Lancia, c’est une histoire et un patrimoine fait de sportivité, de luxe et d’innovation. De là à le faire revivre, il y a un très grand pas. Que le groupe Stellantis va oser.
« Je ne vois pas de nécessité de supprimer des marques, toutes seront maintenues » avait déclaré fin 2019 Carlos Tavares, le nouveau patron du groupe Stellantis, issu de la fusion de Fiat-Chrysler avec Peugeot-Citroën. Déclaration qui avait pu passer pour de la vantardise. Ou pour un simple clin d’œil de façade envers les amateurs de voitures, afin de les rassurer. À peine deux ans plus tard, force est de constater que le patron de ce gigantesque puzzle de 12 marques est en train de tenir parole. À la plus grande surprise de certains.
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Une histoire unique et magnifique
Carlos Tavares affirme que dans son groupe, « toutes les marques ont leur histoire et leur force ». Affirmation particulièrement vraie pour Lancia. Entre sa naissance en 1906 et son rachat par Fiat en 1969, la marque a déposé davantage de brevets que Citroën ! Elle incarne moins la sportivité radicale (davantage l’apanage d’Alfa Romeo, Ferrari ou Maserati) que le raffinement technologique et un luxe délicat. Le tout dans un esprit typiquement italien. Elle se distingue par de nombreuses victoires en compétition, depuis sa création.
Lorsque le géant Fiat rachète Lancia en 1969, la petite marque ne pèse pas grand-chose : à peine 105 000 voitures fabriquées dans l’année. Une goutte d’eau par rapport au 1,225 million que sort Fiat. Vont s’ensuivre des décisions souvent peu éclairées, notamment lors de la reprise d’Alfa Romeo, toujours par Fiat, en 1986. Le dogme des dirigeants de Fiat va être : à Alfa Romeo, le sport, à Lancia, le luxe. Aberrant ! Car dans ces années, Alfa n’a quasiment plus aucun programme sportif et Lancia cumule les plus belles victoires en rallye avec sa mythique Delta Integrale. Mais ce n’est encore rien…
Les plus mauvaises décisions vont être prises sous la présidence de Sergio Marchione : après avoir racheté Chrysler aux États-Unis en 2009, il a l’étonnante idée de coller le badge Lancia, le plus latin qui soit, sur des Chrysler, qui sont l’archétype de la voiture américaine massive et peu raffinée. La greffe ne prend évidemment pas. Après des centaines de millions dépensés, la marque se rétrécit piteusement. Aujourd’hui, elle ne propose plus qu’un seul modèle : la petite Ypsilon, née il y a 12 ans, qui n’est plus commercialisée qu’en Italie.
Renaissance programmée en 2024
Maintenant, les troupes sont en ordre de marche pour assurer le renouveau de la marque. Toutes électriques, les bases techniques proviendront des plateformes de Peugeot-Citroën. Une équipe de design, spécifique, a été créée l’an dernier, sous la direction du talentueux Jean-Pierre Ploué, créateur de la première Twingo puis auteur du renouveau stylistique de Citroën. « Ne vous inquiétez pas ! Nous avons trouvé une identité visuelle. On reconnaîtra une future Lancia de très loin ».
Pour l’heure, seul le nouveau logo a été dévoilé. Les premiers modèles sortiront en 2024. Avec un design qui puisera dans l’histoire de la marque : « Nos références sont les Aurelia (années 1950), le coupé Fulvia (1965-1976) et la Delta (1979-1993) ». Les amateurs sont impatients…