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Le transport routier de marchandises entre en récession : faut-il s’inquiéter ?

Pour appréhender la bonne santé d’une économie, il y a plusieurs facteurs qui peuvent être analysés et déjà donner un bon indicateur. Il y a évidemment l’industrie automobile, le marché de l’immobilier, mais aussi, et on y pense un peu moins, celui du transport routier de marchandises.

Pourtant, alors que le premier semestre de 2023 a apporté une lueur d’espoir à l’économie française avec une croissance du PIB, un secteur majeur traverse une période de turbulences : celui du transport routier de marchandises (TRM) qui est entré en récession.

Les chiffres du ministère des Transports soulignent une inquiétante baisse d’activité au deuxième trimestre. Les conséquences de cette récession se font ressentir tant sur l’emploi que sur la demande, et le nombre de défaillances d’entreprises dans ce secteur augmente rapidement. Est-ce que les premières défaillances de ce secteur anticipent une récession plus globale de l’économie ? Il y a des chances.

Moins de demandes par rapport à la sortie de la crise sanitaire

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Selon les données du ministère des Transports, l’activité du secteur a connu une chute significative de 6,4 % par rapport au trimestre précédent.© Iveco

L’Union TLF, l’Union des entreprises de Transport et de Logistique de France, a récemment publié son baromètre de conjoncture du TRM pour le second trimestre de 2023, apportant des informations inquiétantes sur la santé de ce secteur. Alors que l’économie française dans son ensemble a enregistré une croissance du PIB au premier semestre, le TRM se trouve en pleine récession. Selon les données du ministère des Transports, l’activité du secteur a connu une chute significative de 6,4 % par rapport au trimestre précédent.

Cette récession frappe particulièrement les transporteurs en compte propre, qui ont subi une baisse de 9,7 % de leur activité. De leur côté, les transporteurs pour le compte d’autrui ont également connu une baisse notable de 5,9 %.

Le volume trimestriel du fret routier, qui s’élevait à 40 milliards de tonnes kilomètres, est même inférieur à celui enregistré l’année précédente et à celui d’avant la crise sanitaire, marquant une baisse de 4,6 % par rapport au deuxième trimestre de 2019.

Les dirigeants du TRM sont confrontés à une pénurie de demande, avec 39 % d’entre eux signalant ce problème en juillet, ce qui représente une augmentation de 16 points par rapport à la même période en 2022.

Une crise plus globale à venir ? L’automobile aussi menacée ?

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Il n’y a pas que le secteur du TRM qui sera touché. Outre celui de l’immobilier, le secteur de l’automobile pourrait être touché.© Iveco

Malgré les recrutements massifs réalisés en 2021 et 2022 pour répondre à une demande croissante, le secteur a perdu 1 % de ses effectifs salariés au deuxième trimestre de 2023, soit 4 400 emplois en moins. Cette récession affecte directement l’emploi dans le secteur.

Les défaillances d’entreprises dans le secteur des transports et de l’entreposage augmentent plus rapidement que dans le reste de l’économie. Au cours des mois de juillet et août, elles ont atteint un niveau rarement observé au cours des 20 dernières années. Dans le TRM, les défaillances du deuxième trimestre ont augmenté de 20 % par rapport à l’année précédente, touchant 415 entreprises et plus de 3 100 salariés.

Cette situation préoccupante dans le secteur du TRM met en évidence la nécessité d’identifier les causes de cette récession et de mettre en place des mesures pour la relance. Il semble donc crucial de restaurer la confiance des acteurs du secteur, de stimuler la demande, et de protéger les emplois, tout en explorant des solutions à long terme pour garantir la stabilité et la croissance de ce pilier essentiel de l’économie française.

Sans être alarmiste, et comme énoncé plus haut, cette situation anticipe peut-être une entrée en récession plus globale de l’économie, et dans ce sens, il n’y a pas que le secteur du TRM qui sera touché. Outre celui de l’immobilier, le secteur de l’automobile pourrait être touché, et malgré la transition énergétique qui devrait être un facteur du bon maintien des niveaux de ventes des voitures, certains analystes sont un peu plus pessimistes pour les prochains mois.

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