Disparu du paysage européen et cantonné à son pays d’origine depuis 2017, Lancia opère son grand retour cette année avec une nouvelle génération de la citadine Ypsilon. La base technique est connue, partagée avec ses cousines françaises et allemandes du groupe Stellantis, mais l’habillage inédit joue à fond l’originalité, clins d’œil nostalgiques à l’appui. Surtout, ne pas avoir l’air d’un clone de la 208 !
Avoir attendu un 14 février pour officialiser la relance de Lancia hors d’Italie était sans doute volontaire, le public étant peut-être plus à même de tomber sous le charme un jour de St Valentin. Le retour reste délicat à négocier, nous l’évoquions précédemment : faire revivre le constructeur italien hors de ses frontières, justifier son retour et ne surtout pas passer pour un énième clone de la galaxie Stellantis… et ne surtout pas créer de doublon avec les Peugeot 208 et Opel Corsa. En principe, peu de risques. Chacune opère sur son créneau, et Lancia se posera en premium au sein du groupe. Ce qu’elle a toujours été, finalement. La Ypsilon viendrait donc concurrencer directement la Mini, chez les petits gabarits chics (et chers, en principe).
Lancia étant venu avec le portefeuille de marques lors de la fusion des ex-FCA et PSA, autant ne pas se priver d’un nom permettant de ratisser un peu plus large, et de rentabiliser un peu plus les plates-forme existantes. Dont acte, et cela tombait plutôt bien : la Ypsilon n’attend qu’à être remplacée. Rappelons que le modèle sortant, quatrième du nom qui perdure en Italie depuis… 2011. Presque 13 ans de carrière, c’est exceptionnel pour une citadine. Curieusement, malgré sa conception datée, elle faisait mieux que résister et s’écoulait encore l’an dernier à 45.000 exemplaires de l’autre côté des Alpes. La nouvelle venue n’a donc rien de commun, hormis le nom, et repose désormais sur la plate-forme CMP dédiée aux petits modèles Stellantis.
Des airs de Stratos, c’est assumé
Bonne nouvelle, la petite italienne évite soigneusement de passer pour une simple Peugeot 208 rhabillée en tenue de gala. Elle ne peut évidemment cacher un certain lien de parenté, compte tenu de la base technique commune : les dimensions sont très proches (4,08 m de long, 2 cm de plus), la silhouette évoque la française sous certains angles et à bord, bon nombre d’éléments d’accastillage sont partagés avec d’autres modèles Stellantis. Mais l’opération est plutôt habile. La Ypsilon présente même des airs de Stratos, avec le décroché de la partie arrière et les deux gros feux ronds. La face avant, assez singulière, reprend la signature lumineuse annoncé par le concept Pu+Ra découvert à l’été 2023.
L’ensemble est sympathique, et l’habitacle est dans la même veine. Pas très vaste, logiquement, à l’instar des cousines du groupe. L’agencement diffère assez nettement des 208 (plus sportif et techno) et Corsa (rationnel et un peu terne, en comparaison) par quelques effets de style originaux, tout en rondeurs. Le système SALA (interface regroupant les fonctions de climatisation, musique, éclairage d’ambiance), les contre-portes, la tablette ronde intégrant le chargeur à induction (en bas de la planche de bord)…
Attention, la finition cossue, les détails de cuir et la sellerie en velours bleu sont spécifiques à la série limitée de lancement développée avec Cassina (1906 unités seulement en hommage à l’année de naissance de Lancia), spécialiste italien de l’aménagement d’intérieur et de mobilier très haut de gamme (un sofa coûte le prix estimé d’une Ypsilon à quelques milliers d’euros près, vous saisissez ?). Effet garanti : on découvre donc cette Ypsilon sous son meilleur jour. Reste à voir ce qu’elle nous réserve dans des configurations plus modestes. Un certain standing devrait être assuré sur les niveaux d’entrée de gamme, compte tenu de ses ambitions premium (le mot magique)… Principal prétexte pour rallumer le courant chez Lancia, finalement.
Electrique, hybride : mécaniques connues
Sans surprise, la Ypsilon électrique hérite du dernier ensemble moteur-batterie apparu sur la e-208 remaniée. La mécanique, française donc, est toujours assurée par un moteur électrique de 156 ch, délivrant 260 Nm de couple maximal. La batterie de 51 kWh (48 kWh en capacité nette) permettrait une autonomie estimée à 403 km en cycle mixte, soit une consommation d’environ 12,5 kWh/100 km, évidemment optimiste (en e-208, on retient environ 300 km d’autonomie). Côté recharge, on retrouvera en principe des prestations similaires : 11 kW en charge AC, et 100 kW en charge rapide DC (24 mn pour passer de 20 à 80 %, selon la fiche technique).
Concernant les motorisations micro-hybrides, Lancia annonce pour l’instant uniquement l’arrivée du 3 cylindres de 100 ch, déclinaison la plus modeste du moteur dernièrement introduit sur les 208 et Corsa. En toute logique, la gamme devrait rapidement s’étoffer de la version de 136 ch.
Enfin, les tarifs italiens donnent une première idée des prix attendus en France, non encore officialisés à ce jour. L’addition devrait être sévère, et la Ypsilon risque bien de se monnayer un cran au-dessus de la cousine Peugeot, compte tenu de son pedigree un peu plus huppé. L’édition spéciale Cassina, seule proposée au lancement, s’affiche ainsi 39.500 € chez nos voisins. A comparer aux 38.850 € d’une Peugeot e-208 en finition haut de gamme GT, hors bonus.
