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Les Allemands ont très peur des sanctions européennes sur les voitures électriques chinoises

La charge de l’Europe sur les voitures électriques chinoises met les constructeurs automobiles allemands dans l’embarras. Et pour cause, ils n’ont pas du tout la même vision que les marques françaises ou italiennes sur le sujet.

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La nouvelle Mini de cinquième génération, une voiture électrique du groupe allemand BMW mais assemblée en Chine.

Comment s’adapter face à l’arrivée massive des voitures électriques chinoises en Europe ? Certains gouvernements du Vieux Continent essaient de mettre en place des mesures protectionnistes déguisées pour lutter contre cette nouvelle concurrence. En France, la mise en place d’un bonus écologique revu pour 2024 doit permettre théoriquement de faire en sorte qu’il ne profite plus aux voitures électriques fabriquées en Chine, grâce à un barème discriminant les voitures fabriquées très loin de France et importées ensuite.

Au plus haut niveau de l’Europe aussi, la lutte contre l’arrivée des voitures électriques chinoises est au programme. La présidente de la Commission européenne Ursula Von Leyen en personne déclarait récemment qu’il fallait enquêter sur les avantages concurrentiels des constructeurs automobiles chinois, aidés dans leurs pays par d’énormes avantages fiscaux. Avec, si cet avantage fiscal était jugé déloyal, la possibilité de mettre en place des droits de douane supplémentaires pour les voitures électriques chinoises importées sur notre marché. Mais ce genre de mesure effraie déjà une partie de l’industrie automobile européenne, consciente que de tels actes pourraient avoir des conséquences négatives sur leurs activités.

Les marques allemandes ont une approche différente

Si les réflexions de la commission européenne semblent convenir aux groupes comme Renault et Stellantis, qui n’ont qu’une présence limitée en Chine, elles semblent en effet effrayer les marques allemandes à l’implantation bien meilleure au sein de l’Empire du Milieu. Le patron de Mercedes-Benz Ola Kallenius, par exemple, critique vertement ce projet de l’Union européenne dans une interview aux journalistes de Bloomberg. « Nous devons garder les marchés ouverts et laisser les constructeurs automobiles se battre. Ces mesures peuvent faire courir un danger pour les constructeurs automobiles et toutes les chaînes d’approvisionnement de l’industrie mondiale », estime le patron du géant allemand de l’automobile premium. « Il est impensable de croire qu’on peut séparer le monde automobile en différentes régions fonctionnant de manière isolée les unes des autres », ajoute-t-il. Rappelons que la Chine représente le premier marché mondial de Mercedes-Benz et dans ce contexte, le constructeur ne peut évidemment pas se permettre de s’exposer à d’éventuelles sanctions du gouvernement local en guise de réponse aux mesures européennes. Le géant de l’automobile chinois Geely est d’ailleurs actionnaire de Mercedes-Benz à la hauteur de 10%.

Et on voit mal les autres groupes automobiles allemands adopter une position différente de celle de Mercedes sur le sujet, compte tenu de leur stratégie actuelle. Soucieuses de renforcer leur présence en Chine, Audi et Volkswagen viennent de lancer des projets de fabrication de nouvelles voitures électriques conçus sur la base de plateformes de voitures de marques chinoises. Chez BMW, la nouvelle Mini électrique sera directement construite en Chine avant d’être exportée (même pour l’Europe). Bref, l’industrie automobile européenne pourrait bientôt se déchirer sur les mesures à adopter face à la Chine entre des groupes français bien décidés à mettre des bâtons dans les roues de ces nouveaux concurrents et des Allemands qui veulent garder leurs parts de marché là-bas. Laquelle de ces deux stratégies serait la meilleure à moyen et long terme pour l’industrie automobile européenne ?

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