Mate Rimac est devenu avec surprise le nouveau propriétaire de Bugatti l’année dernière. Cet entrepreneur croate revient sur la « folle » histoire du rachat et de sa nomination.
En juillet 2021, le groupe Volkswagen se séparait officiellement de la prestigieuse marque Bugatti. Cependant, Porsche en gardait une partie du contrôle, mais c’est Mate Rimac qui décrochait le gros lot.
Le fondateur de la marque éponyme, qui se spécialise dans les hypercars électriques, en devenait ainsi le PDG. Actionnaire majoritaire à 55 % de la coentreprise Bugatti-Rimac, c’est sous sa coupe que les futures Bugatti électriques naîtront.
«Â Lorsque Winkelmann était PDG de Bugatti, il est venu nous voir à plusieurs reprises pour développer la prochaine génération de voitures. Il devait s’agir d’un SUV électrique similaire à la Ferrari Purosangue. À l’époque, nous devions réorganiser le groupe motopropulseur de la Rimac Concept Two. »
«Â Ensuite, le responsable de la stratégie du groupe Volkswagen m’a appelé et m’a dit qu’il voulait parler de Bugatti. Au milieu de la conversation, il a juste lâché : ‘Que pensez-vous de la reprise de l’entreprise ?’. »
Et de préciser que Volkswagen a envisagé de simplement arrêter la marque française. « VW avait plusieurs options, notamment tuer la marque ou la vendre à quelqu’un d’autre. Mais il n’y a pas qu’une seule opinion au sein de VW. Il y a beaucoup de gens avec des opinions différentes : le conseil d’administration, la famille Piech, la famille Porsche, l’État… »
Deux différentes approches entre Bugatti et Rimac
Rimac reconnait qu’il n’a pas cru à cette proposition, dans un premier temps, lors de cet appel passé en 2019. « Je pensais que c’était un bug dans la matrice ou que je l’avais mal compris. Je ne croyais pas que c’était réel. »
Celui qui a toujours voulu séparer les deux entités explique comment il va entretenir deux visions de l’automobile. Il souhaite conserver l’héritage artistique et luxueux de Bugatti, et l’approche superlative de ses créations initiales.
«Â La technologie sera différente, mais aussi l’approche. Bugatti, c’est l’héritage, l’artisanat et 100 ans d’histoire. C’est un perfectionnisme un peu aristocratique. »
«Â Sur le plan technique, nous aurons encore des moteurs à combustion dans un avenir prévisible, et c’est plus luxueux. Il faut que ce soit un peu sérieux, aussi. La Bugatti, c’est plutôt aller à l’opéra et rouler à 400 km/h sur l’autoroute. Ce sera plus beau, avec des instruments analogiques, un peu comme une montre. »
«Â Avec Rimac, nous voulons que ce soit absolument fou, entièrement électrique, drifter à 60 km/h avec un gigantesque nuage de fumée derrière vous, des modes de dérive autonomes, des trucs futuristes. »
Une Bugatti « complètement nouvelle » sans le W16
On savait déjà que la future Bugatti sera hybride, puisque la firme de Molsheim l’avait annoncé récemment. Ce que nous apprend Mate Rimac, c’est en revanche que son entreprise s’est écartée du tout électrique.
En effet, dès qu’il a été évident qu’il rachèterait Bugatti, il a lancé un projet de moteur thermique. Cela permettra à la prochaine hybride de ne plus utiliser le vénérable W16, héritage du groupe Volkswagen.
«Â Ce n’était pas une période facile, mais je savais exactement ce que je voulais que la prochaine voiture soit. Nous avons commencé à développer un moteur à combustion par nous-mêmes, et ce que vous verrez l’année prochaine est totalement fou. »
«Â Je pense que tout le monde sera époustouflé quand ils verront ce que nous avons fait. Nous avons commencé à développer un nouveau moteur à combustion deux ans avant de reprendre l’entreprise, ce que personne n’attendait, je suppose. »
Le modèle n’aura ainsi aucun composant en commun avec la Bugatti Chiron, et aucun avec la Rimac Nevera. « Ce sera une hypercar réarrangée en hybride. »
«Â C’est complètement nouveau, donc il n’y a pas une seule pièce reportée d’une voiture. Il n’y aura rien reporté de la Chiron, rien reporté de la Nevera. Tout a été créé de toutes pièces. »