Alors que l’échéance approche pour la disparition du réseau mobile 2G, les constructeurs de voitures cherchent à la repousser à tout prix. Il y a une raison bien particulière à cela, on vous explique.
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Les constructeurs automobiles ont saisi la Commission européenne afin qu’elle enquête sur les conséquences de la fin du réseau 2G. Pourquoi ? Parce que c’est sur lui que repose le système eCall qui équipe obligatoirement tous les véhicules du Vieux Continent depuis 2018. Il s’agit d’un bouton d’appel d’urgence permettant de contacter le 112 (numéro européen). C’est très loin d’être un gadget. Aux États-Unis, Mercedes-Benz a dû rappeler plus d’un million de voitures a cause d’un bug sur eCall. Plateforme automobile (PFA), principal syndicat du secteur dont font partie les fabricants français, estime que le service est actuellement installé dans plus de 36 millions de véhicules en Europe. Mettre un terme à la 2G serait donc extrêmement problématique.
Les constructeurs de voitures redoutent la disparition du réseau 2G
Un cabinet d’étude espagnol a été mandaté par la Commission européenne et aurait conclu qu’il serait économiquement viable de maintenir la 2G dans chaque pays de l’UE. Interrogée, la France indique ne pas avoir de position arrêtée sur la question, tout en rappelant qu’elle ne peut légalement pas empêcher les opérateurs de couper leurs réseaux 2G et 3G. Le Code européen des communications électroniques non plus. D’autant que les fréquences 2G sont censées être réutilisées pour la 5G, que l’Europe veut voir presque partout d’ici 2030.
Des solutions sont envisageables, mais elles vont coûter des milliards d’euros
La première possibilité est donc de conserver les réseaux 2G et 3G en Europe le temps que l’ensemble du parc automobile passe à la nouvelle version d’eCall. Tony Jaux, directeur du programme véhicules connectés de la Plateforme Automobile, calcule que “si on démarre à partir de 2026 avec les premières obligations de mettre en place le nouveau eCall, alors les réseaux 2G ou 3G devraient être maintenus jusqu’en 2041“. Le syndicat estime que même en s’arrêtant en 2035, cela coûterait entre 1,2 et 1,5 milliard d’euros par an à l’ensemble des pays membres.
Deuxième solution : faire remplacer l’ancien eCall par le nouveau. Sans parler du coût de l’opération, estimé à 13 milliards d’euros par la PFA, ce serait un cauchemar logistique pour Tony Jaux. “Il faut rappeler tous les véhicules, mais est-ce que les gens viendraient ? Et tout changement sur un véhicule dans un système lié à la sécurité doit être homologué pour sa remise en route. Cela signifierait qu’il faudrait homologuer des centaines voire des milliers de modèles de véhicules. De plus, nous n’avons aucun contrôle sur ce qu’il se passe en après-vente, donc il n’y a aucune garantie que le nouveau dispositif installé soit sécurisé“.
Source : La Tribune