La prochaine grande Renault aura un nom d’avion de chasse. Mais pas celui que vous croyez : c’est dans les vieux Caudron que le losange cherche désormais son inspiration.
Le futur Renault Rafale.
Il est beau ce nom, Rafale. Et surtout, mémorisable ce qui n’est pas du luxe.
La dernière grande Renault dont je me souvienne après la R25 et la Safrane, c’est la Vel Satis berline marquante pour son courageux design, si résolument opposé à celui de ses envahissantes concurrentes allemandes que je n’avais pu m’empêcher d’y voir un hommage à une autre Renault qui, au début du siècle précédent, avait déjà affronté les hordes germaniques.
Admettez que la ressemblance des silhouettes et des calandres est troublante.
Mais si je me souviens de son nom un rien baroque et chantourné, c’est parce que dans un méchant petit billet, constatant que la gaullienne berline (elle semblait taillée pour les 2,15 m – avec képi – du général) se vendait bien mal, j’avais conseillé à Renault d’en décliner un pick-up dénommé « Ben Satis ». Pardon si ça ne fait rire que moi.
Après elle, j’ai beau chercher, je ne retrouve plus le nom de sa remplaçante. Altitude ? Attitude ? « Latitude » me corrige Google. Je ne suis pas le seul à n’en pas garder un grand souvenir, pourtant, elle eut un immense mérite : celui de ne pas trop creuser le déficit commercial français, sachant qu’elle était construite en Corée.
Mais voici la Rafale…
Un nom qui vient de loin
Renault l’admet d’emblée, le nom de son futur coupé SUV doit tout à l’avion.
Mais pas celui que vous croyez !
Comme l’explique Sylvia Dos Santos, Responsable de la stratégie des appellations chez Renault dans son communiqué« Peu de gens le savent, mais le nom Rafale appartient à Renault et fait partie de l’histoire de la marque. Et aujourd’hui nous l’utilisons pour la première fois pour nommer un véhicule. »
Des Messerschmitt au tapis
En 1933, quand Louis Renault, passionné d’aviation achète l’avionneur Caudron, il renomme ses appareils de noms de vent. Il y aura le C500 Simoun, le C640 Typhon, et donc le C460 Rafale. Qui n’est, lui, pas un avion de chasse, mais un chasseur… de records.
C’est à son manche et avec un V12 Renault sous le capot que la fameuse aviatrice Hélène Boucher en battit plusieurs dont celui du record du monde féminin de vitesse sur 1 000 kilomètres en atteignant 445 km/h le 11 août 1934. Malgré son moteur deux fois moins puissant que ceux de ses concurrents américains, le Rafale leur tenait la dragée haute grâce à son fuselage… fuselé comme un crayon.
À en croire le sombre cliché fourni par Renault, le SUV ressemblera plutôt lui au taille-crayon.
Pour ceux qui suivent encore, j’ajouterai que le C460 Rafale évoluera en véritable avion de chasse, le C714 Cyclone qui après moult prototypes et péripéties fut déclaré « inapte au combat » car trop vulnérable aux tirs avec sa structure majoritairement en bois. Relégué au rôle d’avion d’entraînement, il ne sera produit qu’en petite série.
Dans la panique du printemps 1940, on en confia tout de même quelques exemplaires à des pilotes de chasse polonais réchappés de l’invasion de leur pays et tellement remontés contre les Allemands qu’aux commandes de ce frêle aéronef, ils parvinrent à descendre quelques Messerschmitt et Dornier.
La Renault Rafale fera-t-elle descendre les ventes de BMW X5, Mercedes GLC et Audi Q5 ?