023, traverser la France est une formalité ou un parcours du combattant. 

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Les Français sont de plus en plus nombreux à franchir le cap. À ce jour, 780 000 véhicules électriques sont en circulation en France. À l’échelle du parc roulant, c’est peu, mais les ventes ne cessent de croitre, avec une part de marché qui se flirte chaque mois avec les 15 % des immatriculations. Vous le savez surement, la voiture électrique dépend de votre usage. Pour les trajets de tous les jours, domicile-travail, pas de problème. Mais lorsqu’il s’agit d’effectuer de longs trajets, l’exercice parait plus compliqué qu’au volant d’une voiture thermique car plusieurs paramètres qu’on ne maîtrise pas entrent en jeu. On pense à l’autonomie, la puissance de recharge et l’affluence aux bornes.

Se lancer dans un voyage de 600 km en électrique, sans préparation est courageux voire inconscient. Si les modèles les plus récents disposent d’un planificateur de trajets qui définit le nombre d’arrêts et les temps de charge sur votre itinéraire, l’on vous conseille fortement de vous armer au maximum pour ne pas être dépourvu en cas d’imprévu.

Il existe plusieurs applications pour compléter le système intégré de votre voiture comme Chargemap, A Better Route planner, Waze ou encore maps. Ces applications souvent gratuites, complètent les données d’informations sur les bornes. Certaines applications permettent même de renseigner la marque et le modèle de votre voiture pour optimiser le temps du voyage.

Nous avons réaliser ce voyage en Volkswagen ID.3 Pros S équipée d'une batterie de 77 kWh. Prix de la version : 52 990 €.

Nous avons réaliser ce voyage en Volkswagen ID.3 Pros S équipée d’une batterie de 77 kWh. Prix de la version : 52 990 €.

Certains modèles sont plus adaptés aux longs voyages comme la Tesla Model 3 grande autonomie, la Kia EV6 ou encore la très chère Model S. Il est vrai que pour notre reportage nous avons joué la sécurité. Notre Volkswagen ID.3 est équipée d’une grosse batterie. D’une capacité de 77 kWh elle est homologuée en cycle mixte pour 557 km. En pratique et sans être devin, l’on peut vous assurer que l’on va faire beaucoup moins de kilomètres. Pourquoi ? Parce que l’autoroute, que nous allons emprunter majoritairement, est le pire environnement pour une voiture électrique. La vitesse élevée, le poids, la température extérieure, etc. : tous ces éléments influent de manière importante sur la consommation, donc l’autonomie. Et autant dire qu’en période de départs en vacances avec les enfants à l’arrière, la climatisation à fond et les bagages vous ne réaliserez de miracle.

Pour préciser les conditions de notre test, nous étions deux adultes représentant le poids de 4 adolescents. Nous avons roulé aux limitations de vitesses, la climatisation sur 20°C et sans pratiquer l’éco-conduite.

Quitter Paris au petit matin, est une formalité. Le confort de conduite, le silence de fonctionnement et la consommation faible, nous confortent dans l’idée qu’une voiture électrique est dans son élément en ville. Paradoxalement, l’endroit le moins facile pour se recharger.

Dans le cas de notre ID.3, le planificateur nous indique 2 arrêts, pour un temps de trajets de 7 heures. Un temps qui n’a cessé d’augmenter au fur et à mesure que le trafic augmente. Précision importante. Nous avons quitté Paris avec une batterie chargée à 60%.

Les premières caravanes s'insèrent sur l'Autoroute direction la côte Atlantique.

Les premières caravanes s’insèrent sur l’Autoroute direction la côte Atlantique.

Malgré l’affluence, une fois arrivée sur l’autoroute, le confort et la zenitude signent l’état d’esprit de ce début de voyage. Mais en électrique, la sérénité peut très vite se transformer en stress. Et ce stress arrive généralement au moment de la recharge. Après 200 km via l’A11 – nous avons laissé le planificateur maître de la situation – la navigation nous conseille un premier stop à une borne Ionity au niveau du Mans.

Rechargé sur l’autoroute en période de vacances, donne une petite poussée de stress. C’est un peu le loto ou la roulette russe. Dans notre cas, pas de mauvaise surprise. Comme prévu, la borne est libre. Pourquoi ? Car le planificateur de notre voiture nous l’indiquait sur la navigation via un petit témoin vert.

Aujourd’hui, sur l’autoroute, le symbole recharge électrique matérialisé par une petite voiture avec un fil, a été posé sur la majorité des panneaux. Mais un conseil, fiez vous d’abord à votre planificateur d’itinéraire plutôt qu’à la signalisation autoroutière qui n’a pas toujours été mise à jour.

Premier arrêt pour une recharge sans difficulté. La borne est peu fréquentée et la puissance est au rendez-vous. L'attente aura été de 30 minutes pour recharger de 12 à 84 %, pour un coût de 38, 24 €.

Premier arrêt pour une recharge sans difficulté. La borne est peu fréquentée et la puissance est au rendez-vous. L’attente aura été de 30 minutes pour recharger de 12 à 84 %, pour un coût de 38, 24 €.

Fin mai le gouvernement annonçait avoir atteint l’objectif des 100 000 points de recharge ouverts au public. Ce qui représente grosso modo un point de recharge pour 8 véhicules électriques. Au niveau européen le France est plutôt un bon élève. Petit détail mais qui a toute son importance dans les longs trajets, c’est le type de recharge. Quand on parle de recharge rapide, il faut s’assurer que votre voiture accepte du courant continu (DC). Ce sont en grande majorité, ces types de bornes que l’on retrouve sur l’autoroute. Ensuite, il faut s’assurer de pouvoir payer ! ça paraît simple au premier abord, mais en pratique, ce n’est pas donné à tout le monde.

En 2023, sans une liasse de cartes de recharge et plusieurs applications mobiles, il est impossible de voyager en électrique sereinement. Nous avons pu le constater en rencontrant Stephane, fraîchement propriétaire d’un Peugeot e-Rifter. Ce dernier n’avait pas de système de paiement et a perdu une bonne vingtaine de minutes avant de pouvoir payer via l’application, sans avoir aucune idée du prix qu’il allait payer.

 2 arrêts, 1 heure de recharge et 54,37 € pour 650 km

Le prix, justement, c’est un peu l’inconnu. Certaines stations l’indiquent d’autres non. Pour connaître, le prix de votre recharge il y a là aussi plusieurs cas possibles. Pas simple, n’est-ce pas ? Vous avez une Tesla, le coût de la recharge s’affiche sur l’écran de votre voiture. Second cas. Vous souscrivez un abonnement sur un prestataire de charge rapide comme Ionity ou Izivia par exemple. D’une part vous bénéficiez de prix préférentiels et de deux vous connaissez le prix sur l’application. Enfin il y a les agrégateurs de cartes, compatibles avec plusieurs types de recharge comme Chargemap, KiWhi Pass, Freshmile, etc. Les tarifs sont ceux des opérateurs avec un surcoût de l’ordre de 10% pour couvrir les frais. Dans ce cas, là vous connaissez le prix mais ce n’est pas instantané. Et puis parfois on peut payer via la carte bancaire directement à la borne.

Dans tous les cas, soyez vigilant car une charge rapide sur l’autoroute coute 4 fois plus cher qu’à domicile. Ne soyez donc pas surpris de découvrir qu’une recharge de 20 à 80% vous aurez couté plus de 30 €. Dans notre cas, le trajet Paris-Bordeaux les deux recharges réalisées sur autoroute nous auront couté 54, 37 € de recharge.

Pour éviter un gros embouteillage sur l'A10 et optimiser notre trajet, la navigation nous a fait emprunter la nationale.

Pour éviter un gros embouteillage sur l’A10 et optimiser notre trajet, la navigation nous a fait emprunter la nationale.

Le temps de boire un petit café, un petit pipi et de se dégourdir les jambes, comme une vraie pause recommandée toutes les deux heures par la sécurité routière. Après 30 minutes d’attente, nous avons rechargé à 80%. Pourquoi 80 % ? Car passé ce seuil la puissance de recharge chute sévèrement pour préserver la batterie, ce qui rallonge considérablement le temps d’attente à la borne, donc créer des temps d’attente à borne et parfois influer sur le prix, lorsque la recharge est facturée au temps. Moralité mieux vaux effectuer plusieurs arrêts courts que de rares arrêts longs.

Rassurés et satisfaits de ce premier arrêt, nous reprenons notre trajet, vers la côte Atlantique, mais la circulation devient chaotique. C’est l’heure de pointe au péage et au niveau des échangeurs. Le planificateur de la voiture qui jusqu’ici s’est montré efficace nous recommande de quitter l’autoroute pour optimiser notre trajet. Un conseil  que nous suivons les yeux fermés. Si le trafic est chargé, la circulation est plus raisonnable. La consommation moyenne descend et nous profitons, pendant une centaine de kilomètres, des paysages de l’Anjou et de la Touraine, que nous offre la nationale. Ce petit détour nous ajoute une heure au trajet, mais qu’importe, ça roule. Nous rejoignons l’autoroute A10. La température monte, l’estomac gargouille. L’heure de la deuxième et dernière recharge est venue.

Afin d'optimiser le turn-over aux bornes, le réseau Vinci a mise en place des

Afin d’optimiser le turn-over aux bornes, le réseau Vinci a mise en place des “régulateurs”. Ces personnes se chargent d’aider les conducteurs novices, les conseillent, et gèrent les flux via une zone d’attente afin que la station ne soit pas congestionnée.

En arrivant sur l’Aire du Poitou, nous constatons, une nouvelle fois qu’une borne est libre. Ce n’est en réalité pas un hasard. Durant la période de vacances, Vinci Autoroute, le concessionnaire qui exploite entre autres, l’Autoroute A10 a mis en place un système de régulation pour limiter le temps d’attente aux bornes. Un expert vient en aide aux conducteurs novice, les conseille, et gère les flux via une zone d’attente afin que la station de recharge ne soit pas congestionnée. Surtout, il rappelle à l’ordre les conducteurs une fois les 80 % de recharge atteints, parfois même en allant les chercher dans la station-service ou sur l’aire de pique-nique.

Pour prolonger l’autonomie de votre voiture et espacer les arrêts de recharge, il existe quelques astuces d’éco-conduite. Le premier conseil, concerne le chauffage enfin plutôt la climatisation dans notre cas. C’est un élément extrêmement énergivore. Certaines voitures sont équipées de pompe à chaleur, cela réduit la consommation. Si vous n’en disposez pas, l’on vous recommande de ne pas exagérer sur le réglage par rapport à la température extérieure. Ça peut paraître basic mais fermer les fenêtres, cela réduit la résistance à l’air. Bien gonfler vos pneus. Dans la plupart des cas il existe des modes « eco » qui abaissent le niveau de puissance, c’est assez ennuyeux mais ça fonctionne. On peut aussi abaisser la vitesse moyenne de la voiture et enfin user soit de la roue libre, soit de la régénération maximale dans les descentes.

Après 8h30 passées au volant, 650 km parcourus (avec une portion de nationale) et 1 heure de recharge au total réalisée en 2 arrêts, nous rejoignons la capitale de la Gironde.

Nous tirons plusieurs leçons de ce voyage. La première, la Volkswagen ID.3 est un bon compagnon de voyage. Son efficience sur autoroute s’est avérée très correcte (17,8kW/100 km), son planificateur efficace et surtout elle n’a pas déçu sur les puissances de recharge engloutissant de grosses puissances de recharge. La seconde, est l’état correct des bornes de recharge présentes sur l’A10 et la présence des « régulateurs », ces experts qui veillent à ce que ces dernières ne soient pas saturées. Enfin, il existe une réelle courtoisie, voire même une solidarité, entre les propriétaires de voitures électriques qui laissent volontiers leur place à la borne ou qui partagent leurs informations ou leurs astuces sur cette mobilité en général. Nous pouvons donc affirme, après ce voyage sans encombre, que partir en voiture électrique en France en 2023 est une formalité.

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