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Le paradoxe écologique de l'automobile

le paradoxe écologique de l'automobile

Le paradoxe écologique de l’automobile

L’automobile est engagée dans une transformation indispensable qui a notamment conduit à la mise en place de ZFE et à l’interdiction de la vente de véhicules thermiques en 2035. Cette trajectoire est juste et doit être défendue. Pour autant, chaque année, des milliers de véhicules envoyés à la casse sont encore en bon état de marche…

C’est dans ce contexte que la proposition de loi du groupe Écologiste en faveur du réemploi des véhicules anciens – faisant l’objet d’une reprise contre une prime à la conversion – au service des mobilités durables et solidaires sur les territoires sera débattue au Sénat.

Un texte qui s’inscrit pleinement dans les enjeux actuels autour du « réemploi », dans la ligne du « bonus réparation textile », déjà en place pour certains objets électroniques ou encore de la dernière campagne (controversée) de l’ADEME pour une consommation plus responsable.

Stopper la casse des véhicules thermiques en état de rouler

En France, chaque année, 15 à 20% des véhicules éligibles à la conversion sont parfaitement fonctionnels, mais envoyés à la casse. L’explication de ce paradoxe : la qualité de l’air, qui représente un enjeu de santé publique majeur et auquel le véhicule électrique apporte une réponse. Pour autant, s’agissant de l’empreinte environnementale, ne fait-on pas tout simplement fausse route ?

En ayant déjà assumé le coût écologique de leur fabrication, l’utilisation de ces voitures thermiques existantes reste pour l’instant l’option la moins consommatrice en ressources naturelles et la plus accessible pour les publics précaires.

En effet, si l’impact environnemental du véhicule électrique est meilleur que son équivalent thermique lorsqu’il roule, sa fabrication émet, pour l’instant, plus de gaz à effet de serre, essentiellement du fait de la production de sa batterie. L’étiquette « Crit’Air » indique la quantité d’émissions de CO2 rejetées par le véhicule lors de son usage, mais ne rend pas encore compte de l’empreinte carbone générée pour sa fabrication et sa destruction.

L’automobile de demain se construit avec rythme et détermination. En attendant, l’enjeu est de ne pas laisser les plus fragiles sur le bord de la route.

Une deuxième vie pour ces voitures et une chance pour les exclus de la mobilité

Encore aujourd’hui, dans des territoires ruraux et périurbains, de nombreuses personnes souffrent de « précarité-mobilité » : 1 Français sur 4 aurait déjà renoncé à un travail ou une formation faute de moyen de transport pour se déplacer. La mobilité est l’un des principaux facteurs d’insertion et d’accès à l’emploi.

Aller travailler, faire ses courses ou encore se rendre chez le médecin, autant de besoins vitaux auxquels seule la voiture permet de répondre dans les zones encore mal desservies en solutions alternatives. Ainsi, ce flux de voitures pourrait être réinjecté dans le circuit vertueux de la mobilité durable et solidaire.

Détruire ces voitures c’est aussi détruire des emplois. Des solutions de rétrofit existent (E85, GPL, électrique), mais la prometteuse filière demeurera embryonnaire en France tant que ces véhicules seront détruits au lieu d’être réemployés. Cette initiative constitue une opportunité pour l’État de répondre à une attente légitime de nos concitoyens, de faire émerger une filière vertueuse, et de protéger la transformation du secteur qui sera mise à mal si son coût social est trop élevé. Sa mise en œuvre est réaliste et soutenue par le secteur associatif, les professionnels de l’automobile, les services de l’État et les territoires. Ce laboratoire grandeur nature du réemploi et de la mobilité inclusive placerait la France parmi les pays les plus innovants et agiles en la matière en Europe.

Continuer à rouler au nom d’une mobilité durable et solidaire

Permettre aux plus fragiles de louer à tarif modeste ces voitures rétrofitées et fléchées par des dispositifs solidaires évite de manière évidente le gaspillage de ressources et d’énergie qui ont servi à leur fabrication. Il s’agit de ne pas négliger les opportunités offertes par cette « écologie du réemploi » pour nos concitoyens qui n’ont pas encore d’alternative. C’est une solution de transition qui a le mérite d’amortir le choc social des nécessaires changements à l’œuvre dans la mobilité.

Pour toutes ces raisons, nous devons cesser d’envoyer chaque année ces milliers de véhicules en bon état à la casse, et nous engager dans une écologie du réemploi au bénéfice des populations les plus fragiles.

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