Même si une cinquième génération 100 % électrique s'apprête à débarquer, la Renault Mégane 4 a encore quelques années de carrière devant elle. Mais peut-elle affronter dignement une Opel Astra renouvelée de A à Z ? L'argus a confronté ces deux compactes en statique pour le savoir.
- Des dimensions quasiment identiques
- Style : pas si démodée, la Mégane
- Habitacle : la jeunesse porte ses fruits
- Une Astra un peu plus spacieuse
- Coffre : des chiffres très contrastés
- Moteurs : des gammes assez resserrées
- Prix : vraiment pas cadeau, la Mégane
- Bilan du match Astra vs Mégane
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Près de cinq ans séparent la sixième génération d’Opel Astra, en jaune, et la quatrième mouture de la Renault Mégane, en rouge. Mais cela ne signifie pas forcément que le match soit plié d’avance.
Matthieu Méheust
Apparues pour la première fois dans les années 1990, les Opel Astra et Renault Mégane ont souvent eu l’habitude de s’affronter. Leur rivalité aurait même pu se trouver encore renforcée maintenant que la marque à l’Éclair emploie les dessous de la Peugeot 308, l’ennemie jurée de la compacte au Losange. Mais en choisissant de se dédoubler, cette dernière brouille les pistes. Elle s’apprête en effet à accueillir, en 2022, une cinquième génération de Mégane qui sera seulement disponible en 100 % électrique, avec un gabarit revu à la baisse.
Ces deux berlines compactes cinq-portes disposent notamment d’une version hybride rechargeable, qui est ici photographiée. L’Astra en rajoutera même assez rapidement une deuxième.
Une révolution qui pousse le constructeur français à la prudence en prolongeant de quelques années la carrière de la quatrième mouture, disponible en essence, diesel et hybride rechargeable… comme l’Astra sixième du nom. C’est donc cette « vieille » Mégane, commercialisée depuis 2015, que nous avons choisi d’opposer en statique à la nouvelle Opel, en attendant l’arrivée de l’Astra-e 100 % électrique à l’horizon 2023.
Des dimensions quasiment identiques
Longueur, largeur, hauteur ou empattement… dans tous ces domaines, seuls 1 ou 2 cm séparent ces deux rivales.
Malgré une conception qui n’a pas du tout eu lieu en même temps, ces deux rivales affichent un format assez similaire. L’Astra ne dépasse ainsi la Mégane que d’un petit centimètre en longueur, centimètre qui se retrouve entièrement sur l’empattement. 1 cm, c’est aussi l’écart entre ces deux-là en largeur. C’est du coup en hauteur qu’on trouve la plus grosse différence, avec deux centimètres en plus pour l’Opel. En théorie, pas de quoi créer un gouffre en habitabilité arrière comme en volume de coffre. Mais la pratique aboutit parfois à des conclusions différentes. Best-seller du segment en Europe, la Volkswagen Golf l’illustre d’ailleurs à merveille, en ayant toujours proposé un rapport encombrement extérieur-espace intérieur sans concurrence. Nous verrons un peu plus bas ce qu’il en est ici.
| Dimensions | Opel Astra | Renault Mégane |
| L x l x h (m) | 4,37 x 1,83 x 1,47 | 4,36 x 1,81 x 1,45 |
| Empattement (m) | 2,68 | 2,67 |
| Coffre (l) |
422 – 1 339 (thermique) |
394 – 1 288 (diesel), 473 – 1367 (essence) 308 – 1 202 (hybride) |
| Réservoir (l) | 52 (thermique) NC (hybride) |
50 (essence) 45 (diesel) 39 (hybride) |
Style : pas si démodée, la Mégane
Comme le Mokka 2, l’Astra adopte un faciès baptisé Vizor, qui regroupe phares et calandre dans un même bandeau noir.
S’il y un domaine dans lequel les choses peuvent évoluer vite en matière d’automobile, c’est bien le style. D’ailleurs, la nouvelle Astra adopte des lignes quasiment opposées à celles de sa devancière, commercialisée en 2015. Outre un capot bien plus long et plus plat, elle dit adieu aux courbes pour préférer des traits plus géométriques. Avec, en vedette, le « Vizor », ce bandeau noir qui regroupe la calandre et les phares. Un gimmick qui s’étend progressivement à toute la gamme et qui est apparu pour la première fois sur le Mokka 2. Les feux arrière acérés évoquent aussi ce récent petit SUV, alors que l’épais montant en forme d’aileron de requin rappelle davantage les Corsa et Grandland. Décidément, elle a l’esprit de famille, cette compacte ! En contrepartie, même si le résultat est bien plus moderne qu’auparavant, certains pourront avoir une petite impression de déjà-vu sous certains angles.
Discrètement restylée en 2020, la Mégane 4 conserve un style encore à la page, notamment dans cette finition R.S. Line au look sportif.
Apparue quasiment en même temps que l’ancienne Astra, la Mégane 4 souffre évidemment encore plus de ce problème. Surtout que son restylage intervenu en 2020 est resté extrêmement discret. Mais dans l’ensemble, son dessin a plutôt bien traversé les années. D’ailleurs, les phares en forme de C ont été repris ensuite par les Clio 5, Captur 2 ou Arkana. L’idée d’un bandeau entre les feux arrière est, elle, une tendance en vogue dans toute l’industrie automobile. Seul bémol, sa continuité est ici interrompue par le logo. Quant à la silhouette générale, elle évite les rondeurs souvent jugées trop molles du SUV Kadjar. Bref, même si elle est aujourd’hui trop répandue pour se faire remarquer, la compacte Renault n’a pas trop à rougir de sa plastique. A fortiori dans cette finition R.S. Line dont le look s’inspire de la sportive R.S. de 300 ch. En revanche, son éclairage à LED Pure Vision de série demeure beaucoup moins sophistiqué que les phares IntelliLux LED Pixel Light disponibles sur les finitions hautes de l’Astra. Ces derniers sont en effet dotés de 84 diodes par optique pour adapter le faisceau lumineux aussi finement que possible.
Habitacle : la jeunesse porte ses fruits
Dans cette version haute Ultimate, avec l’option cuir Nappa, les sièges de l’Opel sont massants, ventilés et chauffants !
Malgré son grand écran tactile au format portrait, l’habitacle de la Mégane 4 n’a jamais vraiment brillé par son originalité. Ni par sa qualité de fabrication, un domaine où les améliorations apportées lors du restylage de 2020 ne lui permettent toujours pas de faire référence. Mais comme l’Astra est encore au stade de la pré-série, avec des matériaux parfois non-définitifs, nous éviterons les comparaisons sur la finition pour l’instant. Question présentation, en revanche, l’Opel donne indéniablement un coup de vieux à sa concurrente française. Ses deux larges écrans 10 pouces juxtaposés, fournis de série, évoquent l’univers Mercedes et s’accompagnent d’un système multimédia très complet et moderne.
Déjà très classique à la sortie, la planche de bord de la Mégane commence à accuser un peu le poids des ans.
Il faudra simplement du temps pour apprivoiser les nombreux menus disponibles, mais la Renault n’est pas forcément mieux lotie sur ce point. Elle peut juste se targuer de molettes pour la climatisation encore plus pratiques que les boutons de son adversaire. Quant à la dalle tactile 9,3 pouces et à l’instrumentation numérique 10 pouces de la Mégane, si elles lui évitent de paraître trop larguée, elles sont loin d’être généralisées à toute la gamme. De nombreuses versions doivent encore se contenter d’une instrumentation semi-digitale, au format 4 à 7 pouces, et d’un écran central 7 pouces. Avec, dans tous les cas, des aérateurs moins discrètement intégrés que sur sa rivale.
Dans cette version hybride rechargeable, l’écran central de 10 pouces propose quelques affichages spécifiques.
Le système multimédia et l’écran tactile 9,3 pouces des Mégane haut de gamme demeurent encore d’actualité.
L’affichage tête haute sur une petite lame est également moins pratique et moins spectaculaire que celui de l’allemande, qui projette les informations directement sur le pare-brise. Une technologie partagée avec la cousine DS 4, fabriquée dans la même usine de Rüsselsheim, berceau de la marque à l’Éclair. En contrepartie, la solution Renault est facturée 400 € en option, alors que celle d’Opel, associée avec le système multimédia Navigation Plus, est affichée plus de 1 400 € sur la finition GS Line ! Sacré contraste, aussi, entre le mini-joystick qui sert à piloter la boîte automatique de l’Astra et l’imposant levier très « old school » qu’on retrouve sur la française, assemblée en Espagne. Ce dernier a surtout pour défaut de gêner l’accès au logement pour smartphone situé juste devant, avec différentes connectiques et options de recharge. Le rangement dans l’accoudoir est également moins accueillant que dans l’Astra. Mais la française peut tout de même compter sur des bacs de porte et sa boîte à gants assez vastes pour justifier en partie son appartenance à la famille des « voitures à vivre » .
Une Astra un peu plus spacieuse
La Mégane 4 n’a jamais été une championne de l’habitabilité, et sa place centrale est moins utilisable que celle de l’Astra.
On l’a vu plus haut, les dimensions extérieures de ces deux compactes sont très proches. On ne sera donc pas surpris qu’elles proposent aussi une habitabilité arrière assez semblable. L’Astra offre toutefois un peu plus de place pour la tête comme pour les jambes de ses passagers. Pas de quoi en faire la familiale idéale, mais c’est toujours bon à prendre, surtout qu’elle dispose de caves à pied plus utilisables. Bien qu’elles soient un peu trop courtes, ses assises parviennent par ailleurs à mieux soutenir les cuisses en étant légèrement relevées. Quant à sa place centrale, elle s’apparente un peu moins à une punition que celle de la française, grâce à un dossier moins dur et une meilleure garde au toit. Reste à composer avec des portières qui dégagent une ouverture moins généreuse. Pas de quoi priver l’allemande d’un léger avantage sur ce chapitre, d’autant qu’elle peut même disposer d’une banquette chauffante en option sur ses finitions hautes.
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Nos mesures d’habitabilité Opel Astra vs Renault Mégane
| Habitabilité | Opel Astra | Renault Mégane |
| Largeur aux coudes AV/AR (cm) | 145/142 | 149/142 |
| Garde au toit AV/AR (cm) | 100/94 | 95/92 |
| Espace aux jambes AR (cm) | 31 | 28 |
| Longueur assise AR (cm) | 43 | 45 |
Coffre : des chiffres très contrastés
Côté coffre, d’après les chiffres constructeur, la Mégane prend sa revanche… à condition de la choisir en essence. Eh oui, la Renault perd quelques précieux litres de volume de chargement en diesel, la faute à son réservoir d’Adblue. Rien de comparable, cependant, avec nos versions hybrides rechargeables du jour, fortement pénalisées par leur grosse batterie de traction. Cette fois, sur le papier, c’est l’Astra qui reprend le dessus, avec 352 l sous tablette contre 308 l pour la Mégane E-Tech plug-in. Mais nos mesures montrent que la soute de sa rivale française est à la fois plus haute, plus large et plus profonde. Pas sûr, donc, que les deux volumes aient été calculés de la même façon.
Le coffre de la version hybride perd le volume habituellement disponible sous le plancher, mais garde une trappe à skis.
Il y a une importante marche entre le seuil du coffre et le plancher, qui n’est pas parfaitement plat une fois la banquette rabattue.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que la malle plus carrée de l’Opel est plus simple à exploiter que celle de la Renault, aux parois un peu tourmentées. L’allemande profite aussi d’un plancher réellement plat lorsque la banquette est rabattue et d’une trappe à ski, sans oublier un seuil de chargement plus bas. Dans cette version hybride, c’est donc bien elle qui l’emporte sur ce chapitre, même si l’écart est plus serré qu’il n’y paraît. La Mégane a cependant l’avantage de disposer d’ores et déjà d’une version break, alors que la nouvelle Astra Sports Tourer n’a pas encore été présentée.
| Opel Astra | Renault Mégane | |
| Volume en 5 places (l)* | 422 (thermique) 352 (hybride) |
394 (diesel) 473 (essence) 308 (hybride) |
| Volume en 2 places (l)* | 1 339 (thermique) 1 268 (hybride) |
1 288 (diesel), 1 367 (essence) 1 202 (hybride) |
| Hauteur du seuil (cm) | 67 | 77 |
| Hauteur sous tablette (cm) | 38 | 45 |
| Hauteur maximale (cm) | 72 | 67 |
| Largeur passages de roue/max (cm) | 100/109 | 101/125 |
| Profondeur 5 places/banquette pliée (cm) | 73/183 | 75/164 |
| Ouverture : hauteur/largeur (cm) | 66/107 | 69/94 |
Moteurs : des gammes assez resserrées
Cette R.S. Line singe la R.S. de 300 ch avec son becquet et ses deux larges canules d’échappement. Mais les moteurs restent modestes.
Mettons la Mégane R.S. à part : si cette version de 300 ch a le mérite de faire perdurer une longue lignée, son malus écologique dissuasif lui a coupé les ailes en France. Mais partout en Europe, les compactes sportives sont en perte de vitesse, et Opel ne compte pas ressusciter l’Astra OPC. La gamme de l’allemande va donc à l’essentiel avec deux versions du trois-cylindres 1.2 turbo-essence, fortes de 110 ou 130 ch, un unique 1.5 diesel de 130 ch et un 1.6 turbo hybride rechargeable de 180 ch.
Pas de véritable levier de vitesse sur les Astra à boîte automatique, mais un mini-joystick comme sur les DS 4 et 308.
En essence, la Renault se distingue aussi par son plaisant 1.3 TCe 140, encore fidèle au quatre-cylindres. Mais depuis peu, elle a succombé à son tour au trois-cylindres pour son TCe 115 d’entrée de gamme, avec un modeste 1.0 proche de celui de la Clio. Quant au diesel 1.5 Blue dCi, il n’existe plus ici qu’en 115 ch, avec 15 ch et 30 Nm de couple en moins par rapport à l’Astra. Si la gamme « classique » de ces deux concurrentes comporte le même nombre de moteurs pour l’instant, cela ne l’empêche donc pas de comporter d’importantes différences. Y compris du côté des boîtes automatiques, indisponibles dans les deux cas sur le plus petit moteur essence : alors qu’Opel privilégie une classique transmission à convertisseur huit rapports fournie par le japonais Aisin, le Losange opte, lui, pour des transmissions double embrayage à sept rapports (ou six rapports sur la R.S.).
Prix : vraiment pas cadeau, la Mégane
L’Astra commence sa carrière sous la forme d’une berline cinq-portes, qui sera rapidement suivie d’un break Sports Tourer, puis d’un inédit dérivé crossover (OV54).
En France, la Mégane ne propose plus que deux carrosseries, cette berline cinq-portes et le break Estate. Une quatre-portes subsiste sur d’autres marchés.
Même si elle a encaissé quelques coups, la Mégane ne s’est jusqu’ici pas si mal sortie de ce duel avec une rivale autrement plus jeune. Mais en examinant ses prix catalogue, elle peut donner l’impression d’avoir pris la grosse tête ! En démarrant à 25 100 €, son tarif d’accès est en effet supérieur de 1 950 € à celui de l’Astra. Un écart que ses 5 ch de plus et ses quelques équipements de série supplémentaires, comme l’aide au parking arrière ou la clé mains libres, sont loin de suffire à justifier. Surtout que la mini-instrumentation numérique 4,2 pouces et l’écran central 7 pouces de cette finition Zen sont bien moins valorisants que les deux dalles 10 pouces de l’Opel.
À LIRE. Opel Astra (2022). Prix, gamme et équipements de la compacte
De série sur ce haut de gamme Ultimate, les phares IntelliLux LED Pixel Light comportent pas moins de 84 diodes par optique.
L’écart augmente encore en hybride rechargeable. Malgré ses 20 ch de déficit, la Renault débute à 38 000 € dans sa série limitée Limited, quand sa concurrente allemande est disponible dès 35 550 €. La finition sportive R.S Line est pour sa part affichée à 41 600 €, alors qu’une Astra GS Line hybride 180 ch est proposée dès 38 800 €. Une fois n’est pas coutume, c’est donc bien la nouveauté qui est la moins chère, et de loin. Mais avec des livraisons qui commenceront seulement en 2022, n’espérez pas trop négocier ses tarifs. Tout l’inverse de ceux de la Mégane, qui font régulièrement l’objet de remises et de promotions.
Bilan du match Astra vs Mégane
Ces deux berlines compactes cinq-portes disposent notamment d’une version hybride rechargeable, qui est ici photographiée. L’Astra en rajoutera même assez rapidement une deuxième.
Opposer un modèle lancé il y a cinq ans avec une nouveauté seulement commercialisée en 2022 ? Pour la Mégane 4, le match organisé par L’argus pouvait sembler bien inégal. Dans les domaines du style, de l’espace à bord ou des motorisations, la vieillissante compacte Renault fait pourtant plus que se défendre face à une Astra flambant neuve. Sur ses finitions hautes, elle peut même se targuer d’une instrumentation numérique et d’un écran central encore au goût du jour. Mais sa présentation très classique commence tout de même à accuser le poids des ans, en particulier sur ses finitions les plus courantes, dotées de dalles bien plus petites, et certains équipements trahissent aussi son âge. Des défauts qui seraient bien mieux passés si la française n’avait pas eu la fâcheuse idée de s’afficher bien plus cher que sa concurrente du jour !
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