La voiture électrique la moins chère du marché risque de n’être bientôt plus éligible au bonus écologique, et une concurrence musclée se profile à l’horizon.
Auréolée du titre de voiture électrique la moins onéreuse du marché, la Dacia Spring connaît un véritable succès commercial. Elle s’est ainsi écoulée à près de 25 000 exemplaires en France depuis le début de l’année, ce qui la place au 15ème rang des ventes, toutes énergies confondues.
Cet engouement repose en premier lieu sur des tarifs ultra-concurrentiels, avec notamment une offre de location longue durée à 79€ par mois pendant 37 mois, et un premier loyer de 0 € grâce aux 5 000 € de bonus écologique auquel s’ajoutent 2 500 € de prime à la conversion.
On parle ici toutefois de conditions « idéales », sachant que tout le monde n’a pas forcément de veille voiture à faire reprendre pour bénéficier de la prime à la conversion. De plus, il s’agit de la Spring d’entrée de gamme, avec petit moteur de 45 ch.
Si l’on veut accéder à la version Extreme 65 ch, mieux équipée et dotée du chargeur « rapide » 30 kW optionnel qui lui confère plus de polyvalence, les tarifs grimpent sensiblement. On part alors d’un tarif de 18 900 € bonus compris, qui se traduit par une offre en LOA 48 loyers de 144,65 € après une première mensualité de 2 400 €.
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Sauf à imaginer une baisse de prix drastique en début d’année prochaine, la Spring risque donc de voir sa carrière rapidement abrégée.
De plus, les semaines à venir marqueront l’arrivée de deux redoutables concurrentes pour la Roumaine.
La première est la Citroën ë-C3, dont le premier prix s’établira à 23 300 € hors bonus (soit 18 300 € si son montant reste à 5 000 €). Un tarif légèrement supérieur à la Dacia, mais on a pour ce prix une voiture plus spacieuse, dotée d’une batterie à la capacité supérieure (44 kWh contre 27, soit 320 km contre 230), d’un moteur de 113 ch (contre 65) et d’un équipement plus riche.
Et c’est ainsi que Citroën a mitonné une offre des plus alléchantes pour la version de base (finition You). Celle-ci est accessible à 99 € par mois sur 36 mois et 30 000 km, avec un premier loyer gratuit pour qui peut cumuler le bonus écologique de 5000 € (auquel l’auto aura droit l’an prochain car elle est fabriquée en Europe), 2 000 € d’offre constructeur et 2500 € de l’éventuelle prime à la conversion. Dans ces conditions, difficile de lutter pour la Spring, sauf pour qui a besoin d’être livré rapidement. La nouvelle Citroën ne sera en effet disponible avant le printemps.
La Renault 5, ici sous la forme d’un prototype camouflé, proposera des batteries de 42 ou 52 kWh. A la clé, jusqu’à 400 km d’autonomie.
De mauvaises nouvelles pour la Spring, donc…mais d’excellentes nouvelles pour les automobilistes qui voient la mobilité électrique progressivement se démocratiser.
La route est encore longue pour avoir des modèles zéro émission à des prix réellement «discount», et il est évident que ce marché ne progressera que s’il est soutenu par les pouvoirs publics grâce à de généreux bonus.
Mais il n’y a pas d’autres solutions que de proposer des modèles accessibles dans la mesure où, ainsi que le montre la dernière édition de l’Observatoire Cetelem de l’automobile, nombre de Français émettent des doutes quant à la pérennité de la voiture dite “propre”.
Seuls 38% d’entre nous imaginent que la voiture électrique remplacera complètement à terme son homologue thermique, et 77% redoutent que l’augmentation des prix de l’électricité rende l’utilisation de l’électrique plus onéreuse que celle du thermique.
De plus, 29% pensent que la France ne sera pas en mesure de produire suffisamment d’électricité pour alimenter un vaste parc de voitures électriques. Dans ces conditions, une seule solution pour convaincre les automobilistes : baisser les prix, et rapidement. Avec ou sans la Dacia Spring, donc.