La seconde génération de la berline compacte premium DS 4 a connu une longue gestation. C'est par un prototype nommé Manifeste DS, réalisé en 2015, que tout a commencé. Frédéric Soubirou, le responsable du style de la marque, nous en conte l'histoire.
- DS 4 (2015-2021) : une longue gestation
- Un nez façon E-tense Concept ?
- Un dos de Bugatti Atlantique ?
- Comment passe-t-on du Manifeste DS à la DS 4 ?
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Drôle d’auto que ce Manifeste DS compilant un museau de DS E-Tense, des flancs de DS 3 Crossback et une poupe façon Divine DS. Elle a servi de base de travail pour la création de la DS 4 de seconde génération.
GREG
En marge des essais internationaux de la nouvelle DS 4 à Chantilly (Oise), la marque premium du groupe Stellantis expose une étude de style baptisée Manifeste DS.
En marge des essais internationaux de la DS 4, la marque premium du groupe Stellantis dévoile la genèse de l’auto par le biais du prototype Manifeste DS (à gauche), d’une maquette en clay (au centre) et du véhicule de série en version E-Tense (à droite).
Tenue secrète jusqu’alors, cette maquette de style ne date pourtant pas d’hier. Frédéric Soubirou, le responsable du design extérieur de la marque DS, nous raconte l’histoire de ce prototype qui en dit long sur la genèse de la DS 4 de série.
Exclusif : Thomas Duhamel, le designer du Manifeste DS, nous a scanné des croquis inédits.
Notez les modelés très en rondeurs de la poupe du Manifeste DS. La DS 4 de série sera plus anguleuse.
DS 4 (2015-2021) : une longue gestation
Le hayon dit autoclave du Manifeste DS évoque celui du SUV DS 7 Crossback. Notez les prémices sur le montant de custode du motif en cerf-volant qui caractérisera celui de la DS 4 de série.
Alors qu’un véhicule de série est conçu sur une période d’environ quatre ans, la gestation de la DS 4 de seconde génération, code interne D41, aura nécessité six ans. Le prototype Manifeste DS que vous avez sous les yeux date précisément de cette époque, en 2015, année au cours de laquelle, dans le groupe PSA, les dirigeants ont souhaité une évolution en profondeur de la plate-forme technique EMP2. Un châssis revu de fond en comble avec plus de 70 % de pièces inédites. Dans cette logique industrielle qui servira le programme DPE (acronyme interne de DS, Peugeot et Citroën, qui est étonnamment désigné par un E), c’est DS qui ouvre le bal. Ses designers sont chargés d’habiller les nouvelles proportions de cette plate-forme novatrice traçant la voie de l’hybridation aux modèles compacts des trois marques françaises.
À l’arrière-plan, petit clin d’œil à la Citroën DS de 1955 par la mise en scène du clignotant au niveau du pavillon. Un positionnement qui malheureusement n’est aujourd’hui plus conforme à la législation. C’est finalement la DS 9 qui a su en tirer profit.
Notez le singulier dessin du toit en Y. La partie centrale est habillée par un vinyle au motif de la marque DS. C’est une référence aux véhicules des années 1970 et l’occasion pour DS de déposer des brevets via son département couleurs et matières.
Frédéric Soubirou nous indique qu’après avoir mené les études sociétales préliminaires, il fallait que le style illustre un véhicule propre et performant. Et, tout en revisitant le concept de la berline compact à hayon, quelques codes des SUV devaient apparaître avec parcimonie. C’est pourquoi le Manifeste DS repose d’emblée sur de grandes roues de 720 mm, et son style est charismatique. Dans les faits, l’auto réduit aussi son « maître couple », ce qui se traduit par une silhouette affinée et élégante.
“Le concept-car Manifeste DS lorgne un peu du côté des SUV, avec ses grandes roues de 720 mm de diamètre.“
Sa posture relevée met en avant une hauteur de cabine raisonnable. Frédéric Soubirou nous indique ne pas avoir voulu coller l’auto au bitume, mais la détacher un peu du sol, comme l’étaient les sportives des années 1960 et 1970. Le responsable du style extérieur de DS ne cache pas s’être inspiré, sur ce point précis, de la garde au sol des Jaguar Type E et Alfa Romeo Coupé Bertone, qui évoluaient avec majesté à une certaine altitude. Ce Manifeste DS devait également fédérer les autres marques du groupe autour de la plate-forme qu’elles s’approprieront par la suite.
Opel Astra
En effet, avec le recul, on observe son influence notamment au niveau de l’allongement du capot sur les récentes Peugeot 308 et Opel Astra.
Un nez façon E-tense Concept ?
Le thème du museau du Manifeste DS de 2015 a inspiré celui du concept-car de sportive électrique DS E-Tense de 2016.
Lorsqu’on regarde le dessin du museau du Manifeste DS, il nous vient immédiatement à l’esprit celui du concept-car DS E-Tense, présenté en mars 2016 au Salon de Genève. C’est en fait le coupé haute performance 100 % électrique qui a chipé, en l’adaptant un peu, le thème esthétique de la proue du Manifeste DS. Le traitement des flancs évoque quant à lui la DS 3 Crossback, dont le développement a été mené en parallèledans le studio de la marque, situé à l’ADN à Vélizy (Yvelines).
DS E-Tense Concept (2016)
Divine DS Concept (2014)
On peut également voir au niveau de partie arrière une filiation certaine avec le concept-car Divine DS, révélé l’année d’avant lors de l’édition 2014 du Mondial de l’automobile de Paris. Esquissée sur la Divine DS, l’épine dorsale est amplifiée sur le Manifeste DS, où elle fait presque figure de « nageoire dorsale ».
À VOIR. Vidéo DS Divine : “rouler dans Paris avec un concept-car est un rêve”
Un dos de Bugatti Atlantique ?
C’est la Bugatti Atlantique qui a inspiré les équipes de Frédéric Soubirou, et au premier chef Thomas Duhamel, l’auteur des lignes du Manifeste DS. Une bien belle référence à l’automobile de luxe à la française d’avant-guerre mais qu’il n’a pas été possible de conserver sur le modèle de série. Frédéric Soubirou précise qu’il a fallu renoncer à cet ornement parce qu’il occasionnait une mauvaise rétrovision et qu’il aurait fallu, lors du passage en série, épaissir ce montant pour satisfaire la rigidité torsionnelle de la coque. Mais rien n’est perdu, nous confie le responsable style DS, « cela arrivera dans la gamme lorsque nous passerons à la rétrovision digitale ». Autre filiation visible avec le Manifeste DS, l’étude de style DS Code X, réalisée un an après. Vous l’aurez compris, ce Manifeste DS synthétise le reflet d’une époque du style DS avec des influences comme des applications multiples.
Comment passe-t-on du Manifeste DS à la DS 4 ?
Sur le carnet de croquis de Thomas Duhamel, le designer du Manifeste DS, on peut voir que des pistes plus typées SUV ont été explorées.
Dans la foulée du Manifeste DS, les ingénieurs et les designers ont lancé l’avance de phase du programme D41, autrement dit la DS 4 de seconde génération. Pas à pas, la voiture de série s’est progressivement éloignée du Manifeste. Il y a d’abord eu des choix techniques, comme l’emploi de portières classiques avec un cadre qui a pour effet de hausser le pavillon de 3 cm. Le Manifeste DS arborait quant à lui des portes sans cadre, plus élégantes et lui conférant l’allure d’un coupé. A contrario, elles n’offraient pas les prestations souhaitées en matière d’insonorisation. Pour un confort acoustique optimal, des ouvrants standard ont été retenus avec une triple étanchéité. Par ailleurs, à l’issue des tests opérés en soufflerie, le sillage aérodynamique de la maquette Manifeste DS n’était pas très propre, nous précise Frédéric Soubirou. Il fallait donc revoir la copie et peaufiner le Cx de l’auto. Ce dernier a été abaissé à 0,30.
DS 4 Performance Line
DS 4 Performance Line
C’est pourquoi la DS 4 de série présente des coins nettement plus marqués, mais pas dans le but de suivre une tendance stylistique en vogue, indique Frédéric Soubirou. Ces formes ont été dictées par un souci de performance. C’est à ce moment également que sont apparues les lignes de care très travaillées et le dessin complexe de la custode.
La mise en œuvre de la custode de la DS 4 de série n’a pas été une mince affaire.
De l’aveu du responsable du style, cela a conduit à des discussions passionnées avec les emboutisseurs confrontés à la résistance et à la souplesse de la tôle, qui n’est pas infinie. D’autant qu’à cet endroit les designers souhaitaient capter le maximum de lumière zénithale pour abaisser visuellement les lignes de l’auto. Un arbitrage pas simple à faire.
Thomas Duhamel, le designer du concept DS Aero Sport Lounge.
Profitons aussi de cet article pour rétablir une vérité. La robe de la DS 4 de série n’a pas été influencée par celle du concept-car DS Aero Sport Lounge, ce dernier ayant été dessiné après, mais par le même designer : Thomas Duhamel. Maintenant que vous avez toutes les pièces du puzzle, il est plus simple de comprendre comment est née la DS 4, mais aussi pourquoi vous ne verrez jamais ce Manifeste DS dans la rue.
