L'Europe de l'automobile a peur de la Chine et de ses voitures en passe d'envahir notre marché. Pourtant, 46 % des modèles en provenance de l'Empire du milieu sont de marques occidentales, conçues ici et fabriquées là-bas par des groupes qui, pour certains d'entre eux, fustigent la menace chinoise.
La Tesla Model 3 est, avec la Model Y, la championne des importations chinoises.
C’est le grand méchant loup qui avance en meute pour débouler sur l’occident et en finir avec ses marques historiques. Byd, MG et consorts font trembler le vieux continent et on se gargarise de chiffres terrifiants. Et pour cause : au cours des quatre premiers mois de cette année 2023, 182 864 autos en provenance de Chine ont été vendues en Europe, selon le cabinet d’études Inovev spécialisé dans l’automobile.
L’arbre de l’invasion chinoise cache la forêt des marques européennes
Dacia Spring : plus de 16 000 exemplaires importés en 4 mois.
BMW est lui aussi de la partie avec son IX3, dont 5 534 exemplaires fabriqués là-bas et ont été vendus ici. Le Français Citroën quant à lui, assemble en Chine sa C5X, dont 4 118 modèles ont pris le chemin vers l’Europe. Le cousin DS ferme cette marche avec 219 exemplaires de sa DS 9.
Et puis il y a les autres : ces marques avalées par des groupes chinois en conservant leur emblème occidental. C’est ainsi que Volvo, qui appartient au groupe Geely a importé chez nous 885 S90. Smart, quant à lui, également en partie sous la coupe du même groupe chinois a déjà importé en Europe 634 #1, son petit SUV.
Redouter la Chine et fabriquer là-bas
Évidemment, tous ces chiffres, laissent quelque peu goguenard lorsque l’on écoute le discours de certains groupes automobiles occidentaux qui fustigent d’un côté leurs homologues chinois qui envahissent leurs plates-bandes, tout en assemblant leurs propres modèles dans l’Empire du milieu. D’autant que cette situation pourrait bien s’amplifier. Inovev prévoit, rien que pour cette année, 500 000 importations de voitures en provenance de Chine. Reste à savoir de quelles marques et de quelles modèles il va s’agir.
le succès de la Smart #1 et de ses petits frères pourrait encore aggraver la présence chinoise en Europe.
La montée en puissance du Chinois BYD est évidemment à l’ordre du jour et pourrait à elle seule doper cette progression. Mais des nouveaux venus sont eux aussi attendus. Quant aux marques occidentales, elles devraient elles aussi jouer un rôle dans la montée en puissance de la Chine. Si les autos siglées Stellantis (Citroën, DS) ne risquent pas de peser lourdement dans ce décompte 2023, l’augmentation de cadence de BMW en Chine (avec la fabrication sur place de sa Mini électrique), mais aussi de Volvo et son Suv électrique EX30, ainsi que la progression des ventes de la Smart #1devraient compter fortement dans le chiffre final de ces importations depuis la Chine.
Une fois de plus, les Européens hurleront au loup en fustigeant la politique appliquée derrière la grande Muraille, sans bien mesurer toujours que la propre politique industrielle (ou de désindustrialisation) européenne est, elle aussi, responsable de cette « invasion ».